(ABC Bourse) - Il y a à peine un an, Pennylane faisait son entrée dans le cercle fermé des licornes françaises. Aujourd’hui, la start-up spécialisée dans les outils comptables frappe encore plus fort : 75 millions d’euros levés auprès de Meritech Capital Partners et CapitalG, les fonds de Google, avec le soutien de Sequoia Capital et DST. Résultat : la valorisation grimpe à 2 milliards d’euros, un record pour une fintech dans un marché où les financements se font rares.
Basée à Paris, Pennylane équipe désormais 4 000 cabinets d’expertise comptable et revendique 350 000 entreprises clientes, soit plus du double par rapport à début 2024. Son objectif est limpide : s’imposer comme le logiciel de référence pour les PME avant l’entrée en vigueur de la réforme de la facturation électronique obligatoire, prévue dès septembre 2026. Un virage réglementaire que la société entend bien transformer en opportunité.
Pourquoi Pennylane parie gros sur la réforme de la facturation électronique
L’agenda est déjà fixé par l’administration fiscale : à partir du 1er septembre 2026, toutes les entreprises devront être capables de recevoir des factures électroniques. Un an plus tard, l’émission au format papier ou Word sera interdite pour les PME, au profit du format Factur-X. Pennylane veut être en première ligne de cette transformation, avec une plateforme déjà certifiée PDP (Plateforme de Dématérialisation Partenaire).
Cette certification n’est pas anodine : elle permet aux entreprises de traiter leurs factures dans un circuit totalement conforme à la future réglementation. « Grâce à notre plateforme, les entreprises peuvent dès aujourd’hui envoyer et recevoir des factures électroniques », rappelle Arthur Waller, cofondateur et PDG de la fintech. L’enjeu est simple : capter un maximum de clients pendant cette période de transition, et devenir incontournable dans le cycle de traitement comptable.
Le marché s’annonce compétitif. Plus de 80 plateformes sont déjà homologuées. Certaines banques comme Crédit Agricole (Kolecto) ou Crédit Mutuel ont lancé leurs propres solutions. D'autres groupes comme BPCE misent sur des acquisitions, à l’image du rachat d’iPaidThat. Pour Arthur Waller, la clef réside ailleurs : « Celui qui contrôlera l’émission et la réception contrôlera aussi le paiement. »
Une croissance explosive et une stratégie assumée de conquête
La trajectoire financière de Pennylane impressionne : 60 millions d’euros de revenus annuels récurrents en 2024, contre 20 millions un an plus tôt. Pour 2025, l’objectif est clair : atteindre entre 110 et 120 millions d’euros. Et la start-up ne s’arrête pas là. Elle a annoncé vouloir recruter 250 personnes supplémentaires d’ici la fin de l’année, passant ainsi de 550 à 800 collaborateurs.
Cette dynamique s’appuie sur un changement de cible stratégique. Historiquement tournée vers les TPE, Pennylane se développe désormais auprès des PME et ETI, qui pèsent « de plus en plus dans notre chiffre d’affaires », indique Arthur Waller. La société mise aussi sur la diversification de ses services : intégration de comptes bancaires, connecteurs logiciels, outils d’automatisation basés sur l’intelligence artificielle…
L’acquisition de la startup Billy, en octobre dernier, vient renforcer cette ambition. Elle permet à Pennylane de créer des ponts entre différents logiciels financiers et d’offrir une vision unifiée de la trésorerie aux entreprises.
© AbcBourse.com. Tous droits réservés
0,97%