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Passe d'armes sur le pouvoir d'achat: combien vont gagner les ménages en 2019?


Actualité publiée le 25/09/18 15:45

Selon l'exécutif, le budget 2019 se traduira par une baisse d'impôts de 6 milliards d'euros pour les ménages (AFP/Archives/PHILIPPE HUGUEN)

Majorité et opposition s'affrontent sur les mesures de soutien au pouvoir d'achat prévues l'an prochain, à coups de chiffres et de calculs divergents. Quel sera l'impact du projet de budget sur le porte-monnaie des Français, et pour quelles catégories de population?

Que dit le gouvernement?

Selon l'exécutif, le budget 2019 se traduira par une baisse d'impôts de 6 milliards d'euros pour les ménages. Il s'agit d'une baisse "en net", a précisé mardi sur France Inter le ministre des Comptes publics Gérald Darmanin. Autrement dit: une baisse qui tient compte à la fois des mesures fiscales favorables et défavorables aux contribuables.

Parmi les gestes fiscaux favorables figurent la nouvelle baisse de la taxe d'habitation pour 80% des ménages (3,8 milliards d'euros), la fin des cotisations sur les heures supplémentaires (600 millions), l'exonération de hausse de la CSG pour 300.000 retraités (350 millions) et la suppression des cotisations maladie et chômage pour les salariés (4,1 milliards).

Le budget des ménages sera à l'inverse pénalisé par la hausse des taxes sur les carburants (1,9 milliard) et des prélèvements sur le tabac (400 millions) -- ce qui permet à Bercy d'arriver au chiffre de 6 milliards.

Que dit l'opposition?

Pour le vice-président de LR Damien Abad, le projet de loi de finances (PLF) 2019 est un budget "en trompe-l'oeil, où les illusions de baisses d'impôt laissent place à la réalité d'un pouvoir d'achat en berne". Un avis partagé par le premier secrétaire du PS Olivier Faure, pour qui l'exécutif "donne d'une main" ce qu'il "reprend d'une autre".

L'opposition s'appuie notamment pour contester les chiffres du gouvernement sur une étude de l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), un organisme de prévision universitaire lié à Sciences Po Paris, publiée le 20 septembre.

Dans cette note, le think tank économique évalue à 3,5 milliards d'euros les gains de pouvoir d'achat liés au budget 2019. Ce gain pourrait même retomber à "1,7 milliards" si l'on intègre la "hausse des taux d'appel et de cotisation" pour les régimes de retraites complémentaires Agirc-Arrco, "décidée par les partenaires sociaux", estime l'OFCE.

Pourquoi cette différence?

Deux raisons principales expliquent cette divergence d'analyse. La première concerne les 4,1 milliards d'euros liés à la suppression totale des cotisations salariales. Pour l'opposition, cette suppression de cotisations ne doit pas être prise en compte car elle n'est pas nouvelle: votée fin 2017, elle est entrée en vigueur en 2018.

Pour le gouvernement, elle doit être prise en considération, puisque ce n'est qu'en 2019 que cette mesure - financée par la hausse de la CSG - donnera ses pleins effets. Pour des raisons budgétaires, la hausse de la CSG a en effet été appliquée le 1er janvier 2018, alors que la baisse des cotisations a été en partie reportée au 1er octobre.

L'autre motif de divergence a trait aux mesures d'économies décidées par l'exécutif: plusieurs d'entre elles vont en effet grever le budget des ménages, comme le quasi-gel des pensions de retraites et des allocations logement, qui ne seront revalorisée que de 0,3%, alors que l'inflation devrait atteindre 1,3%.

"Si l'on parle de pouvoir d'achat, il faut prendre en compte l'ensemble des mesures du budget qui auront un impact, soit de façon favorable, soit de façon défavorable", a insisté auprès de l'AFP Mathieu Plane, économiste à l'OFCE. Ce que le chercheur, auteur de la note en question, précise avoir fait.

Que vont réellement gagner les ménages en 2019?

"Il y a plusieurs façon d'appréhender le pouvoir d'achat, en fonction du périmètre mais aussi de l'horizon temporel", souligne Olivier Passet, économiste chez Xerfi, qui rappelle que les gains budgétaires pour les ménages dépendront de la conjoncture, qui joue sur les salaires, et de l'inflation.

Selon la Banque de France, le pouvoir d'achat devrait ainsi augmenter de 1,7% l'an prochain. "Mais tout dépendra de l'évolution des prix, notamment des prix du pétrole, qui restent à ce stade incertains", estime M. Passet.

Quoi qu'il arrive, le budget 2019 aura des effets différenciés selon les contribuables concernés. "Ce budget est largement fondé sur des transferts massifs [...] qui font payer un certain nombre de Français pour d'autres Français", a souligné lundi l'ancien ministre des finances Eric Woerth (LR). "Il y aura des gagnants et des perdants", confirme Mathieu Plane.

Globalement, les salariés sont ceux qui devraient le plus gagner en 2019 -- un choix assumé par le gouvernement, qui souhaite défendre le "travail". Les retraités seront eux les principaux perdants. Mais là encore, l'évolution se fera au cas par cas, puisque les plus modestes d'entre eux bénéficieront d'une hausse du minimum vieillesse.

© 2018 AFP

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