(ABC Bourse) - Depuis Paris, Christine Lagarde a lancé un appel direct aux dirigeants européens. Face aux incertitudes politiques américaines, la présidente de la Banque centrale européenne veut renforcer le rôle mondial de la monnaie unique, devenue la deuxième devise la plus utilisée après le dollar. Selon elle, l’Europe doit reprendre le contrôle de son destin économique.
L’euro s’est apprécié ces derniers mois, alors que les investisseurs délaissaient le billet vert pour des valeurs jugées plus sûres, comme l’or ou les obligations européennes. Mais la taille limitée du marché des dettes souveraines de la zone euro rend la monnaie vulnérable aux mouvements brusques de capitaux. "D'une certaine manière, nous subissons les conséquences des décisions politiques prises à Washington et des choix d'allocation de portefeuille effectués à l'échelle mondiale, sans pouvoir exercer une grande influence", a déclaré Christine Lagarde. "Mais rester spectateurs n'est pas une option. Nous ne pouvons pas rester un refuge passif, absorbant les chocs créés ailleurs. Nous devons faire de l’euro une monnaie dont le destin est entre nos mains", a-t-elle plaidé.
Christine Lagarde appelle à reprendre la main sur l’euro
Les critiques craignent qu’un euro plus fort pénalise les exportateurs européens. Ils estiment qu’une demande accrue d’actifs libellés en euros entraînerait une hausse durable de la devise, réduisant la compétitivité à l’international. Pour Christine Lagarde, ce raisonnement est simpliste. Selon elle, il n’existe pas de lien mécanique entre le poids de l’euro et la performance économique des États membres. L’Europe peut, au contraire, tirer parti de cette dynamique en développant davantage ses échanges internes et en facturant une part croissante de son commerce extérieur en euros.
Les freins internes de l’Europe pointés par la présidente de la BCE
La dirigeante de la BCE a aussi reconnu que les faiblesses du continent restaient largement internes. "Nos résultats plus faibles s'expliquent surtout par des barrières internes : la fragmentation des réglementations, des régimes fiscaux, des procédures de faillite, et l'inachèvement de l'union des marchés de capitaux", a-t-elle affirmé. "À cela s'ajoutent des défis structurels - coûts élevés de l'énergie, faible productivité, réticence à financer des projets communs - qui dépendent en grande partie de nous", a-t-elle ajouté. Pour elle, c’est par une Europe plus intégrée et plus audacieuse que la monnaie commune pourra devenir un véritable pilier du système financier mondial.
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