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En 2008, les banques étaient en première ligne face à la grande crise économique. En 2020, face à une pandémie qui cloue les avions au sol, ce sont les compagnies aériennes du monde entier qui crient à l'aide et qui, pour certaines, ne survivront pas au choc.
Un sentiment de peur mêlé aux interdictions de voyager ont conduit à une baisse de la demande et à l'annulation de plus de 185.000 vols.
La situation mondiale est "sans précédent" et "personne ne sait combien de temps cela durera et quel en sera l'impact", estime Brendan Sobie, un analyste indépendant du secteur, basé à Singapour.
"D'ici fin mai 2020, la plupart des compagnies aériennes dans le monde feront faillite", a pour sa part mis en garde lundi la société d'analyse des marchés CAPA.
Face à ces sombres perspectives, les compagnies se tournent vers les autorités, espérant être renflouées, comme nombre de banques lors de la crise financière de 2008.
Le transport aérien américain a demandé des aides d'urgences pouvant aller jusqu'à 50 milliards de dollars au gouvernement fédéral pour survivre.
Les compagnies britanniques auraient demandé au gouvernement plus de 9 milliards de dollars d'aides.
"Nous devons soutenir les compagnies aériennes. Ce n'est pas de leur faute", a déclaré le président Donald Trump peu après lors d'un briefing à la Maison Blanche, sans annoncer de mesures concrètes.
De son côté, le gouvernement italien est prêt à nationaliser la compagnie aérienne Alitalia.
- Des aides controversées -
Selon des médias, Rome a prévu une enveloppe globale de 600 millions d'euros pour l'ensemble du secteur aérien national, dans lequel Alitalia représente la part du lion.
Mais de telles aides financières n'iront pas sans susciter la controverse notamment chez ceux qui, en 2008, avaient déjà critiqué les vastes plans de sauvetage des banques.
Elles ne feront pas non plus l'unanimité auprès des défenseurs de l'environnement qui accusent le transport aérien, très polluant, de contribuer au changement climatique.
Par ailleurs, un grand nombre de pays étant menacés de récession, les gouvernements vont être contraints de trancher sur les secteurs à aider en priorité.
"Les compagnies aériennes figurent peut-être en tête de liste mais presque toute l'industrie mondiale est confrontée à des pressions sans être renflouées par le gouvernement", a souligné Stephen Innes, un responsable de la stratégie des marchés chez AxiCorp.
Reste que le transport aérien est un acteur économique de poids et même vital pour des secteurs comme le tourisme, ou pour les ventes des géants de l'industrie comme Boeing, Airbus ou Rolls-Royce, qui pèsent très lourd dans les échanges commerciaux mondiaux.
Sans compter le poids politique et symbolique attaché aux grandes compagnies historiques telles qu'Air France ou Lufthansa.
En attendant, les compagnies aériennes font la course à la réduction des coûts: suppression d'emplois, arrêts de certaines liaisons, renégociations des contrats des fournisseurs et utilisation d'avions plus petits et moins chers font partie des mesures prises.
En Europe, Groupe ADP, qui gère les aéroports parisiens de Roissy-Charles-de-Gaulle et d'Orly, prévoit un recul du trafic de 25% sur ses principales plateformes à partir de mars et sur les quatre ou cinq mois à venir.
- Hausse des tarifs -
Il va fermer une partie de ses infrastructures à Paris et des aéroports à l'étranger (Amman en Jordanie, Ohrid en Macédoine et Riga en Lettonie).
Air France va mettre en place à partir du 23 mars, un dispositif de chômage partiel pour l'ensemble de ses salariés pour une période de six mois, mesure qui affectera en moyenne 50% du temps de travail, selon des sources syndicales.
Air France-KLM prévoit une réduction de son activité de 70% à 90% lors des deux prochains mois au moins.
L'allemande Lufthansa, autre compagnie historique en Europe, va supprimer "jusqu'à 90%" de ses capacités de vols long courriers et maintiendra seulement 20% des capacités sur les trajets courts.
Sa filiale autrichienne Austria suspend tous ses vols réguliers à partir de jeudi et jusqu'au 28 mars.
Outre-Manche, IAG, maison mère de British Airways, a annoncé prévoir une réduction de sa capacité de vols d'"au moins 75%" en avril et mai.
Les compagnies aériennes russes risquent également d'importantes pertes et des faillites, a mis en garde mardi le chef de l'Agence fédérale d'aviation.
Les compagnies américaines, qui ont dû supprimer des milliers de vols, suspendu des liaisons transatlantiques, geler des embauches, ont besoin de 25 milliards de dollars en urgence et de 25 milliards supplémentaires en prêts à court et moyen termes.
Cette crise pourrait également entraîner, sur le long terme, de grands changements pour les voyageurs et notamment "un hausse des tarifs car les compagnies vont tenter de rattraper leurs pertes", prévient Shukor Yusof, analyste de la société malaisienne de conseil aéronautique Endau Analytics.
bur-sw-cda-lo-juf/aue/lth
© 2020 AFP
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