Il y a quatre ans, Helsing n’était qu’une start-up parmi tant d’autres. Aujourd’hui, elle vaut 12 milliards d’euros. Au Salon du Bourget, la pépite allemande spécialisée dans les drones militaires et l’intelligence artificielle a annoncé une nouvelle levée de fonds spectaculaire de 600 millions d’euros, menée par le fonds Prima Materia, propriété du cofondateur de Spotify, Daniel Ek.
Basée à Munich, la société fondée en 2021 s’impose comme un acteur central de la nouvelle ère de l’armement en Europe. Avec cette série D, Helsing totalise 1,37 milliard d’euros levés, un chiffre rarement atteint par une entreprise technologique de défense. Son ascension est alimentée par une dynamique explosive : l’essor de l’IA et l’augmentation massive des budgets militaires, dopée par la guerre en Ukraine et les annonces attendues du prochain sommet de l’Otan.
Une start-up à 12 milliards d’euros portée par la géopolitique et l’IA
Si Helsing attire autant de capitaux, ce n’est pas un hasard. Elle propose des technologies de rupture dans un secteur stratégique. En quatre ans, l’entreprise a élargi ses compétences de la simple fourniture logicielle vers le développement de matériels terrestres, navals et aériens.
Parmi ses produits phares figure le drone kamikaze HX-2, capable d’atteindre des cibles à 100 km. Déjà utilisé par l’armée ukrainienne, il fait l’objet d’un test par la Bundeswehr allemande. Début 2025, Helsing a annoncé la production de 6 000 exemplaires de ce drone pour Kiev, après une première commande de 4 000 unités.
L’entreprise ne se contente pas de l’aérien. En mai, elle a dévoilé un drone sous-marin de surveillance, le sG1-Fathom, avant de racheter en juin Grob Aircraft, une société allemande spécialisée dans les aéronefs légers, comptant 275 salariés. Un virage stratégique qui renforce son autonomie industrielle.
Un réseau d’investisseurs prestigieux autour de Daniel Ek
Ce tour de table record est porté par des noms influents. En tête, le fonds Prima Materia, créé par Daniel Ek, qui préside également le conseil d’administration d’Helsing. Pour lui, ce nouvel investissement illustre une volonté claire :
« Prima Materia confirme sa détermination à renforcer la souveraineté technologique européenne – une ambition parfaitement incarnée par Helsing. »
À ses côtés, on retrouve Lightspeed, Accel, Plural, General Catalyst, Saab, et deux nouveaux entrants de poids : les fonds BDT & MSD Partners. Ce réseau de soutien contribue à faire d’Helsing l’une des start-up les mieux valorisées du continent européen.
Dans le sillage de cette dynamique, d’autres acteurs du secteur de la défense technologique profitent de la tendance. Aux États-Unis, Anduril, la société fondée par Palmer Luckey (ex-Facebook), a levé 2,5 milliards de dollars début juin, atteignant une valeur de 30,5 milliards.
Une puissance technologique qui s’ancre dans l’autonomie européenne
Helsing ne se contente pas de livrer des drones. Elle construit une véritable infrastructure de souveraineté industrielle. En février, la société a inauguré sa première « usine de résilience », pensée pour garantir une production locale et indépendante de technologies critiques.
La start-up allemande travaille aussi sur une IA de combat aérien, baptisée Centaur, développée en partenariat avec Saab. Intégrée dans un avion de chasse Gripen E, cette IA a piloté avec succès un système d’armes complet lors de tests réalisés fin mai.
En parallèle, Helsing a signé un partenariat stratégique avec Mistral, la start-up française de l’IA, pour co-développer des systèmes de nouvelle génération. Un autre accord, annoncé en 2022 avec Rheinmetall, n’a toutefois pas abouti. Le groupe de défense allemand s’est tourné fin 2024 vers Auterion, un concurrent direct.
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