Alors que l’Inde misait sur ses liens avec les États-Unis pour soutenir sa croissance, Donald Trump vient de doubler la mise : désormais, de nombreux produits indiens seront taxés à 50% à leur arrivée sur le sol américain. L’impact s’annonce massif.
La décision est tombée mercredi. Les États-Unis, par la voix de leur président Donald Trump, ont annoncé le relèvement immédiat des droits de douane sur les importations indiennes, passant de 25% à 50%. Derrière cette mesure brutale, une volonté assumée de pénaliser l’Inde pour ses achats massifs de pétrole russe. Depuis son retour à la Maison Blanche, Trump utilise l’arme tarifaire comme levier politique et économique, dans un contexte de guerre toujours vive en Ukraine.
Pourquoi les États-Unis ciblent les produits indiens
Le président américain reproche à New Delhi d’avoir renforcé ses liens commerciaux avec Moscou, devenant en 2024 le second plus grand acheteur de pétrole russe après la Chine. Ce pétrole représentait alors près de 36 % des importations indiennes dans ce secteur, contre seulement 2 % avant 2022. L’Inde, privée des approvisionnements habituels en provenance du Golfe, s’est tournée vers la Russie à la faveur des sanctions européennes sur les hydrocarbures russes.
Cette stratégie ne passe pas à Washington. En doublant la taxe sur les produits indiens, Trump entend freiner indirectement le financement de la guerre côté russe. Et ce, malgré un geste d’apparente réconciliation : une visite de Vladimir Poutine en Alaska a été orchestrée par le président américain au cœur de l’été. Mais le message reste clair : les alliés économiques de Moscou sont dans le viseur.
Quels secteurs sont réellement touchés par la surtaxe à 50 % ?
La surtaxe ne s’appliquera pas à tous les produits. Certains, comme les iPhone, fabriqués en partie en Inde, seront épargnés dans l’immédiat. En revanche, d'autres produits stratégiques comme les semi-conducteurs ou les composants électroniques devraient progressivement être soumis à des droits de douane spécifiques allant jusqu’à 100 %.
Les secteurs les plus exposés à court terme sont le textile et les produits de la mer. La Fédération des organisations indiennes exportatrices (FIEO) alerte déjà sur un fort ralentissement de l’activité. Mardi, elle appelait les autorités à soutenir les industriels confrontés à "cette phase de turbulences". Et pour cause : les États-Unis représentent aujourd’hui le premier partenaire commercial de l’Inde, avec plus de 87 milliards de dollars d’exportations chaque année.
Les entreprises craignent désormais une baisse des commandes, des délocalisations de production vers des pays tiers, voire une série de suppressions d’emplois massives dans plusieurs régions industrielles du pays.
Quelles conséquences économiques pour l’Inde ?
L’Inde tente de faire bonne figure. Les négociations commerciales entamées en février se poursuivent, même si Donald Trump concède que le dialogue s’avère compliqué avec Narendra Modi, qualifiant l’Inde de "négociateur beaucoup plus coriace".
En réponse à la pression américaine, Modi a profité de son discours du 15 août pour promettre des mesures d’allègement fiscal destinées à maintenir la consommation intérieure à flot. Le Premier ministre a affirmé vouloir "alléger le fardeau fiscal du citoyen ordinaire", une annonce très politique dans un contexte de forte tension économique.
Car les conséquences pourraient être significatives. Le Fonds monétaire international, qui prévoyait encore en juillet une croissance indienne de 6,4 % pour 2025, estime que ces nouveaux droits de douane pourraient faire chuter la croissance sous la barre symbolique des 6 % si aucun accord n’est trouvé.
En parallèle, New Delhi semble opter pour un rééquilibrage stratégique en se rapprochant de Pékin. Un virage diplomatique notable alors que les relations entre les deux géants asiatiques étaient glaciales depuis l’affrontement meurtrier survenu dans l’Himalaya en 2020.
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