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GeNeuro: interview de Jesús Martin-Garcia, Directeur Général


Actualité publiée le 09/10/19 15:55

(CercleFinance.com) - 1) Quelle est la mission de GeNeuro et quelles sont les pathologies dont vous cherchez à améliorer le traitement ?

Née de recherches menées à Lyon au sein de l'Institut Mérieux et de l'INSERM dès les années 1980, l'entreprise GeNeuro développe depuis 2006 des traitements d'un nouveau type pour des maladies auto-immunes et neurodégénératives, en se basant sur la biologie des ' rétrovirus endogènes humains ' ou ' HERVs '.

Un rétrovirus qui infecte une cellule s'intègre à l'ADN de cette dernière pour pouvoir s'y répliquer et y laisser ainsi sa séquence génétique. Si cette infection affecte une cellule germinale, la copie de cette séquence ADN est portée par toutes les cellules de la descendance. C'est un processus qui s'est répété de très nombreuses fois chez nos ancêtres au cours de l'évolution. Ces traces se sont donc accumulées au cours du temps et représentent aujourd'hui 8% de l'ADN humain. Si notre corps restreint la capacité de ces séquences à s'exprimer, certaines d'entre elles peuvent toutefois, dans des situations pathologiques, être activées pour produire des protéines délétères et jouer un rôle clé dans la progression de maladies auto-immunes et neurodégénératives.

Les traitements conçus par GeNeuro - encore au stade du développement clinique - bloquent l'effet délétère de ces protéines pour éviter le développement de maladies telles que la sclérose en plaques, le diabète de type 1 ou la maladie de Charcot.

2) Pouvez-vous faire un point sur la situation actuelle des patients atteints par ces pathologies, sur l'état de la recherche globale et sur les spécificités liées à ces pathologies ?

La première indication de notre principal candidat médicament ' temelimab ' est la sclérose en plaques. Pour comprendre cette maladie, il faut savoir qu'elle est le résultat de deux processus parallèles tout au long de son évolution :

• un processus inflammatoire, qui se manifeste par des crises (ou ' poussées ') d'effet généralement passagères mais très gênantes pour les patients. Ces poussées sont prééminentes dans les premières années de la maladie chez près de 90% des patients - c'est ce que l'on appelle la forme récurrente-rémittente de la SEP.

• un processus de neurodégénérescence qui, nous le savons aujourd'hui, démarre dès le début de la maladie mais est partiellement compensé par la plasticité du cerveau chez un patient jeune. A terme plus ou moins long, ce processus de neurodégénérescence prend le dessus dans environ 80% des patients récurrents-rémittents, qui entreront dans les formes dites ' progressives ' de la maladie, où la progression de l'invalidité est irréversible.

Aujourd'hui nous disposons de médicaments très efficaces contre les poussées, qui diminuent voire arrêtent l'apparition de ces crises chez les patients. La palette d'options à la disposition des neurologues est très large pour traiter un patient de manière plus ou moins forte en fonction du type et du niveau d'activité de sa maladie.

Par contre, les options pour arrêter ou même ralentir la progression de la maladie à long terme, particulièrement dans les formes progressives, font cruellement défaut. Or ce mécanisme de neurodégénérescence, aussi appelé ' progression sans poussées ', est celui qui accroit le degré d'invalidité. Développer de nouvelles options pour contrer ce mécanisme est aujourd'hui le principal besoin médical dans le traitement des patients atteints de SEP.

3) Quelles sont les spécificités de votre candidat-médicament et son mécanisme d'action ?

Le temelimab est un anticorps monoclonal qui neutralise la protéine pathogène HERV-W Env, présente dans le cerveau des patients atteints de sclérose en plaques et qui semble jouer un rôle important, voire moteur, dans la progression de la maladie. Cette protéine active l'immunité innée dans le cerveau (les cellules de la microglie), qui plutôt que de jouer son rôle protecteur s'attaque alors à la myéline indispensable à la protection et au fonctionnement des neurones. Cette protéine est aussi capable de bloquer le processus naturel de réparation de la myéline, laissant le patient désarmé contre la perte de cette protection indispensable pour le bon fonctionnement des neurones.

Le temelimab cible de manière très spécifique cette protéine pathogène pour en bloquer les effets délétères. En neutralisant son action sur les microglies, GeNeuro espère une réduction du dommage à long terme causé par ces cellules, ce qui devrait se traduire par une réduction de l'atrophie cérébrale observée sur les patients, et par une diminution des dommages permanents au cerveau, appelés ' trous noirs '. Tout aussi important, en neutralisant un facteur qui bloque le système de réparation de la myéline, le temelimab devrait permettre la conservation ou l'accroissement de la densité de myéline dans le cerveau des patients. Ce sont les deux effets qui ont été observés dans les résultats des essais cliniques effectués à ce jour.

4) Pouvez-vous revenir sur vos derniers développements cliniques, en quoi sont-ils prometteurs pour le traitement de la SEP et des maladies inflammatoires ?

GeNeuro vient de présenter à l'ECTRMS en septembre les données combinées des études de Phase II CHANGE-MS et ANGEL-MS qui ont traité plus de 200 patients pendant deux ans. Ces résultats confirment les effets neuro protecteurs à long terme de temelimab dans la sclérose en plaques. Après deux ans en effet, les patients traités à la plus haute dose (18mg/kg) ont montré des améliorations relatives sur les marqueurs de la neurodégénérescence mesurés sur IRM, tels que le volume cérébral, le ratio de transfert de magnétisation (MTR, une mesure d'intégrité de la myéline) et les trous noirs, pendant une période totale de 96 semaines.

Il est important de remarquer que les effets observés sont indépendants du statut inflammatoire des patients pendant l'étude, indiquant bien que le temelimab agit sur des voies indépendantes de l'inflammation. Cela correspond bien au mode d'action souhaité, à savoir l'arrêt de l'activation des microglies et la remise en marche du système de réparation de la myéline. Ces données montrent aussi la très grande tolérabilité à long terme du temelimab, ce qui ouvre la voie aussi bien aux traitements en monothérapie pour les patients en phase progressive de la maladie, qu'en combinaison avec les médicaments existants contre les poussées inflammatoires pour éviter la progression à long terme de la maladie.

Nous avons aussi effectué un premier essai clinique de Phase II du temelimab sur un nombre limité de patients adultes atteints du diabète de type 1, et nous avons pu observer la sécurité du traitement sur cette nouvelle population de patients et des effets positifs en réduisant le nombre d'hypoglycémies des patients traités. Ces premiers développements demandent à être confirmés sur des populations plus importantes et surtout plus jeunes qui ont le plus grand besoin médical.

5) Rappelez-nous votre stratégie de développement ? Quelles sont les prochaines échéances cliniques et financières ?

Armé de ces résultats, GeNeuro est plus déterminé que jamais à poursuivre le développement du temelimab pour offrir une option de traitement contre la progression de la maladie dans la sclérose en plaques.

La société a en cours des discussions très actives avec des partenaires potentiels, pharma et financiers, pour poursuivre le développement du temelimab. Ce sont des décisions très engageantes pour la société qui, ayant encore 12 mois de visibilité financière, devra prendre d'importantes décisions dans les mois qui viennent.

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