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Nouveau face à face tendu entre Vivendi et Mediaset qui rêve d'Europe


Actualité publiée le 04/09/19 04:38

Le PDG et vice-président de Mediaset, Pier Silvio Berlusconi (G), et son président, Fedele Confalonieri (C), lors de l'assemblée générale extraordinaire au siège du groupe près de Milan le 4 septembre 2019 (AFP/Miguel MEDINA)

Les actionnaires du groupe italien de télévision Mediaset ont validé mercredi son projet européen, mais le géant français Vivendi va le contester en justice, estimant qu'il viole le droit des actionnaires minoritaires.

Le groupe italien, dont le principal actionnaire est la famille Berlusconi, va fusionner ses activités italiennes et espagnoles au sein d'une holding de droit néerlandais, Media For Europe (MFE). Son objectif: fédérer ensuite d'autres grands acteurs européens de la télévision afin de pouvoir rivaliser avec les géants du web, de Netflix à YouTube.

"Ce projet industriel représente, pour notre métier, l'unique voie possible pour croître et être plus compétitif", a expliqué Pier Silvio Berlusconi, patron de Mediaset et fils de l'ex-chef du gouvernement.

Cette holding permettra aussi à sa famille de renforcer son contrôle sur le groupe, avec des votes d'abord triplés puis jusqu'à multipliés par dix après un certain délai.

La fusion a été approuvée par 78,18% des actionnaires présents à l'Assemblée générale (AG) extraordinaire réunie à Cologno Monzese, près de Milan, contre deux tiers requis. A elle seule, Fininvest, la holding des Berlusconi, détient 45,89% des droits de vote.

Vivendi, deuxième actionnaire, s'est exprimé contre. Autorisé samedi par la justice à voter, après avoir été exclu par Mediaset lors d'une précédente AG, il n'a pu faire pencher la balance avec ses 9,99% des droits de vote, même s'il a été rejoint par 3,72% autres actionnaires.

Le conseil d'administration de Mediaset a refusé de laisser voter Simon Fiduciaria, la société fiduciaire à qui Vivendi - également actionnaire de Telecom Italia - a dû transférer quelque 20% des droits de vote pour respecter la loi sur la pluralité des médias. Le CA a argué que les actions avaient été acquises en violation de cette loi.


L'entrée du siège du groupe français de médias Vivendi, le 5 octobre 2017 à Paris (AFP/Archives/Lionel BONAVENTURE)

A cause de ce refus, l'AG "est illégale", a estimé la directrice juridique de Vivendi, Caroline Le Masne de Chermont.

Selon elle, le projet de Mediaset n'a "pas d'objectif industriel clair" et aura pour conséquence d'"annihiler les droits des actionnaires minoritaires", tout en permettant à Fininvest de contrôler toutes les décisions prises.

"Vivendi utilisera tous les recours juridiques possibles (...) pour contester la légalité du projet", a averti le groupe de Vincent Bolloré.

Les actionnaires de Mediaset Espana ont, eux aussi, approuvé le projet. Surprise, Vivendi détient désormais un peu plus de 1% de cette filiale.

- "Paradoxe" -

"C'est un paradoxe", a commenté auprès de l'AFP Carlo Alberto Carnevale-Maffè, professeur à l'université Bocconi de Milan: Vivendi vote "contre un projet industriel né en fait avec lui et reprenant ses propres idées: car c'est pour cela qu'il avait scellé une alliance avec Mediaset".

En avril 2016, les deux groupes annoncent en effet la signature d'un "accord stratégique", prévoyant notamment un échange de participations à hauteur de 3,5%. Un des objectifs: lancer une plate-forme de contenus susceptible de concurrencer Netflix.

Mais en juillet 2016, Vivendi dénonce le contrat et, en décembre, s'empare, au terme d'un raid qualifié d'"hostile" par les Berlusconi, de 28,8% de Mediaset. Depuis, les deux groupes sont à couteaux tirés et s'affrontent devant les tribunaux.

Le projet de Mediaset - qui dit avoir eu des contacts avec le français TF1 et l'allemand ProsiebenSat, dont il détient 9,6% - est "nécessaire. Les entreprises nationales de médias ne peuvent survivre seules dans le contexte mondial actuel", note M. Carnevale-Maffè.


Pier Silvio Berlusconi à son arrivée à l'assemblée générale extraordinaire du groupe italien de télévision Mediaset, près de Milan, le 4 septembre 2019 (AFP/Miguel MEDINA)

Un moyen pour Vivendi de faire échouer le projet serait d'exercer son droit à se faire racheter ses actions. MFE serait en effet annulé si Mediaset devait rembourser au-delà de 180 millions d'euros d'actions, au prix de 2,77 euros l'une.

Mais, pour Vivendi, la moins-value serait considérable, autour de 300 millions d'euros.

"Vivendi est un petit peu coincé. (Se retirer) serait irrationnel sur le plan financier" et "Vivendi a peu de chances d'être entendu en justice. Les actions ne seront pas suspensives et le temps que les tribunaux se prononcent, MFE sera créée", analyse Jean-Baptiste Sergeant, expert chez Mainfirst.

Selon M. Carnevale-Maffè, "le conflit doit être résolu par les entreprises, et non devant les tribunaux. Le conseil qu'on pourrait donner à Vivendi est de faire le gros dos, en passant d'une optique de conflit à une posture d'intelligence cynique, également dans la perspective de résultats financiers".

© 2019 AFP

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