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De l'importance des dividendes, le cas Natixis vu au travers du prisme du CAC 40 GR


Actualité publiée le 15/06/21 15:41

Le dividende n’a pas bonne réputation ni réelle considération. Ostracisé dans le débat politique, il apparait comme un mode de rémunération accessoire par rapport au mode de rémunération premier que constitue l’espérance de plus-value, alpha et oméga de tout investissement en bourse.

Et pourtant, bien que vilipendés et oubliés par les analystes dans leurs décomptes, les dividendes prospèrent. Leurs montants ne cessent d’augmenter et ont doublé en quinze ans, suivant une progression seulement interrompue par la crise de 2009. En 2019, la progression annuelle des dividendes versés est plus élevée (+ 13 %) que celle des résultats nets courants, part du groupe qui ressort à 7 %. Le taux de distribution des entreprises du CAC 40 progresse d’un point, à 47 % et, en tenant compte des rachats d’actions et des dividendes extraordinaires, il est de 59 %.

A tort ou à raison, le dividende est une composante à part entière de la rémunération de l’actionnaire, sa prise en compte est essentielle pour évaluer correctement le gain ou la perte d’un investissement dans une valeur. Un indice, le CAC 40 GR, pour « Gross Total Return », permet d’apprécier l’ampleur de l’écart en résultant.

Créé en même temps que le CAC 40, fin 1987, et avec le même niveau, 1000 points, le CAC 40 GR est aujourd’hui à 18400 pour un CAC 40 à 6500, soit une performance de rentabilité près de trois fois supérieure.  Il est vrai que sur une période aussi longue, le jeu des intérêts composés joue à plein, mais même sur une période plus courte, la différence reste plus que significative, +133% au mieux de +67% sur 10 ans, +68% au lieu de +47% sur 5 ans. Suffisamment significative pour que le DAX allemand équivalent du CAC français, créé à peu près à la même date, en 1988, ait fait le choix du dividende réinvesti et s’affiche à 15600 quand le CAC est à 6500.

Plus que le CAC 40, le CAC40 GR reflète la situation effective agissant dans le cadre d’un PEA ou les dividendes sont reçus sans imposition, ni taxes, et peuvent être réinvestis librement, le seul biais effectif résultant de l’absence de prise en compte des commissions de gestion et frais de courtage. Un autre exemple, celui de l’action Natixis, met en évidence les erreurs d’appréciation résultant de l’absence de prise en compte des dividendes.

A l’occasion de l’offre publique d’acquisition présentée par BPCE, en faisant état d’un prix d’introduction de 19,55 € et d’un prix de rachat de 4 €, les forums boursiers comme les journaux financiers se sont épanchés sur les malheurs des porteurs d’actions Natixis, concluant implicitement et faussement qu’ils avaient perdu 80% de leur mise initiale. La prise en compte des dividendes importants distribués par Natixis, le plus souvent sensiblement supérieurs à ceux versés par les autres banques cotées, les auraient conduits à relativiser leur jugement, voire à le modifier.

De fait, un actionnaire de Natixis ayant initialement investi 100€ lors de l’introduction en bourse de Natixis en décembre 2006 à 19,55€, puis ayant souscrit à l’augmentation de capital proposée en 2008, a perçu pendant la période environ 48€ au titre des dividendes versés par Natixis à ses actionnaires (y compris le dividende de 0,06 euro par action proposé au titre de 2020 et payé en 2021). Apporter ses titres à l’opération proposée au cours de 4,00€ par action lui permet de ressortir en 2021 avec une valeur en poche de 80€. En comparaison, un investissement de 100 € effectué le même jour en actions Crédit Agricole S.A. fait ressortir une valeur de 68€ aujourd’hui, un investissement en actions Société Générale une valeur de 37€, et un investissement en actions BNP Paribas une valeur de 109€.

Si au lieu d’investir 100€ en décembre 2006, le même actionnaire les avait investis en juillet 2009 lors de la création de BPCE, il se retrouverait, après avoir apporté ses titres à l’offre de retrait, avec une valeur en poche de 410€ à comparer à la somme de 91€ pour un investisseur en actions Société Générale, 171€ pour un investisseur en actions Crédit Agricole et 159€ pour un investisseur en actions BNP Paribas. Une fois de plus, il est à noter l’importance de la composante dividendes : une valeur en poche totale de 410€ représente un gain de 310€, dont 191€ (soit plus de la moitié !) provient des dividendes versés et accumulés sur la période.

Si cette analyse ne consolera peut-être pas tous les porteurs d’actions Natixis, notamment ceux de la première heure, elle devrait en revanche inciter beaucoup d’entre eux à réfléchir à deux fois et surtout interpeller les analystes et journalistes financiers qui, une fois de plus, ont oublié de prendre en compte les dividendes. Le dividende vous dis-je !

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