En déboursant près d’un demi-milliard de dollars pour racheter la biotech américaine Vigil Neuroscience, Sanofi confirme qu’il ne veut pas manquer le virage des traitements neurologiques. Derrière ce rachat, un pari clair : la molécule expérimentale VG-3927, développée contre la maladie d’Alzheimer. Une cible stratégique pour le géant français, qui fait de la neurologie l’un de ses quatre piliers prioritaires.
L’annonce est tombée jeudi matin. Sanofi a signé un accord définitif pour acquérir l’ensemble des actions en circulation de Vigil Neuroscience, une société cotée au Nasdaq, pour 8 dollars par action, complétés d’un paiement conditionnel supplémentaire de 2 dollars en cas de succès commercial du VG-3927. Total de l’opération : 470 millions de dollars en numéraire. Cette acquisition, qui n’impactera pas les prévisions financières de Sanofi pour 2025, doit être finalisée au troisième trimestre de l’année.
Pourquoi Sanofi mise sur cette biotech américaine
Vigil Neuroscience n’est pas un nom connu du grand public, mais elle fait parler d’elle dans les cercles médicaux. Cette société basée aux États-Unis concentre ses efforts sur le développement de traitements ciblant les maladies neurodégénératives, domaine où les besoins thérapeutiques restent immenses. Et justement, Sanofi avait déjà manifesté son intérêt : en juin 2024, le groupe avait injecté 40 millions de dollars dans Vigil, s’assurant au passage un droit exclusif de négociation sur la molécule VG-3927.
Ce traitement potentiel, aujourd’hui en phase de préparation pour des essais cliniques de phase II, cible spécifiquement la maladie d’Alzheimer, dont les traitements efficaces restent encore limités malgré les progrès récents. Le VG-3927 agit sur la microglie, des cellules immunitaires du cerveau, avec pour objectif de ralentir la progression de la maladie. Cette approche s’inscrit dans une stratégie de recherche ciblée, centrée sur des mécanismes biologiques précis.
Sanofi veut ainsi muscler son pipeline de développement précoce, et positionner son portefeuille R&D sur des segments à haut potentiel, notamment dans des pathologies pour lesquelles les traitements validés sont encore rares ou peu efficaces.
Une opération stratégique sans effet immédiat sur les comptes
Sur le plan opérationnel, l’acquisition reste conditionnée à plusieurs étapes réglementaires : l’approbation par les actionnaires de Vigil Neuroscience, l’expiration du délai prévu par la loi antitrust américaine Hart-Scott-Rodino, et d’autres clauses classiques dans ce type d’opération. Rien d’anormal, mais une vigilance reste de mise dans les mois à venir.
À noter que Sanofi a clairement indiqué que cette acquisition n’aurait aucun effet sur ses prévisions financières pour 2025. Un signal important pour les investisseurs, soucieux de la stabilité des marges dans un contexte pharmaceutique toujours plus concurrentiel.
Les actionnaires de Vigil Neuroscience, eux, bénéficient d’un bonus différé : les fameux 2 dollars supplémentaires par action seront versés si la molécule phare VG-3927 génère ses premières ventes. Un mécanisme classique, mais révélateur de l’importance accordée à cette molécule par les deux parties.
Un pari de long terme sur la neurologie
Cette opération s’inscrit dans un mouvement stratégique plus large de Sanofi. L’entreprise française a annoncé vouloir se recentrer autour de quatre grandes aires thérapeutiques : les maladies auto-immunes, les maladies rares, les vaccins et... la neurologie. Ce dernier domaine, longtemps marginalisé par l’industrie en raison de sa complexité, revient aujourd’hui au centre du jeu.
« Cette acquisition dans la sphère de la neurologie renforce le portefeuille de développement au stade précoce de l'entreprise », a déclaré Sanofi dans son communiqué. En clair : l’objectif est de bâtir une capacité d’innovation robuste sur les pathologies cérébrales, là où la demande explose avec le vieillissement de la population.
Dans un contexte où plusieurs grands groupes – dont Biogen et Eli Lilly – intensifient aussi leurs efforts sur Alzheimer, Sanofi veut manifestement faire entendre sa voix. Avec Vigil Neuroscience, il ne s’agit pas seulement d’un rachat financier, mais d’une prise de position dans une course scientifique mondiale.
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