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Les légendes de Wall Street et leurs stratégies

Par Traders mag;

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Une des personnalités les plus intéressantes à Wall Street dans les années 50 est indiscutablement Nicolas Darvas. Il voyagea à travers le monde en tant que danseur professionnel avec sa demi-sœur. Il fit fortune durant sa carrière et amassa plusieurs millions de dollars.

Ces fréquents voyages l’obligèrent constamment à utiliser de nouvelles approches de trading. Il ne disposait d’aucune information sur les actions, ni sur les marchés. Est-ce la raison de son succès ?

Nicolas Darvas est né en Hongrie en 1920. À l'âge de 23 ans, il a fuit en Turquie par peur du nazisme. Bien qu'il ait étudié l'économie et la sociologie à l’université de Budapest, Nicolas Darvas commença un entraînement de huit heures par jour pour devenir danseur professionnel, avec la même ténacité que lorsqu'il étudiera plus tard les marchés et leurs mouvements, et apprendra de ses erreurs.

En 1951 il émigra aux États-Unis. C'est par accident qu'il arriva sur les marchés actions : en 1952, le propriétaire d'une boîte de nuit de Toronto au Canada paya la performance de Nicolas Darvas en actions pour un montant de 3000 dollars. Il oublia d'abord jusqu'à l'existence de ces actions jusqu'au jour où il vérifia par inadvertance la valeur de celle-ci : il constata que le prix avait triplé ! Il vendit immédiatement les actions, réalisant ainsi un profit d'environ 6000 dollars. Il fut ainsi saisi par le virus de la bourse et des marchés financiers. Il lut des centaines de livres, étudia l'évolution des prix et resta toujours à l'affût de conseil venant de brookers et d'analystes. Il ne rencontra pas immédiatement beaucoup de succès.

Au début des années 50, le pays connut un rapide redressement. Après les années de guerre, l'économie américaine se concentra de plus en plus sur le marché domestique et d'immenses investissements accélérèrent la société de consommation. Le nombre de petits porteurs augmenta radicalement. Cette croissance se faisait ressentir également dans les cotations de Wall Street. Le 3 janvier 1950, le Dow Jones cotait 199 points et à la fin de l’année il s'établissait à 679 points, un environnement idéal pour les stratégies de suivi de tendance. Ainsi que pour Nicolas Darvas.

L'émergence d'une stratégie

Lors de ses tournées de danse à travers le monde, Darvas se faisait toujours livrer le magazine mensuel « Barron’s ». Le magazine lui fut même livré au Népal. Il sortait la page marchés et actions du journal pour étudier les cotations, faisant des observations sur les hausses ou les baisses des cours avant leur redressement.

Il compara ce comportement avec celui d'un danseur qui s'accroupirait d'abord avant de se lancer dans un saut. Après une hausse de prix il y a une consolidation et l'action se prépare à réaliser un nouveau plus haut. On pourrait dire que des boîtes sont empilées les unes sur les autres dans un temps défini, c'est ce que Darvas a appelé : « la théorie de la boîte ».

Le principe du développement du prix au fixing pourrait être vu comme le début de l'analyse technique. De ses études et observations, il développa sa propre stratégie : la bonne action au bon moment avec de petites pertes et de gros profits. Les outils qu'il utilisa furent le prix, le volume, la méthode de la boîte, un ordre d'achat automatique et un ordre de vente stop-loss.

A partir de 1954,  Darvas commença un tour du monde qui l’emmena de l’Europe à l’Asie en passant par l'Himalaya, tout en poursuivant à trader avec sa stratégie. Plusieurs fois par semaine, il envoyait un télégraphe à son broker aux États-Unis pour lui donner ses ordres d’achat et de vente jusqu'en avril 1957, puis toutes ses actions étaient vendues grâces à des ordres stop-loss. À cette époque, la fortune de Darvas s'élevait à 37 000 dollars. Puis arriva le « Spoutnik ».

La crise et Nicolas Darvas

Après que les Républicains, forts de la victoire de Eisenhower aux élections présidentielles, aient repris le contrôle à la fois du Congrès et du Sénat en 1952, les marchés ont connu une forte hausse des prix. Quand le président fut victime d'une crise cardiaque en 1955, les marchés dégringolèrent. Sans Eisenhower, les investisseurs craignirent un essoufflement du rallye boursier, ce qui se produisit d’ailleurs par la suite. En octobre 1957, les Soviétiques installèrent le Spoutnik dans l'espace,  poussant la nation américaine à repenser sa sécurité et rediriger son économie.

Le Dow Jones chuta de 511 à 423 points. Contrairement à beaucoup d'investisseurs à Wall Street, Darvas réussit à garder sa fortune quasiment intacte, en faisant une gestion du risque rigoureuse grâce aux ordres stop. Une fois qu'il ne détenait plus aucune action, Darvas commença à réfléchir au moment opportun pour revenir sur les marchés. Il ne pouvait pas utiliser les nouveaux plus hauts comme point d'entrée. Il utilisa donc une nouvelle composante d'ordre fondamental afin de trouver des valeurs attractives dans des secteurs qui avaient beaucoup chuté. Il investit notamment sur Texas Instruments, Zenith Radio et Fairchild Camera. Il poursuivit sa tournée mondiale à Saïgon, tout en suivant de près ces actions.

La stratégie à 2 millions de dollars

Lorsque le marché commença à se retourner à la fin de l'année 1957, Darvas attendit qu'une tendance se dessine sur les actions qu'il observait. Il décida de devenir acheteur dans un marché baissier et envoya un télégraphe pour faire son premier ordre d'achat depuis Bangkok.

L'ordre suivant d'achat de 500 actions de la Compagnie Bruce fut réalisé à Calcutta. Les positions qui se trouvaient rapidement dans la zone de profit étaient constamment renforcées.

En février 1959, Nicolas Darvas revint à New York. À Wall Street les ordres automatiques stop-loss étaient temporairement abolis. Après le boycott de certains traders sur ce type d'ordre il fallut les réintroduire.

Les actions de la liste de Darvas commencèrent à former une tendance. Il acheta Texas Instruments, le premier producteur de calculatrices électriques. « Le rêve du futur est ce que les gens trouvent passionnant, et non la réalité », dit-il. Les attentes, plus que les évènements, sont traitées sur les marchés. D'autres actions furent ajoutées à son portefeuille : Litton Industries et Beckman Instruments. Dès qu'une action sortait de la boîte, elle était achetée par Darvas. Il utilisait toujours un stop rampant au plus bas de la boîte. Grâce à un fort marché haussier, le Dow Jones augmentant de 50 %, Darvas pu accroître sa richesse de plus de 2 millions de dollars en juste quelques mois. Et même à ce moment il ne voyait aucune raison de vendre une action en croissance. Darvas parti à nouveau pour une tournée européenne.

Séparation dans la douleur

Dans les années 60, Darvas écrit un livre, qui est aujourd'hui toujours considéré bien que retiré du marché, sûrement à cause de l'avocat général de l'État de New York. Selon le Time magazine, les autorités accusèrent l’artiste de sous-représenter ses énormes profits dans son livre. Darvas estima que cette action contre lui était cynique et irresponsable.

En 1961, l'investigation fut abandonnée par un juge. Darvas critiquait les investisseurs de long terme, les qualifiant de joueurs parce qu'ils conservaient leurs actions bien que les cours chutent de plus en plus et espéraient que ceux-ci remontraient à nouveau un jour. Dans un second livre, Darvas s’en prit à nouveau aux investisseurs en décrivant Wall Street comme « un immense casino peuplé de dealers, de croupiers, et de pronostiqueurs ». Il mourut en 1977 et fut enterré à Paris.

Les entrées

Les points d’entrée étaient réalisés lorsqu'une action atteignait un plus haut annuel, ou était stable dans un niveau très haut et ensuite dépassait le niveau haut de la boîte. Darvas identifia la limite haute d'une boîte une fois qu'une action n'avait pas atteint un plus haut après trois jours consécutifs. Il en était de même pour la limite basse avec une action qui n'aurait pas atteint de plus bas après trois jours consécutifs.

Les filtres

Plusieurs critères étaient considérés comme pré-requis pour constituer un point d'entrée : l'action devait avoir suivi une tendance longue sans correction majeure, les volumes devaient augmenter sur le court terme et la tendance des profits de la compagnie devait grimper en flèche.

Les stops

Darvas travaillait constamment avec des ordres d'achat/vente couplés à des ordres stop. Comme il était toujours positionné long, le stop était toujours placé à la limite inférieure de la boîte. En même temps, ces limites inférieures de la boîte étaient utilisées comme stop suiveur.

Exemple actuel de trading

darvas

Un bon exemple de la stratégie de Darvas est l'action K+S cotée au DAX. Le point 1 marque un bas prévisionnel de l'action au 25 mai 2010 au prix de 35,50 euros.

Depuis lors les cotations ont crû sans cesse sur une tendance serrée. Le 19 octobre, l'action atteint un plus haut à 47,70 euros après 52 semaines et forme une première boîte au niveau du point 2.

Le lendemain la limite basse de la boîte était à 45,46 euros. Le 26 octobre l'action sort de la boîte avec un volume quadruplé comparé à la veille (flèche noire). Aux sorties des boîtes 3 et 4 les positions ont toujours été accrues.

Puis le trade aurait été stoppé à 52,90 euros.

Conclusion

La stratégie présentée ici est facile à suivre sur la base de cotations journalières, et également assez rentable dans des marchés à forte tendance et si l'on diversifie son portefeuille. Certains programmes offrent des scans très utiles pour sélectionner les actions.

Pour identifier les boîtes vous pouvez également utiliser les indicateurs Darvas mais ceux-ci sont proposés dans une forme modifiée.

À l'heure actuelle, le Money management est source de critiques mais il faut se rappeler qu'il fut précédemment en adéquation avec la théorie des marchés financiers. Aujourd'hui vous avez fait la connaissance d'un trader, Nicolas Darvas, qui a développé et mis en place la stratégie qui lui convenait, ce qui lui a été profitable.


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