(ABC Bourse) - Le géant chinois JD.com vient de franchir une étape majeure en Europe en prenant le contrôle de Ceconomy, deuxième actionnaire de FNAC Darty.

C’est une offensive qui ne passe pas inaperçue. Vendredi 14 novembre, JD.com a finalisé la première phase de son offre publique d’achat sur Ceconomy, s’octroyant 45,5 % du capital du distributeur allemand. Ceconomy détient 22 % du groupe FNAC Darty, juste derrière Daniel Kretinsky, actuel premier actionnaire avec 29 % des parts. En entrant ainsi dans le capital de Ceconomy, JD.com s’invite indirectement dans les affaires du fleuron français de la distribution d’électronique et de biens culturels.
Cette opération s’inscrit dans la stratégie européenne du géant chinois de l’e-commerce. Déjà présent dans onze pays à travers MediaMarkt et Saturn, JD.com confirme ses ambitions continentales avec ce rachat à 2,2 milliards d’euros. Une seconde période d’acceptation court jusqu’au 27 novembre, avec une prime de 42,6 % proposée aux actionnaires restants.
Une acquisition qui fait grincer des dents à Bercy
Depuis la première annonce en juillet, les regards du ministère de l’Économie sont braqués sur cette opération. Si Ceconomy conserve une posture d'actionnaire passif pour l’instant, le risque d’un changement de contrôle indirect sur FNAC Darty inquiète. Le milliardaire tchèque Daniel Kretinsky, par ailleurs actionnaire du groupe Casino et de Metro, verrait d’un très mauvais œil une éventuelle prise de pouvoir chinoise sur l’enseigne.
JD.com n’a pas encore déposé de demande officielle au titre de la procédure sur les investissements étrangers en France. Une absence remarquée par les autorités. "Cette opération devra faire l'objet d'un examen complet et rigoureux au titre de la procédure de contrôle des investissements étrangers afin de préserver les intérêts économiques français", a souligné Bercy, très attentif à la situation.
Le ministère insiste aussi sur l’importance des activités de FNAC Darty dans le secteur culturel et industriel. "FNAC Darty commercialise des biens culturels, qui ne sont pas des biens comme les autres. En outre, nous serons extrêmement sensibles à ce que les biens électroménagers fabriqués en France et vendus par FNAC-Darty continuent à être produits sur le territoire", a ajouté le ministère.
JD.com avance aussi ses pions côté e-commerce
En parallèle de l’opération Ceconomy, JD.com accélère aussi le déploiement de sa propre plateforme Joybuy en France, lancée fin octobre. Contrairement aux modèles de dropshipping à la Shein ou Temu, Joybuy assure stocker ses marchandises dans une trentaine d’entrepôts européens, ce qui le rend moins dépendant des exonérations douanières.
La suppression prochaine de l’exemption de droits de douane pour les colis de moins de 150 euros, décidée par l’Union européenne, ne devrait donc pas pénaliser frontalement le modèle logistique de JD.com. En revanche, elle accentue les tensions autour de la présence croissante des acteurs chinois sur le marché européen.
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