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Le nombre d’ouvertures de procédures collectives en France est passé de 27 966 à 41 204 entre 2021 et 2022. Un volume qui devrait atteindre les 50 000 cette année. Cette hausse des défaillances d’entreprises est-elle un signal de retournement de conjoncture ? Non, selon Frédéric Abitbol, qui l’analyse plutôt comme un retour à la vie normale des affaires après la pandémie du coronavirus.
Le nombre d’ouvertures de procédures collectives en France est passé de 27 966 à 41 204 entre 2021 et 2022, d’après l’Observatoire des données économiques du Conseil national des administrateurs judiciaires et des mandataires judiciaires (CNAJMJ).
Comment interpréter la forte remontée des défaillances d’entreprises depuis deux ans ? Sommes-nous face à un rattrapage post-covid venu sanctionner les entreprises maintenues à flot grâce aux aides publiques ? Cette tendance annonce-t-elle un retournement de conjoncture ?
Pour répondre à toutes ces questions, le Sénat a organisé, jeudi 9 novembre dernier, une table ronde sur le thème « Hausse des défaillances d’entreprises : un signal d’alerte ? ». Bon nombre d’experts étaient conviés, comme Frédéric Abitbol, administrateur judiciaire et président du CNAJMJ. Selon le spécialiste, la hausse des défaillances d’entreprises ne doit pas être vue comme un retournement de conjoncture, mais comme un retour à la situation pré-covid.
Frédéric Abitbol rassure les Sénateurs en remettant les choses dans leur contexte. Le nombre de défaillances était « anormalement faible » durant et après la crise sanitaire grâce aux pouvoirs publics qui ont soutenu massivement les entreprises touchées par l’arrêt des activités. En temps normal, la France compte entre 50 000 et 60 000 défaillances d’entreprises par an. Frédéric Abitbol rappelle également que plus de 60% des entreprises qui font défaut sont des TPE n’employant aucun salarié, et qu’au-delà des chiffres bruts, il faut analyse l’impact économique des défaillances, en particulier au regard des emplois menacés.
Selon l’Observatoire du CNAJMJ, 49 808 procédures ont été ouvertes à fin novembre 2023 (+32,2%). Dans la mesure où la tendance devrait se poursuivre ce mois de décembre, le nombre total de nouvelles procédures collectives en 2023 devrait retrouver le niveau de 2018, avec environ 56 686 dossiers. Il n’y a donc pas de vague de défaillances, ce qu’a d’ailleurs anticipé Frédéric Abitbol lors de la table ronde : « On revient à l’étiage normal de l’économie française, de la vie normale des affaires ».
Concernant les emplois, la CNAJMJ comptabilise, au 30 novembre, 201 891 postes visés par des procédures collectives. Frédéric Abitbol avait encore vu juste en prévoyant environ 200 000 emplois menacés, un chiffre situé dans « l’étiage normal de l’économie française ».
L’administrateur judiciaire souligne également que les défaillances d’entreprises par secteur et par région sont habituelles. Il n’y a pas de secteur touché de plein fouet ces derniers mois, à part l’immobilier du fait de la hausse des taux, le textile et le monde de la sous-traitance automobile, tous deux frappés en raison des bouleversements structurels qui touchent ces secteurs depuis plusieurs années.
« L’économie n’est pas très dynamique, mais nous sommes toujours à un étiage bas en termes de défaillances. Où en serons-nous l’année prochaine ? Nous n’avons pas de boule de cristal, mais il n’y a pas de raison de penser que les choses vont s’améliorer considérablement ou se dégrader de façon spectaculaire », tempère Frédéric Abitbol.
Le président du CNAJMJ insiste sur le savoir-faire des administrateurs et mandataires judiciaires, qui savent accompagner n’importe quelle entreprise française en difficulté. « Nous traitons chaque année environ 7 000 dossiers d’entreprises dans le cadre des procédures de prévention ». S’agissant de la conciliation, dite procédure amiable confidentielle, 8 cas sur 10 se concluent avec succès.
Au sujet des procédures de prévention, le CNAJMJ constate une légère baisse de -3,6% des ouvertures de dossier en novembre comparé à 2022 (-29,4% pour les mandats ad hoc et +43,3% pour les conciliations). « Cette baisse ponctuelle ne remet pas en cause la légère tendance haussière constatée depuis le début de l’année (+5,8%) », précise le Conseil.
Frédéric Abitbol met en exergue une grande raison de ne pas s’alarmer sur les défaillances d’entreprises : la boîte à outils des juristes, considérée comme la plus efficace au monde pour sauver les entreprises et les emplois. Les créanciers ne sont pour autant pas lésés par le système français. « En gros, en France, quand une entreprise dépose le bilan, elle paie environ 20% de ses dettes, chiffre équivalent à celui observé à peu près partout dans le monde, ce qui représente chez nous environ 7 milliards d’euros versés aux créanciers, chaque année », informe Frédéric Abitbol.
L’expert termine sa prise de parole au Sénat sur les remboursements des prêts garantis par l’Etat. Il n’y a selon lui aucune raison de s’inquiéter quant à la capacité des entreprises à régler leurs dettes : « Le taux de défaillance de remboursement des PGE le plus récent est de 4%. Ce n’est pas massif. Cela veut dire, qu’à ce stade, 96% des remboursements de PGE sont payés. Nous ne sommes qu’au début de la phase de remboursement et il y aura évidemment plus de 4% de défaillances. Mais ce n’est pas un tsunami. »
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