Où en est la cryptomonnaie Libra de Facebook?

En juin 2019, le projet Libra était dévoilé et suscitait une véritable levée de boucliers. Au vu des nombreuses réticences, Facebook a dû revoir sa copie et repositionner son projet. Cependant, la cryptomonnaie Libra devrait bel et bien voir le jour dans un avenir proche.

La Libra, la suite logique des cryptomonnaies

Pour comprendre la Libra, il faut effectuer un petit retour dix ans en arrière en 2009. À l’époque, Satoshi Nakamoto créa la première cryptomonnaie, le bitcoin. Celui-ci est né sur les cendres de la crise financière de 2008 alors que ses supporters cherchaient à remodeler un système financier qu’ils estimaient corrompu. Le bitcoin utilise la technologie des réseaux distribués. Il n’appartient donc en théorie à personne et est contrôlé par tous, sans intermédiaire. C’est donc à l’origine une véritable alternative au système financier traditionnel.

La suite est connue. En décembre 2017, le cours du bitcoin s’est envolé à 20 000 dollars suscitant l‘attention du monde entier et les cryptomonnaies sont devenues un véritable phénomène. Aujourd’hui, il en existe plus de 5000. Les cryptomonnaies s’échangent et se transfèrent rapidement, souvent à moindre coût via internet. Elles se positionnent donc en marge du système bancaire traditionnel trop souvent archaïque. Cependant, les marchés financiers les ont rattrapés pour le plus grand bonheur des investisseurs qui ont commencé à acheter et vendre des cryptomonnaies dans une perspective de trading.

Facebook a voulu pousser l’expérience un pas plus loin. Profitant de sa couverture mondiale et de sa popularité, l’entreprise annonçait en juin 2019 la création du projet Libra au sein d’un consortium avec une grosse vingtaine d’autres entreprises. La Libra, c’est une cryptomonnaie au sein de l’environnement Facebook (Instagram, WhatsApp, Facebook). Elle pourrait être à terme utilisée globalement, par tous y compris ceux qui n’ont pas accès au système bancaire traditionnel (environ 1,7 milliard d’individus). La Libra serait établie selon un modèle stable coin c’est-à-dire qu’elle serait garantie par des réserves dans un panier de différentes devises (dont l’euro, le dollar et le yen).

Très rapidement suite à l’annonce de ce projet, les régulateurs du monde entier ont exprimé leurs inquiétudes et indiqué leur volonté de contrecarrer les plans de Mark Zuckerberg. Les banques centrales craignent de perdre une partie de leur souveraineté suite à l’ascendant potentiel de la Libra. Plusieurs membres du consortium ont dès lors pris l’option de se retirer et d’autres l’ont ensuite intégré. Au printemps 2020, force est de constater que Facebook a dû partiellement adapter ses plans.

Libra montre patte blanche pour convaincre

Source : Pixabay.

Facebook n’a pas lésiné sur les efforts de lobbying depuis juin 2019. Les défenseurs du projet Libra ont parcouru la planète, serré des mains et rencontré des personnalités officielles. Suite à ces efforts, des ponts ont pu être créés. Selon Bloomberg, Facebook aurait dès lors accepté le principe d’ouvrir son réseau de paiement à d’autres cryptomonnaies. On peut imaginer par exemple un stable coin lié au dollar ou à l’euro ou des cryptomonnaies émises par des banques centrales. Un certain nombre d'entre elles envisagent en effet cette possibilité. Facebook déploierait dès lors son réseau dans un premier temps mais sans exclusivité pour la cryptomonnaie Libra. Cela permettrait à l’entreprise de profiter de son formidable taux de pénétration pour se faire rapidement une place parmi les grands et noyer les espoirs d’une multitude de jeunes entreprises fintech.

L’association Libra indique dans ce sens qu’elle souhaite proposer un réseau de paiement en conformité avec les normes en vigueur. De plus, Facebook a d’ores et déjà indiqué que l’aval des autorités américaines serait un prérequis pour avancer dans le projet. La date initiale de lancement prévue en 2020 semble dès lors fâcheusement compromise. Néanmoins, le projet est toujours sur les rails et l’écosystème Libra pourrait dès lors concurrencer sérieusement les systèmes de paiement en vigueur actuellement, Swift en tête.

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