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Le refus de votre commissaire aux
comptes EY d'exprimer son opinion sur
vos comptes 2020 a provoqué un effondrement
de l'action. Il s'agit d'une décision
rarissime. EY vous reproche de ne
pas lui avoir transmis tous les documents
nécessaires. Pourquoi avezvous
empêché votre commissaire aux comptes
d'exercer son travail ?
Nous sommes en profond désaccord avec
EY. Tous les éléments en notre possession
leur ont été transmis. Quand il s'agissait
de documents détenus par des tiers, nous
avons tout mis en oeuvre pour que ces
éléments leur soient aussi remis.
Pouvonsnous
connaître le nom de
ces tiers qui n'ont pas fourni des
documents ?
Dans le cadre de la confidentialité avec EY,
ce n'est pas possible de communiquer
cette information. Je rappelle qu'EY n'a
pas émis d'opinion. Ce n'est pas une
opinion négative de l'auditeur. L'auditeur,
en réalité, ne s'exprime pas. Je précise
que notre commissaire aux comptes a
conclu que « les incidences éventuelles sur
les états financiers consolidés d'anomalies
non détectées pourraient être significatives
». C'est du conditionnel. Tout a été
vérifié au centime près.
Depuis 2019, un fonds activiste, Muddy
Waters, a jeté le doute sur la fiabilité de
vos comptes. Fin décembre 2020, Solutions
30 a fait l'objet à nouveau de
graves critiques via un rapport anonyme
et de la part de Muddy Waters. Il est
reproché un lien entre Solutions 30 et la
mafia ainsi que des erreurs comptables.
Qu'en estil
exactement ?
C'est faux ! Nous avons répondu à toutes
les allégations en toute transparence, et le
conseil de surveillance, en toute indépendance,
a mandaté des investigations
indépendantes, réalisées par les cabinets
Deloitte et Didier Kling, qui ont balayé
toutes ces accusations de fraudes et de
lien avec la mafia. Ces accusations
visaientelles
à manipuler le cours pour
gagner de l'argent ? On a constaté que de
gros volumes de ventes étaient orchestrés
pour être mis en place de façon concomitante
à la sortie des allégations. Nous
avons porté plainte auprès du parquet
national financier pour diffusion d'informations
fausses et trompeuses et manipulation
de marché, et alerté l'AMF et la
CSSF (autorité luxembourgeoise).
Votre associé a vendu l'essentiel de ses
titres fin 2020. Ce sont ces rumeurs qui
l'ont poussé à se retirer...
C'est faux. En 2020, la société a changé de
dimension en passant sur le marché
réglementé d'Euronext. Nous avions créé
Solutions 30 en 2003. C'était une PME.
L'introduction en Bourse a eu lieu en 2005
sur le marché libre, puis la société a été
transférée sur Alternext. Solutions 30 a
atteint désormais une nouvelle dimension.
Mon associé, qui a réalisé un magnifique
travail, n'était pas fait pour travailler
dans une plus grande structure. Nous
nous sommes donc quittés en bonne
intelligence. Son départ était prévu avant
l'arrivée de ces rumeurs. Il a vendu une
partie de ses titres en toute transparence,
dans le strict respect de la réglementation,
en déclarant son franchissement du
seuil de 5 % auprès de l'autorité compétente,
à savoir la CSSF.
Comment travaillezvous
aujourd'hui
avec EY ?
Ce qui est important, c'est l'ouverture
d'une procédure de conciliation, nous
sommes accompagnés par un conciliateur
: son objectif sera notamment
d'encadrer les discussions avec EY et
d'assurer la transition avec un commissaire
aux comptes qui examinera nos
comptes.
Pouvezvous
changer rapidement de
commissaire aux comptes ?
La société étant de droit luxembourgeois,
les mandats des commissaires aux comptes
(CAC) ont une durée déterminée par
l'assemblée générale des actionnaires
(AG). Dans le cas présent, le mandat était
d'un an, et celui d'EY arrive donc à
échéance lors de la prochaine AG, fin juin.
Notre enjeu consistera à présenter un
nouveau CAC pour avancer.
Mais le nouveau commissaire aux comptes
risque de demander les mêmes
documents que ceux réclamés par EY ?
Nous sommes confiants, car nous avons
déjà réalisé il y a quelques mois cet exercice.
Ce qui est important, c'est d'obtenir
un cadre rationnel. La conciliation nous
permettra un environnement plus serein.
Je précise qu'il existe deux façons de
récupérer des documents chez des tiers.
Soit le commissaire aux comptes s'en
occupe, soit un autre cabinet va les chercher.
EY avait toute latitude pour mener
des diligences complémentaires, car il a
des équipes partout dans le monde. De
notre côté, nous avons déjà commencé à
mandater d'autres cabinets pour récupérer
ces informations complémentaires
d'ici à la fin du mois.
En attendant, quels sont aujourd'hui vos
rapports avec vos banquiers et avec vos
clients ?
Du point de vue opérationnel, tout va très
bien. En 2020, année marquée par la
Covid, le chiffre d'affaires a progressé de
20 % pour atteindre 820 millions d'euros.
Notre marge opérationnelle s'est élevée à
106 millions, et 125 millions d'euros de
free cash flow ont été générés. Le bilan est
très solide, avec 159 millions de trésorerie.
Au premier trimestre, les revenus ont
encore bondi de 20 %. Depuis la création
de la société, nous n'avons connu que des
taux de croissance à deux chiffres. L'activité
est florissante. De plus, les investissements
des pays européens pour la relance
portent sur des secteurs où nous sommes
très bien positionnés, comme les réseaux
de communication et la distribution
d'énergie autour des véhicules électriques
et les solutions de recharge. Les
banquiers posent des questions, comme
tout le monde, mais ils voient aussi nos
comptes bancaires, la trésorerie et les flux
financiers sont là, et il faut nous laisser un
peu de temps pour résoudre cette crise.
Côté clients, qui sont des grands comptes,
nous avons aussi des relations qui s'inscrivent
dans le temps et échangeons de
manière permanente. Nous sommes donc
sereins au niveau opérationnel, et nous
tenons à prendre le temps de faire de la
pédagogie pour rassurer tout le monde.
Pourquoi avezvous
besoin d'un
repreneur si le bilan est solide ?
Nous cherchons un actionnaire de référence,
ce qui stabiliserait le capital. Le
projet pourrait aller jusqu'à un retrait de
la cote. Je rappelle qu'en droit luxembourgeois
une offre publique d'achat doit être
lancée en cas de franchissement du seuil
de 33,33 %.
Pourquoi vos comptes annuels 2020
ontils
été révisés ?
L'entreprise a effectivement procédé à un
ajustement à hauteur de 2,4 millions
d'euros au niveau du calcul de l'impôt,
sans que cela impacte les autres agrégats.
Entre le 28 avril, date de la présentation
des comptes annuels prévisionnels, et la
sortie des comptes définitifs, le 23 mai,
nous avons nousmêmes
détecté cette
erreur et l'avons donc corrigée. Depuis
notre première cotation, en 2005, et les
semestriels 2020, nos comptes ont toujours
été certifiés. Et notre objectif est que
nos comptes 2020 soient certifiés dans les
plus brefs délais avec le nouveau commissaire
aux comptes.
Comment comptezvous
retrouver
rapidement un environnement serein ?
Nous y parviendrons, j'en suis convaincu,
avec un nouveau commissaire aux comptes,
la conciliation et la recherche d'un
actionnaire de référence. Après, à plus
long terme, il faudra voir comment il est
possible que des personnes mal intentionnées
puissent de la sorte déstabiliser une
entreprise. Comment peuton
mettre sur
la place publique des allégations lourdes
sans preuves ? C'est scandaleux.
- PROPOS RECUEILLIS
PAR FRANÇOIS MONNIER
NOTRE CONSEIL
l VENDRE : il est impossible d'être
positif sur cette société tant que
les comptes ne sont pas certifiés par les
commissaires aux comptes (S30).
Prochain rendezvous
: le 30 juin,
assemblée générale.
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