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Cuba: les restrictions de Trump risquent d'ébranler le secteur privé


Actualité publiée le 16/06/17 22:16

L'hôtel Sheraton à La Havane, le 28 juin 2016 (AFP/Archives/YAMIL LAGE)

En annonçant de nouvelles restrictions aux échanges avec Cuba, Donald Trump souhaite frapper au portefeuille le régime communiste, mais ces mesures risquent surtout d'affaiblir le petit entrepreneuriat privé, fortement dépendant du tourisme.

Outre des sanctions commerciales visant l'armée cubaine, Donald Trump va durcir les contrôles sur les voyages d'Américains sur l'île, revenant sur les assouplissements concédés par son prédécesseur Barack Obama dans le cadre du rapprochement historique engagé fin 2014 avec l'ex-ennemi de la Guerre froide.

Plusieurs entreprises américaines s'en sont ouvertement inquiétées ces derniers jours, telles que la chaîne hôtelière Starwood, qui a inauguré il y a un an un Sheraton à Cuba.

Mais si une baisse des réservations est à redouter du côté des voyagistes, croisiéristes, hôteliers ou compagnies aériennes américaines, les experts craignent surtout les conséquences de l'autre côté du détroit de Floride.

"Pour l'économie cubaine et le secteur privé, ce revirement constitue un énorme choc", affirme Michael Shifter, président du cercle de réflexion Dialogue interaméricain, basé à Washington.

"Les nouvelles mesures s'attaquent aux deux uniques sources de croissance de l'économie cubaine: le secteur touristique et le secteur privé", abonde l'économiste cubain Pavel Vidal, de l'université Javeriana de Cali.

- Lettre à Ivanka -


Des touristes se promènent dans les rues de La Havane, le 15 juin 2017. Près de 300.000 Américains se sont rendus sur l'île au cours des cinq premiers mois de 2017, soit un bond de 145% sur un an (AFP/Archives/YAMIL LAGE)

Dans un courrier envoyé cette semaine à la fille aînée et conseillère du président américain, Ivanka Trump, 55 femmes chefs d'entreprises cubaines ont averti qu'un tel recul "provoquerait la faillite de nombreux commerces" privés et des "souffrances pour les familles qui en dépendent".

Près de 300.000 Américains se sont rendus sur l'île entre janvier et mai, soit un bond de 145% sur un an. En 2016, Cuba avait accueilli 284.937 visiteurs des Etats-Unis, 74% de plus qu'en 2015.

Ces chiffres restent limités comparés au 4 millions de touristes ayant visité l'île en 2016, mais d'après une enquête de l'institut américain Public Opinion Strategies, plus de 75% des voyageurs américains à Cuba logent dans des hôtels privés et 99% prennent leurs repas dans des restaurants privés.

La croissance du petit entrepreneuriat indépendant, autorisé depuis quelques années par Raul Castro, "est liée à la demande touristique qui a augmenté avec le flux de visiteurs américains (...) Si la demande baisse, les commerces privés seront durement affectés", explique M. Vidal.

Et rien n'indique pour l'heure que ces effets seront atténués par les efforts annoncés par la Maison blanche pour "encourager les commerces libres" à Cuba.

"Une réduction du tourisme américain serait clairement un coup dur pas seulement pour les taxis, mais aussi pour tous les commerces privés", s'inquiétait vendredi Carlos Alberto Gonzalez, chauffeur de taxi de 23 ans rencontré à La Havane.

- Contre-productif -

En interdisant tout commerce avec le puissant Groupe d'administration d'entreprises (Gaesa, holding d’Etat contrôlé par les forces armées), Trump vise les militaires, garants et acteurs-clés du régime de Raul Castro. Le Gaesa contrôle depuis les années 1990 des pans entiers de l'économie cubaine et surtout du secteur stratégique du tourisme.

Pour les experts, ce coup porté à l'armée pourrait également être néfaste pour une économie entrée en récession en 2016 (PIB en recul de 0,9%) sur fond de baisse des livraisons de pétrole de son proche allié vénézuélien.

"Les entreprises contrôlées par l'armée sont aujourd'hui essentielles au fonctionnement des services touristiques. Si on limite leurs possibilités de recevoir des investissements externes et d'effectuer des transactions internationales, l'économie s'en ressentira à coup sûr", prévient M. Vidal.

Toutefois, une grande partie de l'économie étatique reste à l'abri de ces mesures puisque de nombreux secteurs d'exportation ne dépendant pas de l'armée, comme le nickel, les services médicaux, le rhum, le tabac ou la production de produits pharmaceutiques.

Pour M. Vidal, les nouvelles mesures annoncées par Trump sont "contre-productives car elles affectent directement le peuple cubain et n'aident pas à la promotion des changements économiques, sociaux et politiques".

A l'inverse, renchérit M. Shifter, "ces mesures risquent de renforcer (les tenants d'une) ligne dure à Cuba, au moins sur le court terme", au moment où Raul Castro s'apprête à céder la présidence à la nouvelle génération du Parti communiste cubain (PCC) en février prochain.

En attendant une réaction officielle du gouvernement cubain, un édito du quotidien du PCC Granma donnait le ton vendredi en regrettant le choix de l'administration Trump de lancer le message "d'un retour de la Guerre froide".

© 2017 AFP

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