(ABC Bourse) - L’Autorité des marchés financiers lance une série de mesures destinées à relancer les introductions en Bourse en France. Prospectus allégé, calendrier assoupli, liberté sur le prix : les entreprises auront désormais plus de souplesse pour se coter à Paris.
Depuis le début de l’année, aucune introduction en Bourse n’a eu lieu sur le marché réglementé d’Euronext Paris. Pendant ce temps, les États-Unis ont comptabilisé 172 IPOs représentant 32 milliards de dollars. La Suède, pourtant bien plus petite, en a vu passer dix. Face à ce décrochage, l’Autorité des marchés financiers (AMF) vient d’annoncer un ensemble de mesures pour relancer l’attractivité de la place parisienne.
Publiées jeudi 16 octobre, ces réformes s’appuient sur les recommandations de l’IPO Forum, un groupe de travail rassemblant avocats, banquiers, investisseurs et institutionnels. L’objectif : simplifier le parcours des entreprises qui souhaitent se coter en France, et leur offrir un terrain de jeu équivalent à celui des autres places boursières européennes.
Plus de souplesse dans les documents et le calendrier
Parmi les principaux changements, l’AMF accepte désormais tous les formats de prospectus autorisés au niveau européen. Jusqu’ici, la France imposait un découpage en trois parties (document d’enregistrement, note d’opération, résumé). Désormais, les émetteurs pourront choisir de produire un prospectus unique.
Le calendrier est lui aussi assoupli. Les sociétés auront la liberté de décider de la période de mise à disposition des documents au public. Un premier communiqué de presse pourra annoncer le projet, et les entreprises pourront même obtenir une confirmation informelle de fin d’instruction avant validation officielle. "Ces évolutions vont dans le sens d'une grande flexibilité pour les émetteurs, devenus plus libres de fixer le calendrier de leurs opérations", se félicite un spécialiste.
Un point clé selon Astrid Milsan, directrice des émetteurs à l’AMF : "Pour une entreprise, le premier critère d'attractivité du régulateur est sa capacité à s'adapter aux fenêtres de marché".
Prix, langue, réunion : les entreprises aux commandes
Autre assouplissement : la communication sur le prix d’introduction. La France recommandait jusqu’ici une fourchette de prix de plus ou moins 15 %, contrairement à la réglementation européenne, qui impose seulement un prix plafond. L’émetteur pourra désormais choisir. "Beaucoup d'offres se réalisent à prix fixe et l'existence d'une fourchette n'a donc pas d'intérêt. Surtout, cette recommandation faisait courir le risque de critiques à l'encontre de la doctrine française sur les introductions en Bourse, qui aurait été jugée plus sévère que la doctrine européenne", explique Astrid Milsan.
Autres nouveautés : la possibilité de choisir librement la langue du prospectus (anglais ou français), ou encore d’organiser ou non une réunion de lancement.
Mais le cadre juridique ne peut pas tout. "Il ne reste que très peu de marge de manoeuvre pour rendre la réglementation boursière stricto sensu plus attractive, à l'échelle française comme à l'échelle européenne", reconnaît Astrid Milsan. Le défi est désormais d’ordre économique et stratégique.
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