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Rwanda: BNP Paribas visée par une plainte pour "complicité de génocide"


Actualité publiée le 29/06/17 12:50

L'association anticorruption Sherpa, le Collectif des parties civiles pour le Rwanda (CPCR) et Ibuka France déposent une plainte avec constitution de partie civile visant BNP Paribas pour "complicité de génocide, de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité" (AFP/Archives/Philippe HUGUEN)

La BNP a-t-elle participé au financement d'armes pendant le génocide au Rwanda en 1994 ? C'est la lourde accusation de trois associations, qui déposent jeudi à Paris une plainte inédite contre la banque française, pour "complicité de crimes contre l'humanité".

Vingt-trois ans après les massacres, alors que l'attitude des autorités françaises fait toujours l'objet de vives controverses et d'âpres batailles judiciaires, c'est pour la première fois une banque française qui se retrouve au coeur des soupçons de complicité.

L'association anticorruption Sherpa, le Collectif des parties civiles pour le Rwanda (CPCR) et Ibuka France accusent le groupe bancaire d'avoir autorisé des transferts de fonds de la Banque nationale du Rwanda (BNR) destinés à un courtier en armement sud-africain en juin 2014, pendant le génocide et alors que l'ONU avait décrété un embargo sur les armes depuis un mois.

A partir d'avril 1994, quelque 800.000 personnes, en immense majorité des Tutsi, avaient été massacrées en une centaine de jours, dans des tueries déclenchées après la mort du président hutu Juvénal Habyarimana dans un attentat contre son avion.

"Nous apprenons par voie médiatique le dépôt d'une plainte", a déclaré un porte-parole de BNP Paribas joint par l'AFP. "A l'heure actuelle, nous ne disposons pas des éléments suffisants pour être en mesure de la commenter".


Des associations affirment que la BNP a autorisé en 1994 des transferts de fonds vers le compte en suisse d'un propriétaire sud-africain d'une société en courtage d'armes (AFP/Archives/ERIC PIERMONT)

Les associations affirment que la BNP a autorisé, les 14 et 16 juin 1994, des transferts de fonds pour plus de 1,3 million de dollars (1,14 million d'euros) du compte que la BNR détenait chez elle vers le compte en suisse de Willem Tertius Ehlers, propriétaire sud-africain d'une société en courtage d'armes.

- 80 tonnes d'armes -

Le lendemain, M. Ehlers et le colonel Théoneste Bagosora, un militaire hutu considéré comme le théoricien du génocide des Tutsi, et depuis condamné par le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR), auraient conclu aux Seychelles une vente de 80 tonnes d'armes, qui auraient ensuite été acheminées à Gisenyi au Rwanda, via l'aéroport zaïrois de Goma, selon les associations.

"Selon les nombreux témoignages et rapports d'enquête joints à la plainte, la BNP aurait eu nécessairement (...) conscience que ce transfert pouvait contribuer au génocide en cours", affirment les plaignants dans leur communiqué.

A l'appui de leur procédure, ils invoquent le témoignage d'un cadre de la Banque Bruxelles Lambert (BBL) dont l'établissement aurait, lui, rejeté la demande de la banque rwandaise, se refusant à violer l'embargo.

Cette plainte avec constitution de partie civile pour "complicité de génocide, de crimes contre l'humanité et de crimes de guerre" est destinée à être instruite au pôle génocide et crimes de guerre du tribunal de grande instance de Paris, où se trouvent déjà 25 dossiers liés au génocide au Rwanda.

"C’est la première fois qu'une plainte" est déposée pour de telles qualifications contre une banque en France, d'après les plaignants.

En parallèle, ceux qui accusent les autorités françaises d'avoir abandonné aux massacres de nombreux civils tutsi tentent une nouvelle procédure.

Mercredi, l'association Survie, dont une précédente plainte a été classé sans suite à l'automne, en a déposé une autre avec constitution de partie civile, visant ces mêmes chefs de "complicité". Révélée par Le Parisien et Radio France, elle cible à nouveau les responsabilités des autorités et des militaires français, accusés d'avoir livrer des armes au gouvernement génocidaire rwandais.

Des accusations anciennes, également relayées dans un article du dernier numéro de la revue XXI qui affirme que l'Elysée a ordonné aux militaires français de la force Turquoise de réarmer les génocidaires.

Le général Jean-Claude Lafourcade, commandant de cette force déployée le 22 juin 1994 au Rwanda sous mandat de l'ONU, a vigoureusement démenti ces accusations. Placé sous le statut de témoin assisté dans l'enquête à Paris sur ce dossier, le général a dénoncé "avec la plus grande fermeté ce type de sortie médiatique, aussi invraisemblable qu'irresponsable".

© 2017 AFP

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