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L'analyse technique, toujours efficace ?

Par Traders mag

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Un peu d’histoire

L’analyse technique serait née, selon les hypothèses les plus récentes, autour de 3.000 ans av. JC en Mésopotamie. Les auteurs de la recherche, Andrew Lo et Jasmina Hasanhodzic, chercheurs au MIT, lient en effet sa naissance aux premières compilations par les commerçants antiques des prix des denrées, qu’ils gravaient sur des tablettes d’argile ; ainsi l’étude de l’évolution de ces prix aurait donné le premier « principe » du chartisme, celui de l’existence et du suivi des tendances.
 
Ensuite par la transformation des prix, points d’équilibre de l’offre et de la demande, en graphiques linéaires qui avaient été utilisés en Europe depuis le 13ème siècle, puis par leur représentation originale au 17ème siècle, au Japon, par des chandeliers. Les premières théories d’ensemble ne firent leur apparition qu’au début du 20ème siècle aux Etats-Unis avec Charles Dow, éditeur, inventeur des indices éponymes et fondateur présumé du « chartisme » et un peu plus tard, avec Nelson Elliott, comptable, avec sa célèbre théorie des « vagues ».
 
Nous assisterons au cours du 20ème siècle à la création de nombreux oscillateurs et d’indicateurs -dérivés mathématiques des prix- dans le but inavoué mais évident de rendre le chartisme un peu plus scientifique. Le développement rapide des ordinateurs et l’introduction de l’internet dans les années 90 auront permis à des millions d’utilisateurs de jouir de progiciels d’analyse technique et de trading de plus en plus performants. Toutes ces évolutions auront donné à cette discipline, longuement dénigrée, un rayonnement universel.


Les inventeurs contemporains, dont le génial Tom DeMark avec ses indicateurs de Market Timing, depuis la fin des années 70, moins prétentieux que leurs prédécesseurs, auront fourni une nouvelle direction à la discipline, celle d’accompagner les mouvements des cours et d’en profiter pour gagner, et de moins se préoccuper de « prédire » l’avenir des cours, tel que se définissait l’analyste technique au début du 20ème siècle.
 
Enfin, l’exploitation des indicateurs techniques, depuis la fin des années 80, pour modéliser les signaux qu’ils génèrent en logarithmes afin d’automatiser les passations d’ordres et pour développer de manière insensée le trading à haute fréquence (High Frequency Trading), très décrié de nos jours.
 
Les multiples succès de cette discipline, qui est passé du stade de « quasi-astrologie » au stade plus respectable d’aujourd’hui, se poursuivent à grands pas. Pour ce faire, je soulignerais le succès fulgurant de l’américain Tom DeMark auprès des gérants alternatifs célèbres, entre autres George Soros, Paul Tudor Jones et Steven Cohen, et de l’adoption de ses indicateurs par Bloomberg. Pour notre fierté nationale, je parlerais de la réussite admirable d’un modeste bureau d’analyse technique parisien de 10 employés, DayByDay, qui s’est singularisé en se classant, devant toute la recherche dite « fondamentale », numéro 1 des bureaux de recherche européens au 3ème trimestre 2011 et numéro 1 pour la cinquième fois depuis 2009. La victoire du petit David contre les gros Goliath !
 
Alors pourquoi donc cette question ?

Malgré la très longue histoire de la discipline et la somme de tous ses succès, il est tout à fait légitime de nous la poser au regard des changements notoires de l’environnement financier mondial depuis la fin des années 90. Changements qui auraient entrainé des volatilités inhabituelles, souvent multipliées par quatre, sans parler de la crise financière séculaire qui a débuté avec la crise immobilière américaine en 2007 et qui se perpétue avec la crise européenne en 2010 et qui est loin d’être terminée ! Parallèlement, nous aurons assisté au développement exponentiel du « trading à haute fréquence » qui avoisinerait aujourd’hui les 50% des transactions. Ajoutez à tout cela les chiffres démentiels des produits dérivés qui sont estimés pour 2011 à quelques $1.400 trillions, soit 20 fois la taille de l’économie mondiale !
 
Dans cet environnement adverse, l’analyse technique est-elle moins efficace ? Les patterns géométriques et les indicateurs techniques sont-ils moins pertinents ? Surtout que les traders professionnels auraient été insuffisamment formés et qu’ils utiliseraient de manière erronée les instruments graphiques... Ainsi, pour prendre un petit exemple, l’on aura constaté que les ratios Fibonacci, basés sur le nombre d’or, étaient souvent plus « efficaces » que les résistances et les supports physiques ! Phénomène d’auto réalisation ? De plus, l’éclatement des volumes avec les milliers de sites de trading rendent-ils certains indicateurs obsolètes.
 
Prenons deux exemples qui illustrent les nombreux faux signaux constatés sur tous les actifs :

Faux signaux du MACD sur l’action Société Générale – Graphique journalier

Faux signaux du MACD sur l’action Total – Graphique journalier

Ces deux exemples, parmi des milliers, donnent une première réponse plutôt positive, à savoir que l’analyse technique et surtout le trading technique auront été bluffés par les nombreux faux signaux ! Pour les traders intraday, les écueils sont infiniment plus nombreux.
 
Que faut-il donc faire ?

Quelques réponses possibles. Les analystes ainsi que les nombreux opérateurs sont condamnés à modifier leurs approches et leurs comportements afin de ne plus se faire avoir par une volatilité croissante et des mouvements très impulsifs, souvent erratiques, des prix. Je vais tenter de donner trois solutions simples pour affronter les marchés de plus en plus agressifs :
 
Il nous faudra réapprendre à utiliser les signaux des indicateurs. Par exemple, le RSI de Wilder pourrait être légèrement « dévoyé » de son rôle principal de mesure de surchauffe pour servir plutôt d’un système de trading efficace, en toutes circonstances, en n’utilisant que les passages de l’axe des 50%, sans oublier l’exploitation de ses divergences haussières et baissières.

EUR/USD - RSI 5 jours borné à 60 et 40% - Graphique journalier

Voici un exemple d’un RSI 5 jours avec des filtres de +/- 10 points de pourcentage autour des 50%. Le système préconise un achat (ou un Stop & Reverse, deux flèches) lors du franchissement des 60% et inversement une vente (ou un Stop & Reverse, deux flèches) lors de la violation des 40%. Le tout dûment confirmé par les croisements des moyennes mobiles (MME) 5, 8 et 21 jours.

De plus, il n’est pas besoin de placer des stop-loss, le système vous faisant sortir des deals lors des passages respectifs des 60 et 40%. Vous noterez que la première divergence haussière de septembre 2011 avait, quant à elle, bien annoncé le retournement haussier. 

BNP - Momentum 10 jours et +/- 2 unités - Graphique journalier

Cette optimisation du RSI, qui ne trahit nullement son inventeur, est en fait reproductible sur tous les autres oscillateurs et indicateurs, par exemple ci-dessus sur un indicateur basique, le Momentum 10 jours que j’ai filtré à +/- 2 unités autour de zéro. A l’instar du RSI 5, un achat (ou un Stop & Reverse) est déclenché lors de la traversée de +2 et inversement la vente (ou un Stop & Reverse) par la violation de -2.

« The RSI is Wrong » qui permet de profiter des défauts de l’oscillateur ! Surtout utilisé en tendance, ce système de trading ultra simple préconise d’acheter la cassure haussière et de revendre la rupture baissière des 70% et inversement de vendre et de racheter celles des 30% pour un RSI 14 périodes.

Pour éviter de se ruiner, ce qui est le cas de beaucoup de traders débutants, il faudra adopter un Money Management rigoureux. Par exemple, celui des gérants Richard Dennis et de Bill Eckhardt, le « Turtle Trading System », qu’ils avaient créé en 1983 et qui est toujours d’actualité.

Ce système ingénieux tient compte de l’Average True Range (ATR) et enseigne l’ajustement de la taille de l’opération (resizing) pour s’adapter à la volatilité des actifs traités. Les achats et les ventes sont initiés par les breakouts (ruptures) des plus hauts et des plus bas des 20 (ou des 55) dernières périodes avec des stop-loss placés au-dessus et en-dessous des plus hauts et des plus bas des 10 dernières périodes.

Conclusion

Alors que l’analyste technique « stratégique » ne peut pas se tromper, puisqu’il jouit du luxe de pouvoir invalider ses hypothèses, ce n’est certainement pas le cas du trader puisque ses erreurs de tactique se traduisent par des pertes sèches ! Pour ce dernier, la maîtrise de l’analyse technique serait donc une période d’apprentissage nécessaire, néanmoins transitoire, qui ouvrirait la voie vers une maîtrise d’un trading plus efficace, associé à une rigoureuse gestion des risques, qui lui permettraient de se rapprocher du biais psychologique neutre et de s’adapter à toutes les situations du marché. « Survival of the Fittest » de Darwin.
 
Alors qu’à première vue, l’analyse technique nous semblait moins efficace au regard des nouveaux paramètres hautement parasites, tel la volatilité importante et le trading automatisé massif, l’analyste et surtout le trader technique, trouveront, à mon sens, toujours les astuces nécessaires pour s’y adapter et pour survivre dans les marchés, principalement en apprenant à réutiliser et à optimiser les indicateurs et oscillateurs mathématiques et surtout en réduisant la prise de risque lors des périodes de haute volatilité.
 
Enfin, l’accompagnement technique ainsi que la préparation psychologique sont-elles des nécessités vitales avant d’affronter un trading actif, tant pour les investisseurs individuels que pour traders professionnels.

Robert Haddad
CFAT, Centre de Formation d'Analyse Technique et de Trading


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