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En Europe, les conditions d’un marché bullish sont réunies

Par Fabrice Cousté;

fabrice couste

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Les investisseurs boursiers ont de bonnes raisons d’être optimistes pour les mois à venir, tout particulièrement concernant l’univers des actions européennes. Loin d’être épuisé au sortir d’une année 2013 très fructueuse, le potentiel de revalorisation des actifs de la zone euro tient à la conjonction de plusieurs facteurs.

Osons une anticipation à l’horizon d’un an : l’indice CAC 40 efface définitivement la crise de 2008 en atteignant les 5 000 points. Un scénario qui n’a rien de fantasque. Les niveaux de valorisation records atteints à Wall Street incitent actuellement les investisseurs à réallouer leur portefeuille en actions européennes. Ce mouvement de repondération, nourri par le transfert des liquidités diffusées par la FED, outre-Atlantique, se justifie par un net écart de valorisation entre marchés américains et européens : les actions U.S. s’échangent aujourd’hui près de 22 fois leurs résultats 2013, contre seulement 15 fois pour les actions européennes. De quoi soutenir encore le thème gagnant des derniers trimestres en Europe, celui des valeurs de « recovery » (rattrapage boursier des financières, automobiles ou utilities).

Et si les résultats d’une bonne partie des entreprises européennes ont quelque peu déçu au troisième trimestre, le dernier exercice de l’année devrait permettre de redresser la barre et d’afficher des performances en ligne avec les estimations annoncées pour l’ensemble de 2013. A fortiori si l’effet change joue en faveur d’une baisse de l’euro, pilotée par le regain d’assouplissement monétaire qu’a récemment impulsé la Banque Centrale Européenne, via une nouvelle baisse de son principal taux directeur. Pour l’année 2014, le taux de croissance des entreprises est anticipé plus fort en Europe qu’aux États-Unis.

Sur le plan macroéconomique aussi, l’optimisme est de mise. La décrue sensible des risques de crise systémique européenne a été une condition essentielle au retour en grâce des actions du Vieux Continent. La consolidation de l’unité de la zone euro, en tant qu’ensemble monétaire, a été garantie par le volontarisme de la Banque Centrale Européenne depuis le fameux discours de son Président Mario Draghi, le 26 juillet 2012.

Jusqu’ici, la seule intention de « faire tout ce qui est nécessaire pour préserver l’euro » a suffi à éloigner tout scénario apocalyptique d’implosion de la monnaie unique et de faillite souveraine. Les coûts de refinancement des pays périphériques se sont considérablement affaissés en quelques trimestres, en atteste l’évolution du niveau des emprunts à dix ans, de l’Espagne ou de la Grèce depuis le début de l’année (-100 pdb pour le taux espagnol, -300 pdb pour le taux grec).

Évidemment, la convalescence de la zone euro est encore longue. Le retour de la croissance, après une longue récession, est encore bien timide. Qui plus est, si l’union monétaire paraît désormais hors de danger, de nombreux efforts de convergence budgétaire et fiscale sont encore demandés aux dirigeants politiques européens pour recouvrer une compétitivité économique d’ensemble.

De ce point de vue, les dissensions sont encore tenaces et la classe politique allemande pourrait par exemple faire valoir à nouveau sa conception très « orthodoxe » de l’économie européenne. Avec pour enjeu de défendre la compétitivité germanique, alors qu’aujourd’hui celle-ci fait débat à Bruxelles, les excédents commerciaux allemands jugés trop élevés étant pointés du doigt pour le déséquilibre économique qu’ils provoquent à l’échelle européenne.

La Cour Constitutionnelle allemande pourrait remettre en cause la légitimité même du programme OMT (Outright Monetary Transactions, opérations monétaires sur titres), mis en œuvre par la BCE. L’Allemagne pourrait aussi imposer le point de vue de son ministre des Finances Wolfgang Schäuble, concernant la supervision bancaire européenne. Celui-ci est partisan d’une supervision limitée aux 130 plus grandes banques, prérogative confiée à un réseau d’autorités nationales, sans fonds de secours, là où la BCE souhaite un mécanisme de résolution bancaire bien plus large et confié à une seule autorité de tutelle, indépendante. La chemin est encore long, mais la zone euro est sur la bonne voie !

Fabrice Cousté, DG de CMC Markets France


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