En pleine tourmente judiciaire, Google sort victorieux de son procès antitrust et sauve son contrat colossal avec Apple.
Pendant des mois, le suspense a tenu la Silicon Valley en haleine. Allait-on assister à un démantèlement de Google ? Le couperet est finalement tombé ce mardi : non seulement l'entreprise évite la scission de ses activités, mais elle conserve aussi son accord historique avec Apple, estimé à 20 milliards de dollars par an. C’est le juge américain Amit Mehta qui a tranché dans l’un des procès les plus surveillés de la tech, en se montrant bien plus clément que prévu.
Loin des grandes manœuvres attendues, la décision permet à Google de continuer à rémunérer ses partenaires, comme Apple, pour faire figurer son moteur de recherche en première position sur leurs navigateurs. "Google a le droit de payer des développeurs de navigateurs web, comme Apple", affirme noir sur blanc le magistrat dans sa décision, évitant ainsi à la firme de Mountain View un bouleversement majeur de son modèle économique.
La justice américaine rejette le démantèlement de Google
Un an plus tôt, le même juge avait reconnu Google coupable d’abus de position dominante. Certains espéraient une sanction exemplaire, à commencer par la vente forcée de Chrome. Cette hypothèse radicale a été écartée : "Les plaignants ont outrepassé leurs droits en demandant la cession forcée de ces actifs clés, que Google n'a pas utilisés pour imposer des restrictions illégales", tranche le juge Mehta.
Le contrat entre Google et Apple, en place depuis plus de 20 ans, reste donc intact. Il permet au moteur de recherche d’être la page d’accueil par défaut sur Safari, et rapporte à Apple une manne considérable. L'accord n'était d’ailleurs pas exclusif, ce qui permet aux utilisateurs de Safari de choisir d'autres moteurs comme Bing ou DuckDuckGo. Ce détail a pesé dans la décision.
Autre élément de poids dans la balance : les partenaires plus modestes de Google, comme Mozilla. Firefox, dont 85 % des revenus dépendent d’un partenariat similaire, aurait été gravement impacté par une interdiction des paiements. "Interdire les paiements de Google aurait très certainement entraîné des préjudices importants, voire paralysants dans certains cas, pour les partenaires de distribution, les marchés connexes et les consommateurs", justifie le juge.
Partage des données et avenir de l’IA : Google obligé d’ouvrir ses portes
Pour autant, Google n’échappe pas à toute contrainte. Le juge impose désormais à l’entreprise de partager certaines données de recherche avec ses concurrents pendant six ans. Une mesure censée rétablir un équilibre sur un marché chamboulé par l’émergence d’acteurs IA comme ChatGPT ou Perplexity AI.
L'objectif ? Ne pas bloquer l’innovation au profit d’un seul géant. Ce jugement est "encourageant" pour l'avenir du web, estime Laura Chambers, directrice générale de Mozilla. Google, de son côté, n’a pas tardé à réagir. "Nous sommes préoccupés par l'impact que ces exigences auront sur nos utilisateurs et leur vie privée, et nous examinons attentivement cette décision", a déclaré Lee-Anne Mulholland, vice-présidente de la firme.
Et ce n’est peut-être qu’un début. Certains analystes y voient déjà un nouveau terrain de collaboration entre Apple et Google autour de l’IA. "Avec cette affaire dans le rétroviseur, la voie est désormais libre pour un partenariat entre Apple et Google sur Gemini AI", anticipe Dan Ives, analyste chez Wedbush.
Une chose est sûre : malgré la menace d’un nouveau procès sur ses activités publicitaires fin septembre, Google vient de remporter une manche capitale.
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