La machine Nvidia tourne à plein régime, mais cela ne suffit plus à faire vibrer les marchés. Le géant américain des semi-conducteurs a publié des résultats financiers spectaculaires, avec un bénéfice net de 26,4 milliards de dollars au deuxième trimestre. Pourtant, son action a chuté de plus de 3 % après la clôture de Wall Street mercredi, trahissant une forme de lassitude des investisseurs, plus exigeants que jamais.
Malgré un chiffre d'affaires de 46,7 milliards de dollars, supérieur aux attentes, et une croissance explosive liée à l'intelligence artificielle, les marchés n'ont pas été totalement rassurés. En cause : les tensions commerciales persistantes entre Washington et Pékin, les limites imposées à l’exportation de certaines puces vers la Chine et une défiance croissante face à l'ampleur des investissements dans l’IA.
Nvidia reste au sommet, mais les attentes explosent
La croissance de Nvidia frôle l’indécent. En deux ans, la société a vu son chiffre d’affaires passer de 11 à 200 milliards de dollars. Sa marge nette dépasse les 50 %, ce qui signifie qu’un dollar sur deux encaissé se transforme directement en bénéfice. Mais ces performances, autrefois saluées comme exceptionnelles, ne suffisent plus à faire grimper son cours en Bourse.
Le groupe a précisé qu’aucune puce H20 - conçue pour contourner les restrictions américaines - n’avait été vendue entre mai et juillet. Cette absence a pesé sur les recettes des centres de données, ressorties à 41,1 milliards de dollars contre 41,3 attendus. Un détail pour le grand public, mais un signal pour Wall Street.
En toile de fond, le spectre d’un essoufflement de la ruée vers l’IA pointe. « Bien qu’énormes, ces résultats montrent des signes que les dépenses des géants de l’IA et du cloud pourraient se réduire à la marge si les retours sur investissements des applications de l’IA restent élusifs », analyse Jacob Bourne, chez Emarketer.
L’IA en plein boom, mais une Chine sous tension
En parallèle, la confrontation technologique entre les États-Unis et la Chine continue de plomber les perspectives. Nvidia a été contraint de suspendre la production de certaines de ses puces en raison de la pression de Pékin, qui accuse ces composants de comporter des failles de sécurité.
Pour autant, Nvidia garde la tête froide. La société prévoit un chiffre d’affaires de 54 milliards de dollars pour le trimestre à venir et s’appuie désormais sur ses nouvelles puces Blackwell. « Les revenus liés à (la puce) Blackwell (...) principalement grâce aux grands fournisseurs de services cloud, ont représenté environ 50% du chiffre d’affaires des centres de données », selon le groupe.
Une dynamique saluée par certains analystes. « Cette suspension génère certes des incertitudes à court terme, mais la demande des géants du cloud américains (AWS, Google Cloud, etc) et l’adoption de ces nouvelles puces Blackwell, parmi les plus avancées de Nvidia, devraient compenser la faiblesse du marché chinois », juge Josh Gilbert, analyste chez eToro.
Pour Dan Ives de Wedbush, les marchés n’ont pas encore pris la mesure du potentiel : « Wall Street continue à sous-estimer la croissance exponentielle de la demande ». Nvidia est plus que jamais « le meilleur fournisseur connu de pelles et de pioches pour cette ruée vers l’or artificiel ».
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