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Couche-Tard et Carrefour: pour Paris, c'est définitivement "non"


Actualité publiée le 15/01/21 12:55

Un hypermarché Carrefour à Saint-Herblain, près de Nantes, le 13 janvier 2021 (AFP/LOIC VENANCE)

Discussions sur un rapprochement "interrompues", mais "opportunités de partenariats opérationnels" à l'étude: au lendemain du veto du gouvernement français sur une fusion, le canadien Couche-Tard et le français Carrefour ont réaffirmé samedi leur volonté de travailler ensemble, quoique sous une forme différente.

"Des discussions préliminaires" avaient été engagées "à la suite d'une démarche amicale" de Couche-Tard, expliquent les deux entreprises samedi soir, au sortir d'un conseil d'administration du français Carrefour. Mais, "au vu des récents événements, ces discussions sont interrompues".

Ces "récents événements", c'est bien sûr le veto "courtois, mais clair et définitif" que le gouvernement français a opposé au rachat "d'un des grands distributeurs français". Motif: "la sécurité alimentaire n'a pas de prix", comme l'a déclaré Bruno Le Maire, ministre de l'Economie, vendredi sur BFMTV et RMC.

Une prise de position d'autant plus dissuasive que le gouvernement a le pouvoir de bloquer les opérations de rachat dans l'industrie agroalimentaire, via la réglementation sur le contrôle des investissements étrangers.

- "Achats en commun" -

Cependant, Carrefour et Couche-Tard ne vont pas stopper toutes discussions. Ils entendent bien "examiner des opportunités de partenariats opérationnels", portant, par exemple, sur "le partage de bonnes pratiques dans la distribution de carburant", "le développement d'achats en commun", ou encore "l'optimisation de la distribution de produits sur les géographies communes aux deux groupes".

"Construire des partenariats innovants est un point clef de la stratégie de transformation de Carrefour", a justifié le PDG de Carrefour Alexandre Bompard, pour qui le partenariat avec Couche-Tard "s'inscrit pleinement dans cette stratégie qui nous a déjà permis de retrouver une voie de croissance rentable".

Quel regard y porte Bruno Le Maire et le gouvernement? Contacté par l'AFP samedi soir, Bercy n'a pas souhaité commenter ces nouveaux développements.

A Ottawa, la ministre du Commerce international Mary Ng a exprimé une réaction mitigée, "regrettant" l'abandon des discussions sur un rapprochement après le véto français, tout en se disant "encouragée" par la recherche de partenariats opérationnels.

La veille, une source gouvernementale n'avait pas caché la frustration de gouvernement libéral de Justin Trudeau.

"On peut soutenir qu'il est possible politiquement de décider de ne pas autoriser que le principal employeur du pays passe entre des mains étrangères", a reconnu cette source jointe par l'AFP. "Mais on ne peut pas accuser une entreprise canadienne de premier plan comme Couche-Tard de mettre en danger la souveraineté alimentaire de tout un pays".

- "Pas le bon timing" -

Le veto du gouvernement avait en tout cas surpris les milieux d'affaires français, certains faisant l'hypothèse d'une décision "plus politique qu'économique". Un analyste financier ayant requis l'anonymat observait de son côté que "le timing de l'opération n'était pas le bon avant les élections". A fortiori concernant un groupe qui est le "premier employeur privé" dans l'Hexagone.

Dans le communiqué de samedi, le président et chef de la direction de Couche-Tard Brian Hannasch a en tout cas semblé se satisfaire du compromis trouvé - peut-être parce qu'il laisse la porte ouverte à différentes options, par exemple à une alliance capitalistique à plus long terme.

"Les opportunités opérationnelles avec Carrefour nous permettront d'accomplir notre ambition de devenir un leader mondial de la grande distribution", a-t-il estimé. "Les domaines de coopération envisagés sont alignés avec notre plan stratégique, notre engagement à nous renforcer sur nos activités principales comme les formats de proximité et la distribution de carburant, et notre volonté d'explorer les multiples opportunités dans les zones de croissance associées", a-t-il encore expliqué.

Son entreprise a toutefois vu son cours de Bourse dévisser d'environ 10% après l'annonce de discussions, les analystes se montrant dubitatifs quant à la "création de valeur" d'un rapprochement entre deux groupes très différents, un champion du format petite taille réalisant 70% de son chiffre d'affaires par la vente d'essence d'une part, un géant des grandes surfaces d'autre part.

"Jusqu'à présent, leur stratégie était de dire que malgré la transition énergétique, l'essor des voitures électriques, leur business a un avenir en dépit de leur exposition aux stations essence", expliquait vendredi un analyste financier ayant demandé l'anonymat. Or, un rapprochement avec Carrefour répondrait à l'idée "de diluer le poids des ventes de stations essence dans le groupe, en s'offrant une plateforme de distribution qui se développe en ligne pour accélérer sur le retail".

Côté Carrefour, le veto du gouvernement avait fait retomber son cours de Bourse à 16,61 euros à la clôture vendredi. Mais c'est un niveau plus élevé qu'avant l'intérêt de Couche-Tard, qui témoigne d'un distributeur devenu "(re)désirable", analysait vendredi sur son blog le spécialiste de la distribution française Olivier Dauvers.

jl-et-ngu-cda/ak/dlm

© 2021 AFP

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9 commentaires sur cet article. Participez à la discussion.

plantieres
15/01/21 13:58
"refus clair et définitif" nous dit le sinistre de l'économie franchouillarde ; ça confirme la pertinence de l'adage "seuls les zimbéciles ne changennt jamais d'avis".
manuborelli
15/01/21 20:43

c’est quoi le rapport entre l’état et carrefour ?

je comprends pas là.

mika57
15/01/21 20:50

L'Etat par intermédiaire de BLM veut se poser en défenseur des entreprises françaises et de ses emplois, montrer qu'il ne les laisse pas partir pour rien sans garenties.

Comme Alstom, comme Ford, comme GE, Whirlpool, etc.

Il s'agite, sachant qu'il ne peut pas y faire grand chose, sauf via une loi, pour (essayer de) redorer son blason à l'approche des élections et faire oublier ses prévisions de croissance révisées toutes les 2 semaines en 2020.

Aucun rapport entre l'Etat et Carrefour, mais la comm, ça paie dans les sondages

fipuaa
15/01/21 21:07

une com de félons comme ils en ont l'habitude car l'UE qui gouverne dit oui à cela

les états ne sont plus souverains il faut bien intégrer cela

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