OK
Accueil > Marchés > Cotation Alstom > Actus Alstom

Siemens tacle les "technocrates" qui menacent son mariage avec Alstom


Actualité publiée le 30/01/19 17:33

Le patron de Siemens, Joe Kaeser, a lancé mercredi une offensive aussi virulente que politique contre la Commission européenne, qualifiant ses membres de "technocrates rétrogrades" (AFP/Christof STACHE)

Le patron de Siemens a lancé mercredi une offensive aussi virulente que politique contre la Commission européenne, qui menace de veto le projet de fusion dans le ferroviaire avec Alstom, qualifiant les décideurs européens de "technocrates rétrogrades".

L'exécutif européen s'apprête à interdire cette union le 6 février, ont indiqué à l'AFP deux sources proches du dossier.

"Sauf si les deux groupes retirent leur projet avant, la Commission va interdire la fusion mercredi", a dit l'une d'entre elles.

"Il y aura sans doute deux interdictions de fusion de la part de la Commission le 6 février", a déclaré une autre source. La seconde concerne un rapprochement de fabricants allemands dans le cuivre (Wieland, Aurubis Rolled Products et Schwermetall), qui ne suscite guère d'intérêt médiatique.

Un porte-parole de la Commission s'est refusé à tout commentaire.

Rarement un projet de mariage entre entreprises n'avait à ce point tourné à l'aigre en public.

"Il va être intéressant de voir si l'avenir de la mobilité (ferroviaire) va être déterminé par des technocrates rétrogrades ou des Européens tournés vers l'avenir", a lancé Joe Kaeser.


Joe Kaeser, PDG du géant allemand Siemens, à Munich le 30 janvier 2019 (AFP/Christof STACHE)

Dans le viseur du patron allemand, la Commissaire européenne à la Concurrence, Margrethe Vestager, qui a exprimé à maintes reprises ses doutes sur la fusion, annoncée en grande pompe en septembre 2017.

Le patron de Siemens, habitué à prendre des positions tranchées dans un milieu d'affaires allemand traditionnellement rétif à se mêler de politique, agite, à quatre mois des élections européennes, les frustrations populaires face à "l'incapacité de l'Union à devenir une véritable puissance".

- Règles obsolètes ? -

De son côté, Mme Vestager est chargée de veiller à ce que cette union n'écrase pas les plus petits groupes ou ne fasse monter les prix au sein du marché commun.

La Commission s'inquiète de la position dominante que le nouvel ensemble aurait dans la signalisation ferroviaire et les trains à grande vitesse.

"Le droit de la concurrence européen a pris effet il y 30 ans dans un contexte complètement différent", a rétorqué M. Kaeser, jugeant "naïf de croire que les Etats peuvent individuellement faire face à la concurrence chinoise".

L'argument de règles obsolètes et rigides face à la déferlante chinoise dans l'industrie est aussi brandi par le gouvernement français.

"On ne peut pas prendre de décisions industrielles au XXIe siècle sur la base de règles de la concurrence qui ont été définies au XXe siècle", avait déclaré le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, avant une rencontre à Paris avec la commissaire Vestager.

Le patron d'Alstom, Henri Poupart-Lafarge, a, lui aussi, émis publiquement des doutes, plus mesurés, sur les chances de réussite de la fusion, assurant qu'il n'avait "pas de certitude" sur la décision de la Commission.

- Ni amers, ni énervés -

Alstom et Siemens ont rendu publics les désinvestissements proposés à la Commission européenne, qui correspondent à 4% du chiffre d'affaires de l'entité combinée. Ils ont offert vendredi de nouvelles cessions, après avoir pourtant répété qu'ils ne pouvaient pas faire plus.


Alston et Siemens ont offert vendredi de nouvelles cessions pour obtenir l'aval de la Commission européenne (AFP/Archives/SEBASTIEN BOZON, CHRISTOF STACHE)

Dans cette partie de poker menteur, Siemens laisse entendre qu'en cas de veto de la Commission européenne, il n'exclut pas une introduction en Bourse de sa rentable branche Mobility.

L'historique "konzern" (conglomérat) allemand, qui fabrique aussi bien des turbines, des trains, des éoliennes que des logiciels, cherche à gagner en souplesse et en lisibilité face à ses actionnaires. Il a ainsi déjà placé sur le marché ses branches énergies renouvelables (Siemens Gmaesa) et d'imagerie médicale (Siemens Healtineers).

"Nous ne sommes ni amers ni énervés, si cela marche tant mieux pour Siemens-Alstom, pour nos clients, et si cela ne marche pas, nous avons d'autres options", a assuré le dirigeant de Siemens.

Siemens Mobility, en bonne forme, a en effet signé pour 4,55 milliards d'euros de commandes au premier trimestre de son exercice décalé, en hausse de 40% sur un an, notamment pour équiper le métro de Londres. Alstom a enregistré de son côté 3,39 milliards d'euros de prises de commandes sur la même période.

© 2019 AFP

Vous avez aimé cet article ? Partagez-le avec vos amis avec les boutons ci-dessous.

Twitter Facebook Linkedin email

4 commentaires sur cet article. Participez à la discussion.

Ver5gétorix
30/01/19 18:57
Et encore je trouve trés polis les industriels qui parlent seulement de la concurrence chinoise. C'est à croire que les membres de la commission européenne, et en particulier les commissaires, ont beaucoup de peine à voir les questions industrielles, économiques dans leur globalité. Seraient-ils restés sur des préjugés antérieurs à la mondialisation/globalisation? Ignoreraient-ils que dans Bruxelles et d'autres capitales européennes grouillent des lobbyistes bien étrangers à l'UE? Croient-ils que parce-qu'on obligera nos groupes les plus avancés à ne surtout pas faire d'ombre à des entreprises beaucoup plus petites, cela suffira pour dissuader des géants industriels hors UE de s'emparer du marché, des clients, de la population et même de croquer à leur façon les commissaires? Savent-ils quels avions de chasse la Belgique vient d'acquérir? Savent-ils quelle est la nouvelle carrière dorée de notre précédent Président de la Commission Européenne?

Message complété le 30/01/2019 19:01:09 par son auteur.

Est-ce encore une commission ou est-ce un établissement pour préparer à une retraite prospère ou dorée selon les goûts.

CRI74
30/01/19 19:12

Cette fusion demeure un leurre alors que le phénomène de taille qui en est issu ne réglerait pas le moins du monde la problématique de concurrence vis à vis du principal fabriquant chinois , encore deux fois plus volumineux malgré ce regroupement contre nature .

On ferait une part bien trop belle à Siemens (d'où sa vive réaction , tu m'étonnes ! ) qui consisterait à avaler tout crû un concurrent qui lui fait trop d'ombre depuis longtemps puis à totalement le dévitaliser ensuite , une fois les brevets et technologies de pointe captés .

Quel coup tordu , une fois de plus contre l'industrie française , d'autant plus aisé que la sainte aigreur du président vis à vis du monde ferroviaire envoie directement Alstom au casse pipe . Pire encore en vendant une des pépites les plus rentables , la signalisation .

Malheureusement , pour des bassesses financières les plus minables , tout le monde suit bêtement une position suicidaire .

Finalement , l'Europe va rendre un immense service à l'industrie française en maintenant en vie l'un de ses fleurons , même amaigri suite à défaillances répétées de gestion de ses dirigeants passés

moicmoi
30/01/19 19:30

Et encore une fois,je me pose la question : pour qui roule l’ E.U. ?
Elle s’imniscie dans les affaires privées, (entreprises), elle met des mois pour signifier son véto pendant que les autres décident de leur stratégie en 2 ou 3 jours , ...et tout ceci, en laissant les autres édifier des structures énormissimes qui finiront par nous bouffer à très court terme.
Ce qui obligera dans un premier temps a avoir recours à la main d’oeuvre à très bas coût , issue de l’immigration massive, pour préserver quelque temps, un semblant de compétitivité.
Il est notoire que les bruxellocrates sont à la solde des lobbyes en tous genre, mais est-ce à la faveur des entreprises Européennes ? Rien n’est moins sûr !
Perso, j’ en doute fortement. Les bruxellocrates ne sont que tout juste capables de légiférer sur le rayon de courbure des bananes.

CRI74
30/01/19 20:55

Quand on ne connait pas un sujet , la moindre des choses serait de s'abstenir plutôt qu'avancer de l'argumentaire de seconde zone , politiciens en plus .

Demandez dont à Stadler si les chinois leur font peur alors qu'ils sont liliputiens mais vendent sur le globe

Pour poster un commentaire, merci de vous identifier.

rdc3aEv9-B7NsJiQ0j79xmnDdBST4OvscLsZ29nP-U0Efr54Ka6PiZZLhW5peAD8
logiciel chart 365 Suivez les marchés avec des outils de pros !

Chart365 par ABC Bourse, est une application pour suivre les marchés et vos valeurs favorites dans un environnement pensé pour vous.