La situation s’assombrit pour Auchan France, le cinquième plus grand distributeur français. Ce mardi, la direction de l’enseigne, appartenant au groupe Mulliez, devrait annoncer un plan social de grande envergure aux représentants des salariés, menaçant près de 2 300 postes parmi les 54 000 que compte le groupe en France. Ce projet, confirmé par des sources internes, touchera principalement les fonctions supports et les magasins, selon l’AFP. En pleine tourmente financière, Auchan espère ainsi redresser la barre dans un marché de plus en plus compétitif où il peine à maintenir sa position.
Un bilan financier préoccupant et une restructuration nécessaire
Sous la houlette de son nouveau directeur général, Guillaume Darrasse, arrivé en avril dernier, Auchan ne peut plus ignorer ses difficultés financières. Pour le premier semestre de 2024, la maison mère Elo a enregistré une perte nette de près d’un milliard d’euros, largement imputée à la contre-performance d’Auchan France. Le chiffre d’affaires a plongé de 4,7 % et l’Ebitda a baissé de 115 millions d’euros, signalant une situation critique pour l’enseigne.
Cette crise intervient alors qu’Auchan doit affronter une concurrence redoutable, notamment de la part de Leclerc, qui continue de dominer le marché grâce à une politique de prix serrée et une meilleure gestion de l’inflation. En réaction, le groupe Mulliez semble déterminé à revoir de fond en comble sa stratégie pour sauver ce qui peut encore l’être.
La fin d’une ère pour les hypermarchés géants
Les grandes surfaces, qui avaient fait le succès d’Auchan dans les années 1960 et 1970, sont devenues un poids pour l’enseigne. Afin de réduire ses coûts, Auchan prévoit de diminuer la surface commerciale d'environ un tiers de ses hypermarchés en Europe, ce qui représente une réduction moyenne de 25 % des espaces de vente. Cette réduction de voilure s’inscrit dans une stratégie visant à adapter l’offre aux nouvelles attentes des consommateurs, qui préfèrent aujourd’hui des points de vente plus compacts et une expérience d’achat plus pratique.
La situation est d’autant plus délicate que cette annonce fait écho à des mesures similaires prises par Auchan par le passé. En septembre 2020, un précédent plan social avait déjà entraîné la suppression de 1 475 postes en France, en plus d’un plan de départs volontaires de plus de 500 postes en début d’année.
Une alliance stratégique avec Intermarché et Casino pour faire face à la concurrence
Pour rester compétitif, Auchan a également entrepris une collaboration de dix ans avec ses concurrents Intermarché et Casino, visant à mutualiser les achats de produits alimentaires. Cette alliance stratégique est destinée à renforcer le pouvoir de négociation de chaque enseigne face aux fournisseurs et à stabiliser les coûts des produits vendus dans leurs rayons. Toutefois, cette mutualisation suscite des inquiétudes parmi les organisations syndicales, qui craignent des répercussions sur les emplois et les conditions de travail.
Malgré cette tentative de mutualisation des ressources, Auchan doit encore trouver des solutions pour redresser sa trajectoire financière et reconquérir sa part de marché. En France, Auchan détient un peu plus de 9 % des parts de marché, bien loin derrière E.Leclerc (24,1 %), Carrefour (21,4 %), et Intermarché (17,4 %), selon les données de Kantar. Ce désavantage pose de sérieux défis pour le groupe, qui doit composer avec une érosion de sa clientèle et des performances en retrait par rapport aux autres distributeurs.
Une réunion sous tension pour l’avenir des salariés
Les délégués syndicaux de l’entreprise redoutent des répercussions massives sur l’emploi et la stabilité du groupe. Les représentants du personnel de plusieurs entités d’Auchan en région lilloise se retrouveront mardi pour un CSE (Comité Social et Économique) afin de faire le point sur la situation et sur les implications du plan social qui pourrait affecter directement leurs équipes. « Les mesures de réduction envisagées concernent à la fois les sièges et les magasins, » rapporte une source proche du dossier, confirmant les inquiétudes des salariés quant à la portée de cette restructuration.
En dépit des incertitudes, la direction d’Auchan n’a pas souhaité apporter de commentaires supplémentaires, soulignant la difficulté de cette situation pour l’ensemble des parties prenantes. Pour le groupe Mulliez, le défi est désormais d’enrayer cette spirale de pertes et de retrouver une dynamique positive, tout en préservant autant que possible les emplois.
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