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Meridiam repart à l'offensive en Afrique


Actualité publiée le 26/05/25 11:50

Le fonds de capital-investissement français Meridiam focalise ses opérations sur les pays développés et émergents, en Europe, en Amérique du Nord et du Sud, mais surtout en Afrique. Là-bas, les besoins de financement des infrastructures publiques constituent une terre d’opportunités pour les équipes Meridiam. À condition de savoir s’adapter aux réalités du continent.

Une page se tourne, un nouveau chapitre s’ouvre. Après le départ de son « Monsieur Afrique » – Mathieu Peller – en mars dernier, la société d’investissement indépendante Meridiam compte repartir du bon pied sur le continent africain que beaucoup voient comme une formidable terre d’opportunités. Ce départ était acté en interne depuis longtemps, « à cause de performance jugées insatisfaisantes » comme le révèle La Lettre dans son édition du 10 mars dernier. Ces deux dernières années, deux projets importants – au Kenya et au Burkina Faso – ont en effet été résiliés. Dix ans après le lancement du Meridiam Infrastructure Africa Fund (MIAF), le fonds d’investissement français amorce une nouvelle étape dans le développement de ses projets en Afrique.

Des besoins énormes, tous secteurs confondus

Le bilan du MIAF depuis 2015 donne de bonnes raisons de croire en l’avenir. Avec 10 milliards de dollars d’investissements sur dix ans, le fonds de Meridiam a presque atteint son objectif initial. Aujourd’hui, l’entreprise française dispose d’un milliard de dollars d’actifs sous gestion en Afrique – sur les 23 milliards du portefeuille du fonds. Ces investissements se sont principalement concentrés sur les infrastructures de transport (port, aéroport, rail), sur la production d’énergies renouvelables et dans une moindre mesure sur la construction de data centers, comme le montre le récent projet mené conjointement avec l’International Finance Corporation (IFC) sur une plate-forme de centre de données subsahariennes de 100 millions de dollars. « Notre action correspond à une demande des États africains, avance Thierry Déau, fondateur et PDG du fonds Meridiam. La base même du modèle économique de Meridiam, c'est de pouvoir s'investir dans la durée, dès le début pour répondre à la demande publique : de la conception des projets jusqu'au moment de l'exploitation. Et même plus tard. »

Les besoins sont en effet nombreux sur le continent africain, toutes zones confondues. Malheureusement, les investissements annuels dans les infrastructures restent largement en-deçà des attentes. Selon la Banque africaine de développement (AfDB), l’investissement annuel moyen s’élève à environ 80 milliards de dollars, bien loin des objectifs estimés entre 130 et 170 milliards par an. Autre défi connexe : ces investissements sont principalement dus à des financeurs institutionnels, les investissements privés ne représentant que 10% en valeur des investissements dans les infrastructures africaines. C’est là que des fonds comme Meridiam ont leur place : soit en montant des projets BOT (Build-operate-transfer), soit en s’associant dans des PPP (partenariats publics-privés). « Nous sommes sur des sujets complexes, explique le département Développement Afrique de Meridiam. La structuration de BOT ou de PPP, ce n’est pas ce qu'il y a de plus simple, entre la structuration financière et la structuration juridique. » Ce temps d’analyse et de préparation des projets est particulièrement crucial, et c’est l’une des spécificités des marchés africains : seuls 10% des projets lancés atteignent la dernière étape de clôture financière, d’après une étude du cabinet McKinsey.

De la difficulté de mener les projets à bien

Les investisseurs occidentaux se cassent souvent les dents sur cette réalité. « Peu de projets vont jusqu’au bout, poursuit le responsable Afrique. Les chiffres de la Banque mondiale disent que 90% des projets chutent dès la phase de préfaisabilité, faute d'avoir été suffisamment bien construits. Il y a un énorme taux de chute, mais ceux qui sont bien montés vont jusqu’au bout. » Pour y parvenir et pour boucler ses projets, il faut connaître les hommes, sentir le terrain, et bien estimer les besoins. C’est là qu’intervient l’expertise des équipes de Meridiam, dans des contextes compliqués.

Malgré les critiques politiques sur l’implication de la France sur le continent africain, Thierry Déau considère qu’il faut sortir des débats stériles et des postures anticoloniales. Pour lui, la France reste un partenaire fidèle de nombreux pays africains, œuvrant pour leur développement : « Aujourd'hui, l’Afrique est vraiment la dernière frontière. Je pense qu’il n’y a aucun souci pour les investisseurs français qui investissent sur le continent – même en Afrique francophone – tant qu’ils arrivent avec de vraies innovations et de vraies idées pour investir dans la durée. » L’objectif principal désormais est d’accompagner ces États désireux de développer leurs projets d’infrastructures, et celui des bailleurs internationaux qui jugent opportun de mettre la main à la poche. Pour cela, une expertise en préparation de projet et en gestion administrative – en particulier pour la structuration des PPP – est nécessaire. C’est aussi là qu’interviennent les équipes de Meridiam.

L’un des secteurs les plus prisés à l’heure actuelle est la production d’énergies renouvelables, pour laquelle Meridiam a développé une expertise tangible. De leur côté, les gouvernements africains ont pour la plupart compris les bénéfices qu’ils pouvaient tirer de telles initiatives ainsi que les mécanismes réglementaires à mettre en place pour faire fleurir ce type de projets. « Nous sommes intervenus dans de nombreux pays, au fur et à mesure qu’ils ont développé une stratégie claire suite à la COP21, poursuit le PDG de Meridiam. En particulier quand ils voulaient développer les énergies renouvelables, en fonction des engagements qu’ils avaient pris. » Mis à part les énergies renouvelables, Meridiam concentre également son énergie sur le développement de projets dans le domaine de l’eau, même s’ils sont moins rentables que d’autres types de dossiers. Les bailleurs qui s’engagent auprès de Meridiam le savent, mais réclament logiquement des assurances.

Quelles perspectives pour l’avenir ?

Un nouveau chapitre s’ouvre pour les opérations de Meridiam en Afrique, et la feuille de route est claire. « Nous avons l’ambition de doubler nos volumes d’investissement dans les années à venir en Afrique, conclut le PDG du fonds Meridiam Thierry Déau. Nous invitons les bailleurs de fonds à collaborer de façon spécifique, sur chacun de nos projets. Il est vrai que nous travaillons beaucoup avec certains d’entre eux, parce qu’ils sont typiquement très présents en Afrique. Ces bailleurs de fonds jouent un rôle très important sur le continent africain parce qu’ils permettent justement de financer les infrastructures dans la durée. Jusqu’à 20 ans, parfois plus. » La réussite de ces projets ne résultera que d’une chose : de la conjonction entre la volonté des 54 États africains de développer leurs infrastructures et l’accompagnement dont ceux-ci pourront bénéficier pour assurer leur financement. Et là, le monde de la finance a pleinement un rôle à jouer.

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