Altice France, en pleine tempête financière, s’apprête à enclencher une procédure de sauvegarde accélérée. Derrière ce terme juridique un peu flou se cache une réalité très concrète : un groupe asphyxié par une dette massive, un opérateur télécom historique menacé, et une manœuvre de Patrick Drahi pour garder le contrôle. Ce mercredi 21 mai, une source proche du dossier a confirmé l’imminence de cette étape judiciaire, annoncée depuis plusieurs mois.
Le groupe, propriétaire de SFR, veut ainsi finaliser un accord crucial avec ses créanciers. L’objectif : ramener la dette colossale de 24 milliards d’euros à 15,5 milliards. Ce tour de passe-passe financier passe par la cession de 45 % de son capital aux créanciers. Une opération aussi technique que vitale pour éviter un naufrage et redonner un peu d’air à un empire à bout de souffle.
Pourquoi Altice France se tourne vers la sauvegarde accélérée
Le recours à cette procédure s’inscrit dans un plan plus large, dévoilé fin février, visant à réorganiser la structure financière d’Altice. La phase de conciliation avec les créanciers s’est terminée par un accord recueillant plus de 90 % d’adhésion. C’est donc une formalité judiciaire qui s’annonce, mais avec des enjeux bien réels. La sauvegarde accélérée, prévue devant le tribunal de commerce de Paris, devrait permettre d’homologuer l’accord avant l’automne, selon les informations rapportées à l’AFP.
« Comme nous l’avons annoncé fin février, pour entériner l’accord sur la dette, nous devons mettre en place un processus juridico-administratif, dont la sauvegarde accélérée (…) fait partie », explique une source citée par l’AFP. L’opération vise à éviter un redressement judiciaire, en trouvant un consensus rapide avec les principaux créanciers pour sortir d’une impasse financière devenue chronique.
Ce n’est pas la première alerte pour le groupe de Patrick Drahi. Depuis plusieurs années, Altice navigue en eaux troubles, confronté à un endettement massif, des ventes d’actifs en cascade, et une réputation écornée par des scandales de corruption au Portugal.
Une stratégie de survie : ventes, cessions… et peut-être SFR ?
Pour éviter l’asphyxie, Altice France a lancé depuis un an une vaste cure d’amaigrissement. Exit l’activité médias, avec la vente de BFM et RMC. Exit les centres de données. Exit aussi la participation dans La Poste Mobile. À l’étranger, d’autres filiales du groupe ont suivi le même chemin.
Mais la prochaine étape pourrait être bien plus spectaculaire : la vente de SFR. Selon Bloomberg, des discussions seraient en cours avec plusieurs opérateurs, français et étrangers, pour céder l’opérateur, dont la valorisation tournerait autour de 30 milliards d’euros. Une éventuelle cession qui marquerait un tournant historique dans le paysage des télécoms français.
Car SFR reste un acteur majeur, avec des millions de clients et une empreinte forte dans l’Hexagone. Une vente entraînerait des répercussions économiques et sociales importantes, sans parler du signal envoyé à un marché en pleine recomposition.
Ce que la procédure va changer d’ici l’automne
La sauvegarde accélérée ne suspend pas l’activité d’Altice, ni celle de SFR. Elle ne vise pas non plus à apurer les dettes comme dans un redressement. Elle permet de valider un accord déjà négocié, et de rassurer les créanciers sur la viabilité future du groupe.
Voici les principaux éléments attendus d’ici l’automne :
- Validation judiciaire de l’accord : à travers le tribunal de commerce de Paris.
- Réduction de la dette : de 24 milliards à 15,5 milliards d’euros.
- Entrée des créanciers au capital : à hauteur de 45 %.
- Possibles ventes supplémentaires d’actifs, dont potentiellement SFR.
Altice, qui a quitté la Bourse en 2021, joue désormais son avenir à huis clos. Sans cotation publique, mais sous le regard attentif de ses partenaires, de ses créanciers… et de ses abonnés. Le plan mis en place pourrait sauver le groupe – ou précipiter un changement d’ère.
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