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L'A380, un fleuron et un échec commercial, qui a détrôné le Boeing 747


Actualité publiée le 14/02/19 11:09

Un Airbus A380 sur le tarmac de l'aéroport de Farnborough, le 14 juillet 2014 au Royaume-Uni (AFP/Archives/CARL COURT)

L'A380 a façonné Airbus autant qu'il l'a éreinté financièrement : plébiscité par les passagers, ce fleuron industriel a hissé l'avionneur européen au rang de rival de Boeing sur les gros porteurs, mais il restera un échec commercial.

Airbus a annoncé jeudi la fin de la production de l'A380, entré en service en 2007 et dont les livraisons cesseront en 2021.

"L'A380 a été un coup stratégique qui a placé Airbus sur un pied d'égalité avec Boeing, en détrônant le Boeing 747", relève Sébastien Maire, expert aéronautique au cabinet Kea & Partners. Avec cet avion, "le Petit Poucet européen s'est transformé en géant mondial de l’aéronautique".

"C'est le plus gros avion civil jamais construit, fleuron de l'aéronautique, navire amiral d'Airbus, salué à ses débuts comme un prodige industriel, une véritable prouesse technologique, un palace luxueux dans le ciel", poursuit-il.

Mais la fin de l'A380 marque le pari raté d'Airbus, qui n'a pas vu venir le tournant des bi-réacteurs long-courrier de moyenne capacité comme le 787 de Boeing, auquel il a ensuite répliqué avec son A350.

Ces appareils de nouvelle génération ont bouleversé le transport aérien en offrant aux passagers de se déplacer directement d'un point à un autre du globe sans passer par les gros "hubs" (plateformes) desservis par les très gros porteurs.

"Dans les années 90, alors que l'A320 (moyen-courrier, ndlr) connait en vrai succès commercial, Airbus cherche à exister sur tous les segments de marché, à conquérir le monde", rappelle Sébastien Maire.

Il invente alors l'A380 : un avion de très grande capacité, qui surclassera le 747 "Jumbo Jet" de Boeing en tout point.

L'avionneur européen estime à son lancement le marché des avions de plus de 500 places à 1.300 appareils sur vingt ans, en espérant en capter 50% des parts.

"La vérité est que Boeing et Airbus vont souffrir de leur optimisme : le transport aérien tient la croissance prévue mais le marché bascule pour partie vers le point à point", rappelle l'expert.

Les nouveaux appareils long-courrier "raflent une partie du marché des avions de plus de 500 places".

- Pari risqué -

Las, l'A380 ne connaîtra jamais le succès espéré par Airbus, et le carnet de commande dépasse péniblement les 300 commandes.

Face à ce géant, le 787 "Dreamliner" de Boeing, entré en service en 2009, s'est envolé avec 1.421 exemplaires commandés à ce jour.

Dans une interview au Figaro jeudi, Tom Enders, le patron d'Airbus, a reconnu cette erreur. "En 2000, lorsque la décision de lancer l'A380 a été prise, nous ne savions pas à quoi ressemblerait le marché dix ans plus tard. C'était une décision risquée", a-t-il déclaré.

"Aujourd'hui, "les coûts de l'A380 sont derrière nous. Le groupe est en bonne santé, grâce à l'incroyable succès des autres familles d'avions. Sa survie n'est pas en jeu."

Airbus, qui avec le rachat du programme CSeries du québécois Bombardier, occupe une place plus centrale que jamais dans l'industrie aéronautique mondiale, pouvait-il agir autrement ?

"C'est une décision courageuse rendue possible par l'arrivée à la tête d'Airbus d'une nouvelle génération de leaders qui porte un regard neuf sur le portefeuille du groupe", répond Philippe Plouvier, directeur associé au cabinet de conseil Boston Consulting Group.

"On loue régulièrement la capacité des entreprises de la nouvelle économie, américaine notamment, pour leur capacité à prendre des décisions rapidement et à expérimenter de nouvelles idées sans complexe, poursuit-il. Il serait mal venu de critiquer Airbus pour avoir exploré une nouvelle frontière de l'aérospatial et de décider maintenant de passer à autre chose."

Selon lui, Airbus doit s'appuyer sur cette décision pour accélérer. "Ce n'est sûrement pas un échec, dit-il, ce programme a fait avancer l'ensemble du secteur et l'A350 XWB ne serait pas ce qu'il est sans l’expérience de l'A380", estime-t-il.

"Airbus a deux batailles à livrer et a besoin de toutes ses forces pour l'emporter face à Boeing : celle de la famille 320 et celle de son gros porteur A350", tranche l'expert pour qui l'A380 "n'était plus la priorité".

© 2019 AFP

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9 commentaires sur cet article. Participez à la discussion.

dematons
14/02/19 13:32
Voilà une leçon dont les politiciens et autres partisans du service (sévice) public devrait s'inspirer : quand il n'y a pas de clients, il faut fermer boutique.
Les Lemaire, cgt, gilets jaunes, fonctionnaires et compagnies, les élus, les GSM, Ascoval, etc, etc
CRI74
14/02/19 14:03

Encore une intervention incongrue , d'une bêtise effarante !

- L'A380 a permis à Airbus de s'installer au rang de leader mondial de l'aéronautique , au même titre que Boeing , notamment en frappant un coup de maître vis à vis des compagnies aériennes . La psychologie joue également un rôle pas si mineur dans cet espace

_ L'A380 a généré chez Airbus des recherches bénéficiant à l'ensemble de ses avions , lui permettant de dépasser dans certains domaines les performances de son rival US

_ Par contre , un élément a fortement joué en défaveur des quadriréacteurs qui justifie leur extinction progressive , à commencer par le 747 , la qualification Etops dûe à la fiabilité remarquable des nouveaux réacteurs alliée à leur puissance

Les instances internationales de l'aéronautique ont successivement allongé les distances de sécurité des plans de vols vis à vis des terrains de secours ce qui permet aujourd'hui de traverser les océans en bi réacteurs , ce qui coupe en grande partie les ailes des quadris tels que l'A380 .

De même , les versions LR (long range / long rayon d'action ) des biréacteurs supplantent une partie des missions long courriers assurées auparavant par les 747 ou A380 et similaires , là encore du fait des progrès de consommation des nouveaux réacteurs.

Rajoutez à cela les problématiques d'infrastructures que rencontrait le plus gros des Airbus , donc des coûts pour les compagnies et vous avez les réelles causes de l'arrêt du programme .

La politique l'a rien à voir là dedans !

Message complété le 14/02/2019 14:56:09 par son auteur.

" due "

Dubaisan
15/02/19 07:54

Une autre cause beaucoup moins visible et evidente, mais qui a certainement pese tres lourdement dans la decision, et tout du moins dans le tempo de la decision, c'est le Brexit:

Avec la quasi certitude, maintenant que Theresa May vient de prendre une 2 em claque magistrale au Parlement, que le Brexit se fera sans deal avec l'Europe, les choses sont plus claires, mais aussi beaucoup plus compliquees pour Airbus.

Les ailes de l'A380, les moteurs Trent 900 de RollsRoyce etc..., sont fabriques en GB et nombre de brevets concernant l'A380 ont ete deposes et enregistres en GB par BAE Systems....Tom Enders avait bien prevenu des risques en fustigeant l'an dernier les Brexiters.

Pour ma part, et en tant que passager Long Courrier Chine - France, j'ai adore cet avion pour son confort et son acoustique incomparables (on peut dormir !!!). Il est certes moins rentable pour les companies mais comparativement au dernier des Boeings (le 787 Dreamliner) ou son aine le 777, rien a voir. Ces deux-la sont des betailleres volantes, aussi bruyantes que des tronconneuses a bois.

CRI74
15/02/19 16:21

Oui Dubaisan , mais la problématique se pose aussi pour les autres programmes , pas uniquement d'Airbus , dès lors que la motorisation et les équipements au niveau mondial passent aussi par la Grande Bretagne .

Il faudra bien trouver des accords commerciaux substitutifs et les sociétés anglaises ne partiront pas en position de force , ce qui peut apporter quelques vertus au "no deal" malgré le contretemps et les perturbations temporaires induites

J'ai aussi emprunté l'A380 à plusieurs reprises sur de très longs vols et demeure surpris de ses performances , notamment en vitesse ou l'on frôlait mach 1 en continu . (je n'ai pas eu connaissance qu'il ait été franchi pendant les essais d'homologation mais fatalement )

Un peu lourd au décollage , certes , à pleine charge .

Un bien meilleur confort que dans les bétaillères estampillées US , assurément

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