Malgré une économie en meilleure forme que prévu, la BCE a décidé de ne pas toucher à ses taux directeurs. Une décision qui soulève autant de certitudes que d’inquiétudes.
Attendue, la décision est tombée ce jeudi à Francfort : la Banque centrale européenne ne modifie pas ses taux d'intérêt. Comme en juillet dernier, le taux de dépôt reste fixé à 2 %, celui de la facilité de refinancement à 2,25 %, et le taux de la facilité de prêt marginal à 2,4 %. Les marchés n’ont pas bronché, tant cette position de statu quo était anticipée depuis plusieurs semaines.
Une stabilité assumée, alors même que les indicateurs économiques de la zone euro sont plus robustes que prévu. Les analystes tablent désormais sur une révision à la hausse des prévisions de croissance pour 2025. Cette bonne santé relative, conjuguée à une légère hausse de l’inflation, a conforté les partisans d’une ligne monétaire stricte.
Inflation, douanes américaines et tensions politiques : la BCE en équilibre
La Banque centrale n’agit pas dans le vide. En toile de fond, la conjoncture mondiale est tendue, entre retour des droits de douane américains et incertitudes politiques en Europe. Le contexte pousse la BCE à la prudence. Lors de la conférence de presse prévue à 14 h 45, Christine Lagarde devrait être interrogée sur plusieurs points sensibles, dont la situation française.
Si la présidente de la BCE ne devrait pas commenter directement l’instabilité politique dans l’Hexagone, elle pourrait néanmoins rappeler la surveillance accrue de l’institution sur les spreads. Un signal attendu par les marchés, dans un moment où les rendements français s’écartent légèrement.
D’autres sujets pourraient être abordés, notamment la gestion du bilan de la BCE et la possibilité d’un ralentissement du dégonflement pour soutenir le marché des dettes souveraines.
Fed en mouvement, BCE en pause : vers un choc monétaire transatlantique ?
Pendant que la BCE maintient sa position, la Réserve fédérale américaine pourrait, elle, entamer une série de baisses de taux dès mercredi prochain. Une divergence de stratégie qui pourrait renforcer l’euro, déjà en hausse de 13 % depuis le début de l’année face au dollar. "Une BCE qui ne bouge pas et une Réserve fédérale qui baisse ses taux devraient conduire à un renforcement de l'euro face au dollar."
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Actuellement, un euro s’échange autour de 1,17 dollar. Le seuil symbolique de 1,18 dollar pourrait être franchi, au détriment des exportateurs européens, déjà fragilisés par la taxe frontalière de 15 % imposée par l’administration Trump.
Reste à savoir si la BCE pourra tenir cette ligne. Certains analystes évoquent une possible baisse des taux en décembre, à condition que l’économie donne des signes de ralentissement clair et que l’inflation se stabilise durablement sous les 2 %.
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