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Une longue grève suivie d'une crise sanitaire sans précédent: la SNCF accuse un manque à gagner de trois milliards d'euros en quelques mois et appelle samedi l'Etat à la rescousse, sans exclure des suppressions de postes.
Confinement oblige, la SNCF doit se contenter d'un service minimum et n'engrange quasiment plus de recettes. Résultat: un manque à gagner de 2 milliards d'euros lié à la crise sanitaire, a indiqué samedi sur France Inter son PDG Jean-Pierre Farandou.
Et ce moins de trois mois après la grève contre la réforme des retraites qui avait déjà amputé son chiffre d'affaires de près d'un milliard d'euros en décembre-janvier.
"Ce sont des chocs importants d'une ampleur qu'on n'avait jamais connue", a souligné le patron du groupe public qui avait enregistré 35,1 milliards d'euros de chiffre d'affaires en 2019.
Craignant que la situation financière de la SNCF - qui était dans le rouge en 2019 et cumulait une dette de quelque 35 milliards d'euros début 2020 - ne s'aggrave davantage, M. Farandou en a appelé à l'Etat actionnaire, à mots à peine voilés: "La notion d'un plan d'aides à la SNCF ne me paraît pas déraisonnable", a-t-il estimé, rappelant qu'Air France et Renault en ont bénéficié.
D'autant que la SNCF a été un bon élève en matière de solidarité, a fait valoir M. Farandou, avec ses TGV médicalisés (à ses frais), ses transports de fret pour acheminer produits pharmaceutiques et céréales. "Je pense que la SNCF a démontré le caractère essentiel de ses services pendant cette crise pour les voyageurs", a-t-il déclaré.
- L'emploi, "pas un sujet tabou" -
Face à la crise, "nous allons réduire les investissements (...), serrer les coûts de fonctionnement, jouer sur le fonds de roulement, sur la titrisation de certaines créances", a détaillé M. Farandou.
Et la question de l'emploi "n'est pas un sujet tabou", a-t-il prévenu, évoquant ainsi pour la première fois depuis le début de la crise sanitaire de possibles suppressions de postes.
"Si la reprise est lente et si nous produisons moins de trains que par le passé, il ne sera pas anormal ou illogique d'ajuster le niveau d'emploi au volume d'activité", a-t-il affirmé, précisant que le sujet serait examiné "le moment venu en toute transparence avec les organisations syndicales".
Mais "il est encore trop tôt pour calibrer exactement les chiffres".
Les éventuelles suppressions de postes se traduiraient "essentiellement sur le niveau d'embauches", a précisé à l'AFP un porte-parole de la compagnie.
Tout en restant vague jusqu'à présent, le gouvernement semblait disposé à soutenir le groupe.
"Il y a (...) un besoin de rephaser la trajectoire financière du groupe public", avait déclaré le secrétaire d'État aux Transports Jean-Baptiste Djebbari le 23 avril.
"On va regarder comment on peut assurer que la SNCF garde bien ses moyens d'investissement", avait auparavant rassuré la ministre de la Transition écologique Elisabeth Borne.
Le déconfinement, fixé au 11 mai, est un soulagement modeste pour la SNCF, qui va devoir réduire drastiquement ses capacités pour faire respecter les mesures de distanciation.
L'entreprise va s'attacher à faire "rouler le maximum de trains" de la vie quotidienne (TER, Transiliens), a indiqué M. Farandou: 50 à 60% dès le 11 mai, "75% à la fin du mois de mai et on espère être à 100% tout début juin".
En revanche, dans la lignée des consignes gouvernementales limitant les déplacements à plus de 100 km de son domicile, "peu de TGV" circuleront, avec une place sur deux d'occupée, "pour assurer la reprise de la mobilité professionnelle entre la province et Paris" et faire en sorte que des Français puissent aller "aider leurs parents à l'autre bout de la France".
Le PDG de la SNCF a réitéré son appel à prolonger au maximum le télétravail, étaler les heures d'arrivées dans les entreprises pour éviter la saturation. Il a aussi demandé l'aide des pouvoirs publics pour "contrôler l'accès aux gares".
© 2020 AFP
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