(CercleFinance.com) - Un bureau d'études au moins n'est pas emballé la fusion que les deux géants de la bière, Anheuser-Busch (AB) InBev et SABMiller, sont en train de sceller : c'est Natixis, qui a dégradé ce matin son conseil sur l'action belge AB InBev de 'neutre' à 'alléger'. Le verdict de Natixis est que ce rapprochement ne générera 'pas de création de valeur' avant six à sept années... L'objectif de cours est parallèlement abaissé de 100 à 90 euros.
Dans des marchés boursiers en baisse ce midi en Europe, l'action AB InBev prend 1,6% à 100 euros environ.
Rappelons que le rapprochement des deux géants de la brasserie a pris un certain temps. Officieuse, la première offre aurait été de 38 livres par action SABMiller, avant une deuxième à 40, une troisième à 42 livres, et enfin une quatrième - publique celle-là - à 42,15 livres. Toutes ont été déclinées par SABMiller, même si à la fin l'unanimité n'était plus de mise au conseil d'administration de la cible.
SABMiller a annoncé ce matin qu'il va finalement recommander une offre à 44 livres (dividende attaché) en espèces, assortie d'une offre mixte optionnelle destinée principalement aux deux grands actionnaires de SABMiller, Altria et BevCo, moyennant l'équivalent de 39 livres par titre. Soit une opération colossale à 68 milliards de livres, ou 92 milliards d'euros.
Pour Natixis, ce rachat est bien trop onéreux pour AB InBev : 'à ce prix, le 'deal' ne crée plus de valeur et sans cette opération, les perspectives d'ABI sont modérées', sanctionnent les spécialistes.
La note ne s'arrête pas là et indique que la dernière offre d'AB InBev 'ne présente plus le minimum acceptable en termes de relution sur l'action ABI (à peine +10%) compte tenu d'un niveau de synergies de coûts moindres qu'en 2004 et 2008.'
Natixis évalue les synergies à deux milliards de dollars, c'est-à-dire environ 10% du résultat d'exploitation ajusté du nouveau groupe. Soit 'nettement moins que lors de la fusion Interbrew-Ambev (12%) et lors de la fusion Inbev-Anheuser-Bush (21%). Et les analystes de juger l'opération est très décevante au plan de la relution.'
Bref, 'toute nouvelle initiative d'AB InBev n'induirait aucune création de valeur, que l'offre soit amicale ou hostile, en cash ou en actions. Le retour à la situation antérieure en cas d'échec de l'offre ne recèle pas non plus de potentiel de hausse sur le titre compte tenu de la faiblesse de la croissance estimées des bénéfice par action', assène encore Natixis. Ce qui justifie la dégradation du conseil et de la cible.