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De 1959 à 2009, les transferts sociaux sont passés de 36% du PIB à 56% du PIB
:
Jusqu'au début des années 80, la hausse des recettes arrive tant bien que mal à
suivre la hausse des dépenses. Ensuite, ce n'est plus le cas, et le déficit se
creuse de plus en plus :
Chaque récession majeure provoque un nouveau record du déficit, mais aucune
reprise ne permet jamais de revenir à l'équilibre. La conséquence, c'est une
dette publique qui ne cesse de s'accroître :
Deux choix sont possibles pour l'état :
• Continuer d'augmenter les recettes pour suivre l'augmentation des dépenses. En
d'autres termes, augmenter massivement les impôts. Avec une pression fiscale qui
serait largement au dessus de 50% du PIB, je pense qu'on pourrait alors parler
d'une politique d'extrême gauche ...
• Diminuer les dépenses pour les aligner sur les recettes. Cela provoquerait
obligatoirement des "régressions sociales" d'une autre ampleur que la réforme
des retraites de l'année dernière. Avec des dépenses qui représenteraient encore
nettement plus de 40% du PIB, on peut parler de politique centriste, ou modérée.
Quelle voie l'état choisit-il ? Ni l'une, ni l'autre. En augmentant les recettes
et les dépenses, il est pour le moins populiste, sinon totalement irresponsable.
Il est défendable que l'état soit en déficit un ou deux ans, pour amortir les
effets d'une crise particulièrement douloureuse, mais un déficit qui court sur
30 ans, c'est simplement vivre à crédit sur le dos de la génération suivante.
Vous l'aurez remarqué, mon graphe de la dette ne commence quand 1978.
Contrairement à d'autre pays, comme les USA, l’INSEE ne fournit pas de données
avant cette date. La seule information que j'ai pu trouver sur ce sujet, c'est
ce graphique tiré d'une étude de 1995 de l'OCDE :
Il semblerait que la France ait vécu longtemps avec une dette très importante.
Cependant cette dette parait assez stable sur de longues périodes, et augmente
uniquement avec les guerres (1870, 1914, 1940).
On peut penser que la pression fiscale était moins forte (les prestations
sociales étaient à l’état embryonnaire), et que l'état pouvait donc plus
facilement ajuster les impôts pour ne pas se retrouver en déficit chronique.
Mais ce n'est qu'une hypothèse.
Le dernier point que je voudrais aborder, c'est celui de la dette cachée. Il n'y
a pas si longtemps, l'Espagne et le Royaume-Uni étaient cités en exemple pour
leurs faibles dettes publiques, et leurs excédents budgétaires. C'était ignorer
l'importance de la dette privée :
Lorsqu’un ménage ou une entreprise s'endette, elle crée de la monnaie
temporaire. Cette dernière se retrouve d'ailleurs dans le fameux agrégat M3, que
la Fed cessa de publier à peine quelques années avant le début de la crise ...
Une importante partie de cette création monétaire va se retrouver dans les
caisses de l'état, par le jeu des impôts et des taxes. Les recettes publiques
sont alors artificiellement élevées. Quand la crise éclate, le crédit se
contracte, et ces recettes disparaissent. La masse monétaire diminue, et l'état
doit dépenser moins pour rester à l'équilibre : on risque alors d’entrer dans le
cercle vicieux de la déflation.
Deux solutions s'offrent à l’Etat pour affronter ce type de crise :
• accompagner la déflation : on aligne les dépenses sur les recettes. La
conséquence est un rapide appauvrissement du pays, mais l'espoir est que la
crise sera rapide, et qu'on pourra alors repartir sur des bases solides. C'est
la voie qu'est en train d'essayer de suivre le Royaume-Uni.
• lutter contre la déflation : l'état maintient, voir amplifie ses dépenses pour
maintenir coute que coute la masse monétaire. La conséquence est une explosion
de l'endettement, mais en théorie une moindre souffrance sociale. C'est la voie
des USA durant cette crise, et celle du Japon depuis 20 ans.
Aucune des deux solutions n'est vraiment très agréable à envisager, le mieux est
de prévenir la crise en amont en empêchant les acteurs privés de trop
s'endetter.
Est-ce l'intention de notre gouvernement ? La réponse dans ce graphe :
Depuis 2002, la croissance de la dette des ménages n'a jamais été aussi rapide.
Tout est fait pour inciter les français à s'endetter : prêts à taux zéro,
déduction d'intérêts d'emprunts, Robien, Scellier, pressions sur les banques ...
Je m'interroge sur les raisons de cette terrible erreur de jugement : personne
au gouvernement n'a-t-il eu l'idée de chercher à comprendre les causes de la
dernière crise, au-delà des incantations contre les affreux spéculateurs ?