Un verre à moitié plein ?" Emmanuel Macron a annoncé mardi, à l'issue du sommet du G20 à Rio de Janeiro, avoir convenu avec le président chinois Xi Jinping de "trouver une issue favorable" d’ici le premier trimestre 2025 concernant les surtaxes imposées par la Chine sur le cognac. Une lueur d’espoir pour une filière cruciale à l’économie française, durement touchée par cette mesure.
Une filière ultra-dépendante des exportations
Avec 72 500 emplois et 98 % de ses ventes à l’export représentant un chiffre d’affaires de 3,35 milliards d’euros, la filière du cognac est un poids lourd de l’industrie française des spiritueux. La Chine, deuxième marché après les États-Unis, absorbe 25 % des exportations. Mais ces volumes sont menacés depuis que Pékin a annoncé des mesures antidumping temporaires sur les brandys importés de l’Union européenne, dont le cognac.
Ces surtaxes, perçues comme une riposte aux enquêtes de Bruxelles sur les subventions chinoises aux voitures électriques, frappent un secteur déjà fragilisé. Les exportations de cognac ont chuté à 165,3 millions de bouteilles en 2023, contre 212,5 millions en 2022, tandis que la production pourrait baisser de 37 % en 2024, en raison de conditions météorologiques défavorables.
Une réponse coordonnée entre Paris et Pékin
Pour résoudre ce conflit commercial, Michel Barnier, Premier ministre français, se rendra en Chine au premier trimestre 2025 pour des négociations avec les autorités locales. Emmanuel Macron, qui s'est engagé à soutenir la filière, a déclaré que les discussions avec Xi Jinping seront menées avec "beaucoup de transparence".
Le président français a souligné que "des dizaines de milliers de familles dépendent de cette activité", rappelant l'importance stratégique et économique du cognac pour la France.
Lire aussi : La filière du cognac se mobilise face à la menace de taxes chinoises
Les professionnels de la filière, représentés notamment par le Bureau national interprofessionnel du Cognac (BNIC), ont salué l'engagement de l'Élysée. Reçus le 12 novembre dernier par le président, les acteurs de la filière avaient exprimé leurs inquiétudes face à des décisions qu'ils jugent "difficiles et injustes".
Une double menace : Chine et États-Unis
Outre la taxation chinoise, la filière du cognac pourrait également subir de nouvelles pressions du côté des États-Unis, premier marché d’exportation avec 38 % des expéditions. L’élection récente de Donald Trump inquiète les producteurs, en raison de ses promesses de renforcer les droits de douane sur les importations européennes, notamment dans le secteur viticole.
Lors de son premier mandat, Trump avait déjà imposé une surtaxe de 25 % sur certains vins européens, dans le cadre d’un différend sur les aides publiques à l’aéronautique. Une éventuelle augmentation de 10 à 20 % des droits de douane pourrait compliquer davantage la situation pour un secteur déjà sous tension.
La stratégie chinoise : au-delà du cognac
Le cognac n’est pas le seul produit européen ciblé par la Chine. Pékin mène également des enquêtes antidumping sur des produits tels que le porc et les produits laitiers, soulevant des préoccupations pour d'autres secteurs exportateurs. Ces enquêtes s’inscrivent dans un contexte de relations tendues entre l’Union européenne et la Chine, où les différends commerciaux se multiplient.
Pour protéger la filière cognac, la France devra non seulement négocier habilement avec Pékin, mais aussi renforcer sa coopération avec l’Union européenne pour défendre ses intérêts sur la scène internationale.
En chiffres :
- 72 500 emplois dépendent de la filière cognac.
- 98 % des ventes sont réalisées à l’export.
- 3,35 milliards d’euros de chiffre d’affaires annuel.
- 25 % des exportations sont destinées à la Chine, contre 38 % pour les États-Unis.
- Les exportations ont chuté de 165,3 millions de bouteilles en 2023 contre 212,5 millions en 2022.
© AbcBourse.com. Tous droits réservés