OK
Accueil > Marchés > Cotation Cac 40 > Actus Cac 40

En Bourgogne, un abattoir mobile "prouve" qu'un élevage responsable est possible


Actualité publiée le 20/03/22 16:46
Un abattoir mobile installé dans une ferme, le 14 mars 2022 à Charolles
Un abattoir mobile installé dans une ferme, le 14 mars 2022 à Charolles (AFP/JEFF PACHOUD)

"On peut manger de la viande sans se culpabiliser": en Bourgogne, un abattoir mobile, unique en France, se déplace dans les fermes pour éviter aux animaux le stress du dernier voyage, "prouvant" ainsi qu'un élevage responsable est possible.

L'interminable route vicinale serpente à travers le bocage charolais, terre de bêtes à viande, contournant les prairies à l'herbe grasse et les collines recouvertes d'épaisses forêts.

Au bout d'un chemin boueux, la ferme d'Arnaud Kubiaczyk est tout juste assez grande pour accueillir dans sa cour les trois semi-remorques de 25 tonnes chacun qui, une fois dépliés comme des engins de foire, forment l'abattoir mobile qui va tuer cinq des 140 bœufs Hereford du modeste élevage.

Dans le premier semi, une porte laisse entrer la bête qui y sera - comme dans les abattoirs conventionnels - étourdie puis abattue au pistolet à tige perforante, avant d'être dépecée.

La carcasse ira dans le deuxième camion et les déchets dans le troisième.

Le dispositif est installé juste à la sortie de l'étable: pour son dernier voyage, le bœuf ne devra parcourir que quelques dizaines de mètres.

"Avant, fallait que je les emmène à l'abattoir, à 30 minutes. Ici, ça prend une minute ou deux", se félicite Arnaud.

"Les bêtes sont tuées là où elles sont nées et élevées. C'est le même endroit, les mêmes odeurs et les bêtes broutent tranquillement jusqu'à la dernière minute", explique l'éleveur en montrant ses Hereford la gueule débordant de foin.

Un éleveur accompagne l'une de ses vaches vers un abattoir mobile installé dans sa ferme, le 14mars 2022 à Charolles
Un éleveur accompagne l'une de ses vaches vers un abattoir mobile installé dans sa ferme, le 14mars 2022 à Charolles (AFP/JEFF PACHOUD)

"Le stress est minimal", juge Arnaud, qui a découvert ce système inédit en France "sur Facebook".

"J'avais entendu parler d'abattoirs mobiles en Suède. Je suis allée voir et j'ai été bluffée: c'était comme magique, on arrêtait le stress des animaux", explique Émilie Jeannin, initiatrice du projet et elle-même exploitante d'un élevage "durable", favorisant au maximum le temps passé sur les prairies naturelles.

"On peaufine nos bêtes pendant des années et tout ce travail peut être ruiné en quelques heures" avec le stress de l'abattage, qui est non seulement une maltraitance mais réduit de plus la tendreté de la viande, souligne l'éleveuse.

- "Le goût du respect" -

Depuis sa visite en Suède, en 2016, il aura fallu six ans pour mener à bien le projet : trouver le million et demi d'euros nécessaire au financement, puis obtenir l'agrément, dont le dossier "fait 180 pages", soupire Émilie.

Un éleveur accompagne l'une de ses vaches vers un abattoir mobile installé dans sa ferme, le 14mars 2022 à Charolles
Un éleveur accompagne l'une de ses vaches vers un abattoir mobile installé dans sa ferme, le 14mars 2022 à Charolles (AFP/JEFF PACHOUD)

Après six mois de tests, depuis fin août, l'autorisation définitive a été accordée le 23 février. "L'important était de prouver que c'est opérationnel", explique Émilie.

"Oui, la viande est plus chère, de 10 à 15%", reconnaît-elle, mais "les clients sont prêts à payer plus" car "on peut la manger sans culpabiliser".

Tandis qu'une "vingtaine" de projets similaires sont en gestation en France, selon Émilie, l'éleveuse concède qu'il faudra attendre juin pour avoir suffisamment "de recul" sur la rentabilité financière.

Mais "Le Bœuf éthique", société créée pour commercialiser la viande, vend déjà "tout ce qu'on rentre". Et les clients "se multiplient" : 30% de particuliers et 70% de professionnels, dont des restaurants et boucheries, qui veulent une viande "vertueuse", explique Émilie.

Un éleveur parle avec le responsable d'un abattoir mobile installé dans sa ferme, le 14 mars 2022 à Charolles
Un éleveur parle avec le responsable d'un abattoir mobile installé dans sa ferme, le 14 mars 2022 à Charolles (AFP/JEFF PACHOUD)

Car l'entreprise, qui a pour slogan "le goût du respect", ne se contente pas d'éliminer le stress du transport à l'abattoir. Il revendique également un abattage responsable.

"Ici, on n'a pas de cadences imposées. On prend le temps, par exemple de regarder si la bête est bien assommée", confirme le manager de l'abattoir mobile, Guillaume. Deux bêtes seront tuées ce jour, et trois demain, alors qu'un abattage classique en fait souvent 80 à l'heure.

Défendant "le bien être de l'animal", l'initiative entend également assurer celui de l'éleveur grâce à une "juste rétribution".

Un éleveur choisit les bêtes qu'il va conduire à un abattoir mobile installé dans sa ferme, le 14 mars 2022 à Charolles
Un éleveur choisit les bêtes qu'il va conduire à un abattoir mobile installé dans sa ferme, le 14 mars 2022 à Charolles (AFP/JEFF PACHOUD)

"Non seulement je n'ai pas de frais de transport jusqu'à l'abattage mais, en plus, le Bœuf éthique achète à 5,20 le kg de carcasse. C'est environ 80 centimes de mieux, soit 8 à 9.000 euros en plus par an", se félicite Arnaud Kubiaczyk.

"Viande de qualité, écologie et juste rétribution", une trilogie gagnante qui, espère l'éleveur, va "redorer un peu notre image en ces temps d'+agribashing+".

© 2022 AFP

Vous avez aimé cet article ? Partagez-le avec vos amis avec les boutons ci-dessous.

Twitter Facebook Linkedin email

Soyez le premier à réagir à cet article

Pour poster un commentaire, merci de vous identifier.

VLuWbEwDiKrwTTEo35eTxD8OpBJQSZur1Qt9noqLvZo_H6xdxPshWfKsTR75i7XF
logiciel chart 365 Suivez les marchés avec des outils de pros !

Chart365 par ABC Bourse, est une application pour suivre les marchés et vos valeurs favorites dans un environnement pensé pour vous.