OK
Accueil > Marchés > Cotation Cac 40 > Actus Cac 40

La Chine de 2017, comme un air de ressemblance avec le Japon de la bulle


Actualité publiée le 16/08/17 08:55

Le président chinois Xi Jinping à Berlin, le 5 juillet 2017 (AFP/Archives/Tobias SCHWARZ)

La Chine, où l'activité s'essouffle et la dérive financière inquiète, est-elle promise au même destin que le Japon, victime d'une bulle dans la fin des années 1980 après une folle expansion ?

Le débat agite le microcosme économique et le plus haut sommet de l'Etat. Le président chinois Xi Jinping a ainsi commandé une étude pour voir comment éviter un scénario à la nippone, rapportait début août l'agence Bloomberg.

Car les deux géants asiatiques présentent des symptômes similaires, à 35 ans d'intervalle.

- Des symptômes similaires -

Le Japon pouvait à l'époque se targuer d'une croissance impressionnante qui l'a fait entrer dans le club des grandes puissances économiques, avec un rythme annuel de 9% de 1955 à 1973 qui a ensuite ralenti tout en restant soutenu.

Même tendance en Chine qui connaît une solide expansion "depuis plus de trois décennies, sans une seule récession", rappelle Ivan Tselichtchev, professeur d'économie à l'Université de gestion de Niigata (nord-ouest du Japon).

Autre point commun, une vertigineuse dette: dans les deux cas, elle a explosé sous l'effet des politiques monétaire et budgétaire accommodantes menées par les autorités pour stimuler l'activité.

Au Japon, elle s'élève à plus de 200% du Produit intérieur brut (PIB). En Chine, le montant total avoisine les 260%, comparé aux 140% d'avant la crise financière de 2008. Le Fonds monétaire international s'est alarmé mardi d'une "trajectoire dangereuse", quelques mois après une sanction de l'agence Moody's qui a abaissé la note de Pékin pour la première fois en 28 ans.

Enfin, des excès tous azimuts ont émaillé l'ascension des deux puissances.

Dans l'archipel, les accords du Plaza en 1985, visant à faire baisser la valeur du dollar, ont marqué un tournant. Pour contenir "l'endaka" (yen fort), Tokyo a conduit une politique de faibles taux d'intérêt qui a engendré des liquidités excessives dans le circuit. Jusqu'au tour de vis fatal qui a sonné le glas des festivités.

Les prix fonciers urbains ont quadruplé entre 1985 et 1990, tandis que l'indice boursier Nikkei s'envolait pour atteindre un niveau record de près de 40.000 points, le double d'aujourd'hui.

Les acquisitions étaient alors audacieuses (Sony s'emparant par exemple de Columbia Pictures pour 3,4 milliards de dollars en 1989), les touristes japonais partout, les spéculateurs prêts à payer des sommes astronomiques (près de 10.000 toiles de maître ont été acquises à l'époque).

La Chine compte elle aussi ses voyageurs qui dépensent sans compter, sa fièvre immobilière et ses fortunés collectionneurs, tel Liu Yiqian qui s'est offert en 2015 le "Nu couché" de Modigliani pour plus de 170 millions de dollars. Et les entreprises sont prises d'une frénésie acheteuse: les investissements chinois à l'étranger ont atteint 170 milliards de dollars en 2016, soit une flambée de 44% sur un an, du football au cinéma, des technologies high-tech au tourisme.

- C'est grave docteur ? -

Au-delà des symptômes, les économistes divergent sur la gravité du mal.

"Ce qui est effrayant, c'est que les gens en Chine se disent: +la Chine est un cas spécial, donc tout va bien+. C'est exactement ce que pensaient les gens au Japon à l'ère de la bulle", avertit Kokichiro Mio, de l'institut de recherche NLI.

Pour certains analystes, si la Chine évite, comme le Japon, de conduire des réformes douloureuses, elle est vouée à un sort identique: une longue stagnation économique sur fond de vieillissement démographique.

Mais d'autres pointent de réelles différences entre les deux pays, à commencer par le contrôle exercé par l'Etat chinois sur l'économie. "Comparé au Japon, les autorités ont plus de pouvoir pour réguler les prêts bancaires et donc limiter le financement des transactions de nature spéculative, tout comme pour intervenir sur les marchés", estime M. Tselichtchev.

Elles ont "conscience" qu'une éventuelle explosion de la bulle "menacerait la stabilité sociale et politique" et "luttent avec opiniâtreté" contre ce risque, "peut-être plus qu'aucun autre pays".

De fait, Pékin a depuis l'an dernier pris des mesures pour freiner drastiquement les investissements internationaux (qui se sont en conséquence effondrés de 46% au premier semestre 2017), contrer l'emballement immobilier (ce qui s'est traduit aussitôt par un ralentissement du marché) et restreindre le crédit.

La Chine, avec sa population de 1,3 milliard d'habitants (dix fois plus que le Japon), "peut s'appuyer sur de nombreuses forces et dispose d'une importante marge de croissance", complète He Chao, professeur assistant à l'université d'économie de Shanghai.

Pendant ce temps, le Japon se débat toujours avec sa déflation et ses "décennies perdues", dans l'ombre de son voisin qui l'a détrôné en 2010 du second rang mondial.

© 2017 AFP

Vous avez aimé cet article ? Partagez-le avec vos amis avec les boutons ci-dessous.

Twitter Facebook Linkedin email

1 commentaire sur cet article. Participez à la discussion.

robespaul
16/08/17 10:00
la comparaison des taux d'endettement n'est pas pertinente parce que un : on nous dit à volonté que les statistiques chinoises ne sont pas fiable et donc difficile de savoir le taux d'endettement réel du pays ... que deux : les 200% du taux japonais ne concernent que la dette d'état et que celle ci s'est faite non pas à la suite des décennies d'expansion, mais au contraire à cause des relances keynesiennes sans grand effet depuis le début de la crise des années 2000.

Pour poster un commentaire, merci de vous identifier.

VLuWbEwDiKrwTTEo35eTxLSVG56ODhjjq12lbaC2cGgVZQ_gmHUzYgy_m-LAM5l1

Comparatif des courtiers en ligne