Le chiffre est brutal : 85 millions d’euros de perte nette pour Esso sur les six premiers mois de 2025. Un virage radical après un bénéfice net de 116 millions d’euros un an plus tôt. La filiale française d’ExxonMobil encaisse le contrecoup d’un environnement économique dégradé, entre marges de raffinage en chute libre et actifs dépréciés.
Dans un communiqué publié mercredi soir, l’entreprise a également fait état d’une perte opérationnelle de 158 millions d’euros, contre un bénéfice de 112 millions d’euros au premier semestre 2024. Une chute qui s’explique en partie par "la baisse des marges de raffinage et des prix du baril a conduit à des dépréciations sur les stocks", selon le groupe pétrolier.
La perte d'Esso : entre actifs dépréciés et ventes en recul
Le chiffre d’affaires d’Esso a plongé de 35 %, à 5,84 milliards d’euros. Cette contraction est directement liée à deux événements majeurs : la cession fin 2024 de la raffinerie de Fos-sur-Mer, et la baisse généralisée des cours des produits pétroliers. Autre élément significatif : une dépréciation d’actifs de 60 millions d’euros, équivalente à environ 12 % de la valeur nette des actifs industriels. Celle-ci traduit une révision à la baisse des prévisions de flux de trésorerie pour certains projets, mais aussi de nouvelles hypothèses de taux de change euro-dollar.
Vers une vente définitive à North Atlantic
Dans ce contexte tendu, l’avenir d’Esso S.A.F. passe désormais par le Canada. ExxonMobil, sa maison mère, est entrée en négociations exclusives avec le groupe North Atlantic pour lui céder sa participation de 82,89 % dans le capital de la filiale française. Si elle se concrétise, l’opération marquerait un tournant majeur dans l’histoire du groupe en France.
Selon Esso, "l'opération reste soumise à l'obtention de certaines autorisations réglementaires ainsi qu'à la finalisation de certains accords de financement, et devrait intervenir au cours du dernier trimestre de l'année 2025".
North Atlantic a tenté de rassurer sur ses intentions à long terme. Le groupe s’est engagé à préserver les équipes : "North Atlantic s'est engagé à conserver tous les emplois ainsi que les rémunérations et avantages dont bénéficient les salariés". Il prévoit également d’investir dans la raffinerie de Gravenchon, la deuxième plus grande de France, et de maintenir la marque Esso sur le réseau de stations-service, renforcé par l’intégration des stations BP en 2023.
Esso sort de l'indice SBF 120
Symbole fort de la fin d’une époque, Euronext a annoncé que l’action Esso quitterait l’indice SBF 120 le 19 septembre après la clôture des marchés. Une sortie sans surprise, mais qui acte la perte d’influence du groupe sur la scène boursière française. Reste à savoir si North Atlantic saura redonner un second souffle à l’entreprise tricolore.
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