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Les actions sont-elles à l'abri d'un ralentissement économique ?

Par La rédaction

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Les actions mondiales ont à nouveau connu un excellent trimestre, les actions chinoises et émergentes étant celles qui ont le plus progressé, suivies par les actions européennes, stimulées par les afflux de capitaux. Les investisseurs reprennent confiance dans l'Europe, tandis que le centriste Emmanuel Macron, favorable aux marchés, a remporté une large victoire aux élections présidentielles du mois de mai en France. Après ce succès électoral, son parti a connu une seconde victoire aux élections législatives de juin, offrant à M. Macron le mandat le plus solide pour réformer la société française ayant été conféré à un président depuis la Seconde Guerre mondiale. Le marché haussier a finalement affiché quelques fissures, les actions australiennes et brésiliennes ayant enregistré des pertes, bien que faibles. Mais cela pourrait être pris comme l'avertissement d'un ralentissement imminent en Chine, en conséquence d'une impulsion plus faible du crédit...

En termes de secteurs, les services publics et l'immobilier ont constitué les plus grandes surprises, stimulés par la baisse des taux d'intérêt à long terme, le marché n'adhérant pas aux prévisions de la Réserve fédérale américaine. Un ralentissement de l'évolution des taux d'intérêt est de toute évidence un facteur positif pour les secteurs ayant le plus recours à l'endettement. Le secteur énergétique était pourtant une fois de plus le seul secteur à afficher un rendement négatif. Nous avons adopté une position négative sur l'énergie au cours des trois derniers trimestres, que nous maintenons pour le troisième trimestre de cette année. Les évaluations des actions du secteur de l'énergie reflètent toujours des prévisions excessivement élevées de redressement des cours du pétrole.

Le secteur technologique ayant progressé de 18 % depuis le début de l'année, tout le monde parle d'une bulle, et le mois de juin a connu des réminiscences de volatilité, lorsque l'indice Nasdaq 100 a brutalement chuté de 4 % en deux séances. Toutefois, le secteur a rapidement attiré de nouvelles offres car il reste l'un des rares îlots de croissance dans le contexte macroéconomique actuel. Les évaluations des valeurs technologiques deviennent cependant tendues, et nous estimons que l'expansion des multiples ne va pas se poursuivre. Si notre prévision de ralentissement au troisième trimestre s'avère juste, alors la santé, la consommation de base et les services publics seront probablement les secteurs les plus performants sur ce trimestre.

L'impulsion du crédit pointe vers une baisse de la croissance

Notre thème du ralentissement tourne autour du crédit, qui est essentiel à l'économie moderne. De plus en plus de données montrent que l'impulsion du crédit, ou la variation sur 12 mois du nouveau crédit net dans l'économie, devance la croissance de un à deux mois. Il suffit d'examiner le cas de la Chine pour constater l'importance du crédit. Avant la crise financière, le nouveau crédit net représentait 19 % du PIB, tandis qu'après la crise, la moyenne est passée à 29 %. L'impulsion du crédit est passée dans le rouge à l'échelle mondiale, en commençant par la Chine au mois de mars. En conséquence de cette situation, le deuxième trimestre a présenté un panorama macroéconomique plus mitigé, et récemment, l'inflation a été décevante. Pour comprendre le rôle de la Chine dans l'économie mondiale, il faut se rappeler que le pays est censé contribuer à hauteur de 35 % à la croissance mondiale du PIB sur les trois prochaines années.

Avec le ralentissement de la Chine, les actions des marchés émergents devraient finalement sous-performer et le secteur des matériaux est susceptible de se retrouver sous pression. L'impulsion du crédit est également négative aux États-Unis, aussi un ralentissement économique au troisième trimestre ne serait pas vraiment surprenant. Sachant que l'économie américaine devrait contribuer à hauteur de 18 % au PIB mondial sur les trois prochaines années, le ralentissement du crédit est de toute évidence un facteur essentiel pour l'économie mondiale. L'Inde, qui devrait apporter la troisième contribution la plus importante à la croissance du PIB mondial d'ici 2020, enregistre également une croissance négative du crédit. La seule région importante présentant une impulsion positive du crédit est l'Europe, aussi nous conservons une position favorable sur les actions européennes car nous prévoyons que l'afflux de capitaux se poursuivra.

La politique de l'Abénomie fonctionne-t-elle ?

Le soleil semble se lever à nouveau sur le Japon, comme nous l'avons suggéré dans une note de recherche publiée en mai. Le PIB nominal du Japon dépasse désormais le pic précédent de 1997, et sa croissance annualisée depuis le quatrième trimestre 2012 se positionne à 2,1 %, soit largement au-dessus du coût de financement du pays, un indicateur clé de la durabilité à long terme. La croissance du Japon n'a jamais été aussi élevée depuis la période 1993-1998. Le taux de chômage était de 2,8 % en avril, soit le taux le plus faible depuis 1994, se rapprochant des niveaux historiques de redressement de l'inflation.

Si cela se produit, il s'agira de l'un des principaux événements de l'année 2018. Pendant ce temps, les actions japonaises sont évaluées avec une décote de 20 % par rapport aux actions américaines. En conséquence de l'amélioration des données macroéconomiques et des évaluations des actions, nous surpondérons les actions japonaises.

La révolution des véhicules électriques

L'année 1990 a marqué un tournant pour les ordinateurs personnels et les logiciels, Microsoft ayant dépassé le seuil de 1 milliard de dollars de chiffre d'affaires. Pour cet exercice financier, la société table sur un chiffre d'affaires de 96 milliards de dollars. Cela correspond à un taux de croissance composé de 19 % sur 26 ans. L'année 2013 a probablement été le point d'inflexion pour les véhicules électriques, Tesla ayant dépassé la barre de 2 milliards de dollars de chiffre d'affaires. Quatre ans plus tard, les sceptiques sont toujours nombreux, mais il est évident que nous vivons déjà une « ère Microsoft » dans les véhicules électriques et la conduite autonome.

D'après les estimations du secteur, les véhicules électriques à grande autonomie coûteront environ 22 000 dollars courants, les rendant accessibles même dans les pays émergents. Les estimations de Bloomberg New Energy Finance montrent que 35 % des ventes mondiales de nouveaux véhicules sont des véhicules électriques. Ce chiffre pourrait facilement être dépassé. Pour ceux qui douteraient de l'engagement des constructeurs automobiles, il leur suffit de consulter Volkswagen. La société a défini sa stratégie autour des véhicules électriques et promet d'offrir 20 nouveaux modèles d'ici 2020.

Reste à savoir dans quelle mesure la demande de pétrole sera affectée à l'avenir par les véhicules électriques et la conduite autonome. Les tendances réduiront probablement la possession d'une voiture classique à quelques rares privilégiés (comme les chevaux de riches particuliers) et la consommation d'essence dégringolera. Si le taux de croissance actuel des véhicules électriques se maintient, d'ici 2023, ceux-ci remplaceront la demande de pétrole pour un équivalent de 2 millions de barils par jour, ce qui correspond presque à la surproduction de pétrole de 2014.

En d'autres termes, la révolution des véhicules électriques provoquera très probablement une crise pétrolière majeure. Peut-être le pétrole situé au plus profond des océans ne sera-t-il jamais extrait ? Mais dans ce jeu, c'est la conduite autonome qui constitue le principal joker. Elle pourrait considérablement réduire le nombre de voitures classiques, mais aussi optimiser la consommation d'essence, et par conséquent accélérer le déclin de la demande de pétrole. En adoptant un point de vue sur le très long terme, notre positionnement dans le secteur pétrolier est négatif, et nous estimons que les capitaux du secteur rapporteront des rendements faibles aux actionnaires.

L'auteur : Peter Garnry, Saxo Bank


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