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Biden se dresse contre le rachat d'U.S. Steel par le japonais Nippon Steel


Actualité publiée le 14/03/24 23:34
Un site d'U.S. Steel à North Braddock, le 21 janvier 2020 en Pennsylvanie
Un site d'U.S. Steel à North Braddock, le 21 janvier 2020 en Pennsylvanie (AFP/Archives/Brendan Smialowski)

Le rachat de l'aciériste américain U.S. Steel par le japonais Nippon Steel, pour près de 15 milliards de dollars, a buté jeudi sur un obstacle de taille: le président Joe Biden, en campagne pour un second mandat, s'y oppose au nom de la défense des "travailleurs" américains.

"U.S. Steel est une entreprise emblématique depuis plus d'un siècle, et il est vital qu'elle reste une société américaine, contrôlée et gérée depuis les Etats-Unis", a affirmé Joe Biden dans un communiqué.

"Il est important que nous maintenions des entreprises sidérurgiques américaines solides, opérées par des travailleurs américains", a-t-il ajouté.

L'inquiétude est particulièrement forte en Pennsylvanie (nord-est), Etat dans lequel se trouve le siège d'U.S. Steel et qui sera décisif lors de l'élection présidentielle en novembre.

Les deux groupes ont réagi dans un communiqué commun, affirmant avoir "confiance dans le fait que (leur) partenariat (serait) un succès" pour l'emploi et la chaîne d'approvisionnement aux Etats-Unis, "tout en renforçant la compétitivité de l'économie américaine et en forgeant une résistance contre les menaces de la Chine".

Ils ont rappelé que le groupe japonais avait "clairement indiqué qu'il n'y aurait pas de suppressions d'emplois, pas de fermetures d'usines ni de transferts de production du fait de cette transaction".

- "Sécurité nationale" -

"Nous continuerons à défendre cette opération et nous sommes confiants dans le fait qu'un examen impartial et réfléchi aboutira à son approbation", ont-ils conclu.

L'action U.S. Steel a terminé jeudi en baisse de 3,36% à la Bourse de New York.

Un site de Nippon Steel, le 16 février 2024 à Kitakyushu, au Japon
Un site de Nippon Steel, le 16 février 2024 à Kitakyushu, au Japon (AFP/Archives/Philip FONG)

Cette annonce, susceptible de froisser Tokyo, intervient à l'approche d'une visite d'Etat du Premier ministre japonais Fumio Kishida à la Maison Blanche, prévue le 10 avril.

"L'alliance avec le Japon est plus solide que jamais", a assuré jeudi John Kirby, porte-parole du Conseil de sécurité nationale. "Nous avons hâte de cette visite."

Pour Thibault Denamiel, du Centre des études internationales et stratégiques (CSIS), "il serait compréhensible" que Tokyo "soit contrarié par le manque de soutien réciproque" à cause de "pressions politiques internes".

Joe Biden, qui se présente en défenseur de l'industrie américaine, s'était déjà inquiété pour la "sécurité nationale" et la "fiabilité" de l'approvisionnement en acier à l'annonce du mariage en décembre.

Le républicain Donald Trump --qui, sauf surprise, sera son adversaire en novembre-- a promis qu'il le bloquerait s'il retournait à la Maison Blanche, selon des propos rapportés par la presse américaine.

MM. Biden et Trump "cherchent le soutien des syndicats puissants qui pourraient faire la différence dans les cruciaux +swing states+", pouvant basculer le vote dans l'un ou l'autre camp, relève Thibault Denamiel.

Les protestations syndicales et politiques se sont multipliées.

Face à ces craintes, les deux groupes ont soumis, dès fin décembre, leur projet à l'agence gouvernementale chargée d'évaluer le risque des investissements étrangers pour la sécurité nationale des Etats-Unis, le CFIUS.

Si le CFIUS considère qu'il existe un risque, il en réfère au président des Etats-Unis, qui prend la décision finale (validation, interdiction, feu vert sous conditions).

U.S. Steel avait lancé une revue stratégique en août 2023 après avoir reçu plusieurs offres non sollicitées pour un rachat partiel ou total.

- "Soutien infaillible" -

L'entreprise avait rejeté, à l'époque, une offre de son concurrent américain Cleveland-Cliffs (CLF), qui voulait une union totale pour former le seul sidérurgiste américain du Top 10 mondial en volume de production (31 millions de tonnes).

Un site d'U.S. Steel à North Braddock, le 27 octobre 2022 en Pennsylvanie
Un site d'U.S. Steel à North Braddock, le 27 octobre 2022 en Pennsylvanie (AFP/Archives/Branden EASTWOOD)

Cette offre était validée par le syndicat des métallurgistes USW, qui avait même affirmé qu'il ne soutiendrait personne d'autre.

Le syndicat "se réjouit" désormais de la déclaration de Joe Biden, a indiqué David McCall, président pour l'international.

Selon lui, la détention d'U.S Steel par un groupe étranger rendrait "vulnérables" la défense et les infrastructures cruciales américaines.

"Les déclarations du président devraient mettre un terme au débat", a-t-il estimé, se disant "reconnaissant" envers Joe Biden "pour son soutien infaillible".

D'après la Maison Blanche, ce dernier a téléphoné jeudi matin à M. McCall pour l'assurer que les métallurgistes pouvaient compter sur lui.

Sollicité par l'AFP, CLF n'a pas réagi.

Son patron Lourenco Goncalves a indiqué à l'agence Bloomberg qu'il pourrait envisager une nouvelle offre, avec le soutien de l'USW, mais à un prix bien plus bas que celui du Japonais.

Pour Matthew Miller, analyste de CFRA Research, le risque d'une telle opération en année électorale était élevé.

"Il est très surprenant et décevant qu'U.S. Steel ait ignoré les risques" en optant pour Nippon Steel au lieu de CLF, dont l'offre était "très proche" à 54 dollars par action, a-t-il expliqué.

Le géant japonais compte débourser 55 dollars par action, soit 14,9 milliards de dollars au total (dette incluse). La finalisation était attendue, au plus tard, au troisième trimestre 2024.

L'attrait d'U.S. Steel découle, d'après des observateurs, en particulier du fait qu'il a achevé en 2023 un coûteux plan d'investissement comprenant notamment l'installation de fours à arc électrique au lieu de hauts-fourneaux au charbon, pour réduire son empreinte carbone.

© 2024 AFP

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