OK
Accueil > Marchés > Cotation Cac 40 > Actus Cac 40

L'équipementier automobile Continental lève le voile sur son passé nazi


Actualité publiée le 27/08/20 16:56

Le siège de l'équipementier automobile allemand Continental en mars 2015 à Hanovre (DPA/AFP/Archives/Ole Spata)

Recours massif aux travailleurs forcés, prisonniers de camps exploités: un rapport commandé par Continental sur son passé conclut que le deuxième l'équipementier automobile mondial fut un pilier "de la machine de guerre" hitlérienne.

Le géant mondial du pneu s'inscrit tardivement dans une longue liste d'entreprises allemandes soucieuses d'améliorer leur image en faisant toute la lumière sur leur proximité avec le nazisme dans les années 1930 et 1940.

Le cas est "typique et exemplaire du rôle des entreprises en général" pendant la période du IIIe Reich, a expliqué l'auteur de l'étude, Paul Erker, professeur à l'université de Munich, lors d'une conférence de presse.

A l'époque Continental a joué un rôle central dans l'approvisionnement de l'industrie de guerre.

"L'étude montre de manière détaillée, comment Continental est devenu une véritable colonne vertébrale de l'économie de guerre national-socialiste tout en profitant économiquement de la politique de mobilisation et d'armement", reconnaît le groupe lui-même.


Photo prise vers 1937 dans un endroit non précisé, diffusée par l'équipementier automobile allemand Continental le 27 août 2020, montrant des pneus en caoutchouc synthétique Buna sur un stand de Continental lors d'un salon en Allemagne (CONTINENTAL/AFP/Archives/-)

Le travail historique sera publié dans un livre intitulé "Fournisseur de la guerre hitlérienne". Il s'agit du "chapitre le plus sombre de notre histoire d'entreprise", a expliqué le PDG, Elmar Degenhart.

- 'Conditions inhumaines' -

Selon l'historien, l'entreprise a eu recours à environ 10.000 travailleurs forcés dans ses usines, souvent des prisonniers politiques, et n'a pas hésité, dans les dernières années de la guerre, à utiliser des détenus de camps de concentration nazis.

"On était une main-d’œuvre pas chère, ils nous donnaient quasiment rien à manger", a témoigné auprès du journal local Hannoversche Allgemeine Zeitung, Nachum Rotenberg, déporté à Auschwitz en 1944 à l'âge de 15 ans avant son transfert dans une usine de l'équipementier. Il y a fréquemment été roué de coups, se souvient-il.

"Les conditions de travail étaient inhumaines" et "beaucoup de personnes ont souffert ou sont mortes à cause de Continental", résume M. Degenhart.

Un exemple parmi plusieurs atrocités: l'entreprise -- à l'époque un gros fabricant de semelles de chaussures dont l'armée avait grandement besoin -- a passé commande au camp de Sachsenhausen pour des tests.

Les détenus étaient contraints de marcher 30 à 40 kilomètres par jour autour de la cour centrale, parfois dans la neige ou sur la glace; ceux qui faiblissaient et tombaient à terre étaient exécutés par les gardes SS.


Photo prise en 1935, pendant la Deuxième guerre mondiale, diffusée par l'équipementier automobile allemand Continental le 27 août 2020, montrant des employés dans une usine de production de segments de piston à Francfort, en Allemagne (CONTINENTAL/AFP/Archives/-)

Certains ont dû porter les chaussures sur 2.200 km au total, selon l'étude.

Le rapport de l'historien fait aussi état de propos d'un dirigeant de Continental à l'époque, Hans Odenwald, à propos des travailleurs forcés russes employés: "Lorsqu'ils seront morts, on en prendra d'autres".

- 'Mise en garde' -

La plupart des grandes entreprises allemandes se sont soumises ces dernières années à cet examen de conscience et ont ouvert leurs archives aux historiens.

Parmi elles: Volkswagen -- constructeur automobile né de la volonté du Führer de promettre à l'homme de la rue une voiture accessible à toutes les bourses -- où des milliers de travailleurs forcés ont fabriqué la "voiture du peuple".

La liste ne s'arrête pas là: BMW, Deutsche Bank, Siemens, Daimler (Mercedes-Benz), ThyssenKrupp ou encore IG Farben, le fabricant du gaz Zyklon B utilisé dans les camps d'extermination dont sont issus les géants de la chimie Bayer et BASF. Tous ont participé ou profité de l'horreur nazie.


Le PDG de Continental, Elmar Degenhart, en mars 2013 à Francfort, en Allemagne (DPA/AFP/Archives/ARNE DEDERT)

Après 1945, seuls deux dirigeants de Continental ont été arrêtés, les autres "sont passés par la procédure de dénazification habituelle" de l'Allemagne d'après-guerre. La priorité était alors en pleine guerre froide à la reconstruction.

Pour la directrice du personnel, l'étude est une "mise en garde à renforcer et défendre encore plus aujourd'hui nos valeurs et notre culture d'entreprise", qui s'est avérée dans l'étude "vulnérable" face à "l'influence externe mais aussi interne".

"Nous devons empêcher que des pensées déshumanisantes, le racisme, la xénophobie ou la discrimination trouvent un terrain fertile dans notre entreprise", a relevé Ariane Reinhart.

© 2020 AFP

Vous avez aimé cet article ? Partagez-le avec vos amis avec les boutons ci-dessous.

Twitter Facebook Linkedin email

11 commentaires sur cet article. Participez à la discussion.

syjo
27/08/20 17:43

mea culpa? ou immonde coup de pub?

JCLAUDIO
27/08/20 18:10

toute l'industrie allemande travaillait pour le nazisme.....et 80 ans plus tard les dirigeants allemands font leur méa culpa....quels faux culs !!!!!quelle attitude cynique !!!!! ils feraient mieux de se taire....

NBE
27/08/20 18:10

C'est trop facile comme attitude.
La prochaine fois on recommence.

FREDFR91
27/08/20 18:50

En effet.
Mais des usines Américaines implantées en Allemagne déjà à cette époque ont collaboré avec les nazis et pire que tout ont demandé et obtenu des indemnisations, après la guerre, pour la destruction des lieux et du matériel de production bombardés par les Américains et les Anglais.

Et chez nous ?

"Seconde Guerre mondiale (1939-1944)
Renault 4CV.

En septembre 1939, la France déclare la guerre et commence alors la Drôle de guerre jusque mai 1940. L'entreprise Renault est alors mobilisée pour l'effort de guerre par le gouvernement français contre l'Allemagne. Les productions automobiles sont perturbées. Seules les Juvaquatre, les Novaquatre et Primaquatre ainsi que les utilitaires continuent d'être fabriqués. Les livraisons de véhicules militaires fournies par la Société Renault à l’armée française sont considérées comme notoirement insuffisantes. Louis Renault mettant de la mauvaise volonté à accélérer les productions de guerre, Raoul Dautry, alors ministre de l'Armement nomme un contrôleur des usines, Charles Rochette, à Billancourt. François Lehideux passe alors sous ses ordres3,16,17.

Après la débâcle de mai-juin 1940, la France est sous occupation nazie et les usines Renault sont mises au service du gouvernement de compromis imposé par l'occupant allemand. Dès le 1er septembre 1940, les usines Renault sont saisies par les autorités allemandes et le prince von Urach est placé à leur tête18. En 1941, les autorités allemandes interdisent la fabrication de véhicules particuliers et seules les productions de camions sont autorisées. Cependant, un projet nommé « 106 » est discrètement en préparation : ce sera le premier prototype de la 4CV19,20. L'important marché de guerre permet aux usines Renault de faire travailler ses ouvriers près de 40 heures par semaine : une prime de rendement est octroyée aux ouvriers payés au mois3,21. De mars à septembre 1942, des bombardements de l'aviation alliée sur les usines du Mans et de Billancourt freinent les productions et les livraisons de véhicules22. Après le bombardement du 3 mars 1942, Louis Renault ordonne de « reconstruire » si bien que le « plénipotentiaire au recrutement et à l'emploi de la main-d'œuvre » Fritz Sauckel (Gauleiter Sauckel) exprime « son admiration pour l’effort exceptionnel fourni par l'entreprise Renault ». [réf. nécessaire] Mais les troisième puis quatrième bombardements de septembre 1943 aggravent la situation23. "

Tous les commentaires Cac 40

Pour poster un commentaire, merci de vous identifier.

VLuWbEwDiKrwTTEo35eTxK91tJBHqOzKjAoMyhA__izoYos9kZVdGHpjH10QZMfh

Investir en Bourse avec Internet