(ABC Bourse) - Rien ne semble pouvoir enrayer la chute d’Aston Martin. Le constructeur britannique révise brutalement ses prévisions pour 2025, accusant une perte massive et des livraisons en forte baisse, sur fond de droits de douane punitifs et d’échecs commerciaux répétés.
Le couperet est tombé pour Aston Martin. Lundi 6 octobre, le constructeur de Gaydon a abaissé une nouvelle fois ses prévisions financières pour l’année 2025. Il prévoit désormais une perte d’exploitation supérieure à 110 millions de livres et un cash-flow toujours dans le rouge.
Cette révision intervient seulement quelques mois après des projections optimistes publiées en fin d’année dernière, qui tablaient encore sur un résultat d’exploitation positif. La situation s’est depuis détériorée, en partie à cause des droits de douane américains, invoqués par l’entreprise pour expliquer cette nouvelle déconvenue.
Modèles en échec, investissements réduits
La déception est d’autant plus grande que le catalogue du constructeur s’est enrichi récemment de modèles attendus comme la V8 Vantage S, le DBX S ou encore la Valhalla. Mais ces véhicules peinent à séduire, notamment dans les pays du Golfe et la région Asie-Pacifique, deux marchés cruciaux.
En conséquence, les livraisons 2025 devraient chuter de 5 à 9 % par rapport à 2024, soit un volume trois fois inférieur à celui prévu dans le plan stratégique dévoilé en 2023. Ce désaveu commercial pousse Aston Martin à réduire son programme d’investissements annuels, initialement fixé à 400 millions de livres, compromettant un peu plus ses perspectives de croissance.
La concurrence des supercars chinoises, désormais très agressive, ainsi que l’incapacité du constructeur à imposer ses prix, contrairement à des marques comme Ferrari, aggravent encore les difficultés.
Qui sont les puissants actionnaires derrière Aston Martin ?
Depuis son entrée en Bourse en 2018, Aston Martin a déjà brûlé plus de 2,5 milliards de livres. Pour tenir, l’entreprise a eu recours à cinq augmentations de capital et à un endettement croissant. Ses réserves de trésorerie sont à nouveau au plus bas, rendant un refinancement imminent quasi inévitable si elle espère traverser les douze prochains mois.
L’actionnariat de la marque est aujourd’hui aussi éclaté que stratégique. On y retrouve le milliardaire canadien Laurence Stroll, ex-actionnaire de référence de Tommy Hilfiger, le chinois Li Shufu, président de Geely, le fonds souverain saoudien, et Mercedes-Benz, en quatrième position. Dans ce contexte, un changement de contrôle ou une prise de participation renforcée semble plus probable que jamais.
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