Depuis 1997, le nombre de fonctionnaires en France a bondi de 23 %, soit plus d’un million de postes supplémentaires. Une progression bien supérieure à celle de la population (+14 %) et même à celle du secteur privé (+18 %). Ce déséquilibre n’a pas échappé au gouvernement, qui cherche à combler un déficit de 40 milliards d’euros dans le cadre du Budget 2026. Le ministre de l’Économie, Éric Lombard, a annoncé vouloir « engager la baisse du nombre de fonctionnaires » afin de réduire les dépenses publiques.
Cette volonté a été confirmée par la ministre des Comptes publics, Amélie de Montchalin, qui assure vouloir « revoir cette tendance » en demandant à chaque ministère d’analyser ses besoins en recrutement. Objectif : une réorganisation massive de l’État, mais sans recourir au « rabot aveugle », assure-t-elle. Le ton est donné : priorité à l'efficacité et à la lisibilité, dans un contexte budgétaire de plus en plus contraint.
Une croissance continue malgré les alternances politiques
D’après les derniers chiffres de l’Insee, la fonction publique employait 5,8 millions d’agents fin 2023, soit près de 20 % de l’emploi total en France. Cela représente une hausse de 61 900 postes en un an, dont l’essentiel provient de la fonction publique hospitalière (+1,9 %).
Sur le temps long, la tendance est tout aussi marquée. Le site Fipeco rapporte que l’emploi public a progressé de 1 055 000 agents entre 1997 et 2022, avec des écarts significatifs selon les versants :
- +7 % pour la fonction publique d’État (2,5 millions d’agents)
- +46 % pour la fonction publique territoriale (1,94 million)
- +36 % pour la fonction publique hospitalière (1,21 million)
La période la plus dynamique fut celle entre 1997 et 2002 (+386 000 agents), suivie par des hausses plus modérées jusqu’en 2017. Paradoxalement, les effectifs ont rebondi de 178 000 agents pendant le premier mandat d’Emmanuel Macron, alors même que le président s’était engagé à supprimer 120 000 postes. Une promesse qu’il a fini par juger « non tenable ».
Une pression budgétaire croissante sur les salaires publics
La masse salariale liée à la fonction publique a également explosé. En 2024, elle a atteint 107 milliards d’euros, en hausse de 6,7 % par rapport à l’année précédente. Cette augmentation est largement due aux mesures catégorielles, qui ont représenté à elles seules 3,7 milliards d’euros.
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Dans une circulaire d’avril, le Premier ministre François Bayrou a appelé ses ministres à respecter les plafonds budgétaires. Il y dénonce un dérapage des dépenses et exige un encadrement plus strict des hausses salariales à venir.
La fonction publique territoriale dans le collimateur
C’est sur les collectivités locales que les regards se tournent. La Cour des comptes recommande de revenir aux niveaux d’effectifs du début des années 2010, ce qui impliquerait la suppression de 100 000 postes, soit 5,5 % des effectifs territoriaux. Ce scénario permettrait, selon les magistrats financiers, de générer 4,1 milliards d’euros d’économies annuelles dès 2030.
Le gouvernement souhaite donc cibler les administrations les plus inflationnistes en matière d’emploi, sans remettre en cause les services essentiels. Il reste cependant à définir précisément les effectifs concernés. Comme l’a indiqué Éric Lombard : « les nombres ne sont pas encore fixés ».
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