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L'avion dans un voyage au long cours pour réduire son bilan carbone


Actualité publiée le 14/06/19 10:03

L'industrie aéronautique carbure pour mettre dans le ciel un avion propre (AFP/Archives/GABRIEL BOUYS )

Propulsion électrique ou hybride, à l'hydrogène ou aux bio-carburants, matériaux allégés, formes futuristes: l'industrie aéronautique, appelée avec insistance à réduire son bilan carbone, carbure pour mettre dans le ciel un avion propre, mais le chemin vers un moyen-courrier "zéro émission" sera long.

"L'aérien va être pris dans une course, il va devoir être plus éco-responsable", estime Jérôme Rein, expert en aéronautique du cabinet Boston Consulting Group (BCG) à Paris.

Au printemps, l'aviation a été mise sous le feu des projecteurs avec des appels au boycott de l'avion, au profit d'autres modes de transport, largement relayés sur les réseaux sociaux. En Suède notamment, le mouvement "flight shaming" (la honte de prendre l'avion) incite les voyageurs à privilégier tout autre moyen de transport.

Pour réduire les émissions de dioxyde de carbone (CO2) de leurs avions, qui représentent selon l'Organisation de l'aviation civile internationale (OACI) environ 2% des émissions mondiales et dépassent en termes d'émissions par passager au kilomètre le transport routier, par bus et ferroviaire, Boeing et Airbus proposent déjà des versions remotorisées de leurs avions.

Les émissions de leurs moyen-courrier ont été réduites de 15 à 20% en moyenne par rapport aux modèles précédents. Selon l'organisation des compagnies aériennes Iata, "aujourd'hui, un vol produit moitié moins de CO2 que le même vol en 1990".

Mais à terme, "rendre l'avion propre c'est essayer de développer des avions à zéro émission", explique Philippe Beaumier, directeur aéronautique civile de l'Onera, le centre français de recherche aérospatiale.

Avant d'atteindre cet objectif ambitieux, les compagnies aériennes et les constructeurs se sont fixé en 2009 pour cap de réduire de moitié en 2050 leurs émissions par rapport au niveau de 2005.

- Cycles de développement longs -

"Les cycles de développement dans l'avion sont de 20 à 30 ans, on n'est qu'au début de l'ère de l'aviation électrique", ajoute M. Beaumier. Si l'électrification semble la solution idéale pour atteindre le zéro émission, le poids des batteries nécessaires serait supérieur à celui de l'avion et y met donc un sérieux frein.

"Il est peu probable qu'un de nos A320 soit opéré avec des batteries", confirme Grazia Vittadini, directrice de la technologie chez Airbus, en défendant plutôt la piste d'une propulsion hybride.

Pour l'heure, quatre solutions énergétiques coexistent mais aucune n'est satisfaisante à elle seule: le kérosène, l'hydrogène -qui nécessite des réservoirs quatre à six fois plus grands-, les batteries, trop lourdes, et les biocarburants.

"L'avion hybride (alliant l'une ou l'autre de ces solutions, NDLR) présente l'avantage majeur d'être déployable à court terme", affirme Jérôme Bouchard, expert en aéronautique au cabiner Oliver Wyman.

Au Bourget, qui ouvre ses portes lundi, l'Onera présente "Dragon", son nouveau concept d'avion de ligne de 150 places, hybride et à "propulsion distribuée", c'est à dire une multitude de moteurs électriques placés sous les ailes et alimentés par des turbogénérateurs fonctionnant au kérosène. Le gain en termes de consommation serait de 15% par rapport à un A320 de nouvelle génération.

Le bio-carburant peut "réduire de 50 à 90 % les émissions de gaz à effet de serre" des avions par rapport au kérosène actuel, selon l'institut IFP Energies nouvelles (IFPEN). Il a été testé avec succès. Mais pour l'heure son bilan carbone total est discutable, sa production entre en conflit avec les cultures alimentaires et son prix est très élevé. De nouvelles solutions à base d'algues, de résidus forestiers ou de déchets sont à l'étude ou en projet.

Autre piste pour réduire la consommation de carburant: l'allègement de la structure de l'avion. La fibre de carbone est déjà largement utilisée pour certaines parties du fuselage, mais ce matériau n'est pas très écologique.

Des recherches sont en cours pour exploiter les capacités de capteur de CO2 des algues et les utiliser comme fibre. La résistance des toiles d'araignées et leur incroyable flexibilité sont également examinées par les chercheurs qui pourraient s'en inspirer.

Enfin, des formes futuristes sont dans les tiroirs, comme l'aile delta ou en forme de V pour améliorer l'aérodynamique et s'adapter à des nouveaux modes de propulsion.

Pour M. Bouchard, le fait que l'aviation soit actuellement pointée du doigt peut finalement être une "opportunité pour l'industrie". "La flotte commerciale mondiale représente seulement 28.000 avions" c'est-à-dire, selon lui, "la bonne taille pour réagir".

© 2019 AFP

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4 commentaires sur cet article. Participez à la discussion.

bourbern
14/06/19 11:08
Pour l’heure, taxation du kérosène au même niveau que le carburant automobile, plus de voyage en avion quand on peut prendre avantageusement le train, plus de voyage lointain pour quelques jours, voire quelques heures ( visioconférences, vacances en Europe), interdiction des voyages spatiaux de loisir etc.
Dubaisan
14/06/19 15:57

Airbus, Rolls-Royce et Siemens, se sont engagés à remplir les objectifs environnementaux techniques de l’Union Européenne contenus dans le rapport Flightpath 2050 Vision for Aviation de la Commission européenne.

Ces objectifs sont ambitieux : réduction des émissions de CO2 de 60 %, réduction des émissions d’oxydes d’azote de 90 % et réduction du bruit de 75 %.

Pour cela, ils développent l'E-Fan X sur la base d'un quadriréacteur BAe 146, démonstrateur technologique de propulsion hybride (avec à terme 2 moteurs électriques de 2 megawatts chacun), dont le 1er vol est prévu pour 2020.

Luncyan
14/06/19 16:20

Déjà que le roulage se fasse sans moteur allumé ça serait une prouesse

Dubaisan
14/06/19 16:31

C'est en cours Luncyan,

Centum-Adeneo développe conjointement avec Safran Landing Systems et le laboratoire Ampère du Carnot Ingénierie@Lyon un démonstrateur TRL6 de module bidirectionnel de stockage d’énergie pour le train d’atterrissage électrique.

Les recherches sur le taxiage électrique permettant le déplacement au sol de l’avion à partir de l’énergie fournie par le groupe auxiliaire de puissance (ou Auxiliary Power Unit – APU => le petit réacteur situé dans la queue de l'avion) ont été relancées dans le programme CleanSky II.

Le système électrique permet de gérer des échanges bidirectionnels rapides sur le bus DC continu haute tension (+/- 540 VDC) pendant les phases de taxiage -avant décollage et après atterrissage- soit la phase où l’aéronef roule au sol.

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