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Face à une exposition croissante aux catastrophes naturelles, le Maroc engage un tournant stratégique dans sa politique de résilience. Sous l’impulsion du roi Mohammed VI, le pays lance un vaste programme logistique de 7 milliards de dirhams (près de 700 millions d’euros) destiné à structurer un réseau national de plateformes d’urgence. L’objectif est clair : anticiper les risques, renforcer les capacités d’intervention, et garantir une réponse rapide, coordonnée et territorialisée.
Le lancement officiel s’est tenu le 7 mai à Salé, dans la commune d’Ameur, où le souverain, accompagné du prince héritier, a donné le coup d’envoi à la construction du premier site pilote. Ce projet s’inscrit dans la continuité des mesures prises après le séisme d’Al Haouz en 2023, événement qui a mis en lumière les lacunes du système d’urgence. Dès septembre de la même année, Mohammed VI ordonnait l’élaboration d’un plan national ambitieux.
Le Maroc figure à la 51e place du World Risk Index des Nations Unies, témoignant de sa vulnérabilité face aux inondations, incendies, sécheresses et séismes. Cette fragilité est amplifiée par la croissance démographique, l’urbanisation en zones sensibles et le changement climatique. Dans ce contexte, le choix d’un maillage logistique décentralisé vise à offrir une capacité de réponse rapide et adaptée, pilotée au niveau national.
Une première unité lancée à Rabat
Le programme prévoit 36 entrepôts répartis sur 12 plateformes régionales. Les zones les plus densément peuplées disposeront de quatre entrepôts pour 20 000 m², tandis que les autres régions en auront deux, pour un total de 10 000 m². Au total, 240 hectares seront mobilisés. Sur les 7 milliards de dirhams engagés, 2 milliards sont alloués aux infrastructures, et 5 milliards à l’acquisition de matériels d’urgence.
Le site pilote de Rabat-Salé-Kénitra couvrira 20 hectares, avec quatre entrepôts de 5 000 m², deux abris pour matériels hors gabarit, un héliport, et des aires pour véhicules d’intervention. Le chantier, doté d’un budget de 287,5 millions de dirhams, devrait être achevé en douze mois.
Chaque plateforme sera dotée de stocks stratégiques : 200 000 tentes, lits de camp, cuisines mobiles, générateurs, unités de potabilisation, équipements pour séismes, feux de forêt ou accidents chimiques. Douze hôpitaux de campagne et des réserves médicales viendront compléter le dispositif, conçu pour assurer une autonomie régionale dans les premières heures suivant une catastrophe.
Le modèle marocain s’inspire des standards internationaux, notamment espagnol, portugais, italien et chinois. Il repose sur quatre piliers : prévention, coordination, hiérarchisation et gestion partagée de l’information. Ce modèle est adapté aux spécificités locales du Maroc : diversité géographique, contraintes logistiques, et pression urbaine différenciée.
Au-delà de la réponse immédiate, le Royaume ambitionne de structurer une filière industrielle nationale d’équipements d’urgence. Ce programme, conçu pour tripler la capacité d’intervention constatée après Al Haouz, incarne une réforme profonde de la sécurité civile, portée par une vision royale de décentralisation, d’anticipation, et de solidarité territoriale.
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