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Présidentielle: les candidats entament une bataille de chiffres


Actualité publiée le 24/02/17 15:45

Le chiffrage du programme des candidats à l'élection présidentielle est devenu un exercice incontournable (AFP/Archives/DANIEL ROLAND)

Exigence démocratique ou simple affichage ? Même s'ils affirment que la vision pour le pays prime sur les débats comptables, les candidats à la présidentielle dégainent, tour à tour, le chiffrage de leurs programmes, un exercice devenu incontournable mais qui n'est pas sans risques.

Emmanuel Macron vient de dévoiler sa stratégie économique et budgétaire, emboîtant le pas à Jean-Luc Mélenchon qui a chiffré dimanche dernier pendant plus de cinq heures sur sa chaîne Youtube. Marine Le Pen a publié début février sur internet quatre pages sur "l'économie générale de son projet".

Quant à François Fillon, il présentera son cadrage révisé "dans quelques jours", et Benoît Hamon devrait le faire au plus tard à la mi-mars, selon son équipe.

Aujourd'hui "c'est un élément incontournable d'une campagne", explique à l'AFP Frédéric Montlouis-Félicité, délégué général de l'Institut de l'entreprise, un think tank libéral proche du patronat qui effectue depuis la campagne présidentielle de 2007 son propre chiffrage des propositions des candidats.

Cette année-là, "aucun candidat ne le faisait, on était sur des promesses très peu documentées et pas du tout chiffrées", rappelle-t-il.

Inflexion lors de la campagne de 2012: sous la pression de la crise financière mondiale sur les finances publiques en France, les favoris recrutent des chiffreurs attitrés, tandis que les instituts et cercles de réflexion mettent en place des cellules pour disséquer les programmes. Et "cette exigence démocratique s'est totalement banalisée" depuis, poursuit-il.

"Aujourd'hui, on ne peut pas proposer quelque chose sans dire quel va être l'impact pour les finances de l'Etat", confirme à l'AFP Charles Nicolas, directeur des études de l'Institut Montaigne, autre think tank libéral.

- "Cartes sur table" -

Pour Julia Cagé, économiste de Benoît Hamon, il s'agit d'un "exercice indispensable". "On veut prendre des engagements qui sont tenus, de la crédibilité, on veut jouer cartes sur table dès le départ", déclare-t-elle. L'estimation du coût du revenu universel, sa proposition phare, est notamment très attendue.

"Pour se préparer à gouverner, il faut déterminer précisément les mesures, les barèmes et les taux, il faut évaluer les grands équilibres pour gouverner, faire des arbitrages sur des nombres d'emplois, de crédits à allouer", indique de son côté Boris Bilia, qui a oeuvré au chiffrage du programme de Jean-Luc Mélenchon.

Mais ces étalages de chiffres sont-ils vraiment crédibles? "Il faut regarder si ce n'est pas uniquement de l'affichage", met en garde Charles Nicolas. Car même si l'effort de chiffrage s'est intensifié, il reste souvent des "zones d'ombre".

"On voudrait que les candidats aillent plus loin, qu'ils nous disent quelle méthode ils emploient", indique-t-il. Ainsi, "dire qu'on veut 100 milliards d'euros de baisse de la dépense publique comme le fait François Fillon n'est pas une preuve de crédibilité du programme, c'est le détail qui compte", souligne l'économiste.

Un flou, souvent volontairement entretenu, qui explique les différences d'évaluations avec les cercles de réflexion, ces derniers étant souvent critiqués par les candidats sur le choix de leurs hypothèses.

"Si le citoyen a le droit de connaître l'économie générale d'un projet pour avoir une idée des grandes masses de dépenses et de recettes, il ne faut pas non plus qu'on descende à un niveau de détail trop fin (...) car ça se traduit toujours par une complexité et une technicité qui, au final, nuisent au débat démocratique", estime auprès de l'AFP Jean Messiha, coordinateur du projet du FN.

Le parti d'extrême-droite n'a ainsi pas indiqué quel serait l'impact de la sortie de la France de l'euro. Selon l'Institut Montaigne, cela se traduirait par une perte de 4 à 13% de points de croissance à long terme. Le gouverneur de la Banque de France François Villeroy de Galhau a, pour sa part, récemment indiqué que, sans l'euro, financer la dette publique française coûterait plus de 30 milliards d'euros d'intérêts supplémentaires par an.

Par ailleurs, cet exercice n'est "pas une garantie contre des dérapages ultérieurs", souligne M. Montlouis-Félicité. "Il y a une limite, cela ne mène pas forcément à la vertu budgétaire: on peut imaginer qu'un candidat qui ait un programme parfaitement chiffré mais qui ouvre les vannes de la dépense publique soit élu", ajoute-t-il.

© 2017 AFP

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