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Nantes et les rives de la Loire © Leonid Andronov – Shutterstock
Le 18 février dernier, la ministre déléguée auprès du ministère de la transition écologique, chargée du Logement, Emmanuelle Wargon, précisait par visioconférence, les derniers ajustements concernant la RE2020, la nouvelle règlementation environnementale sur les bâtiments neufs. Finalement, son entrée en vigueur est reportée au 1er janvier 2022, soit 6 mois après la date initialement prévue et l’ensemble des jalons posés pour permettre une mise en application de la loi en douceur, sont tous repoussés d’un an.
Ce nouveau report, très attendu par l’ensemble de la profession, est une aubaine pour toutes les filières de la construction qui ont finalement l’opportunité de se préparer aux exigences de la nouvelle loi.
À Nantes, comme sur tout le territoire français, les promoteurs immobiliers du neuf mettent tout en œuvre pour se mettre en conformité avec la RE2020, et proposer aux acquéreurs des appartements et maisons alliant : durabilité, confort thermique, et économies d’énergies. De plus, ce temps d’adaptation, permet de maintenir l’offre de logements neufs à Nantes, un marché déjà sous tension.
Pourquoi l’urgence de la loi ?
Pour comprendre, il faut remonter aux accords de Paris qui se sont tenus en 2015, lors de la COP21. Face à l’urgence climatique, la France s’est engagée à limiter l’élévation de la température de la surface du globe à 2 degrés, d’ici la fin du siècle. Un objectif ambitieux mais nécessaire qui consiste notamment à diminuer les émissions de gaz à effets de serre (GES).
Le maintien de cet accord historique, passe nécessairement par de nouvelles réglementations, et le secteur du bâtiment qui représente 40 % des émissions de GES en France doit impérativement se transformer.
Le report de l’entrée en vigueur de la RE2020 est une aubaine pour les professionnels de l’immobilier neuf. Ce délai supplémentaire demandé par le CSCEE (Conseil supérieur de la construction et de l’efficacité énergétique) permet aux promoteurs de se préparer aux nombreux changements qui interviennent à toutes les étapes de conception des programmes immobiliers neufs, au niveau des appartements, et des maisons neuves.
L’intégration des énergies décarbonées dans les maisons neuves et dans les bâtiments collectifs (en 2025) va demander une adaptation particulière, avec un changement de braquet radical, puisque jusque-là, les programmes neufs à Nantes et sur le territoire français intégraient majoritairement le gaz comme énergie pour le chauffage (premier poste de consommation énergétique en France).
La mixité des matériaux constructifs est un autre challenge. Le béton presque systématiquement utilisé ne répond plus aux injonctions “bas carbone” de la RE2020. Les architectes ont désormais un grand rôle à jouer aux cotés des promoteurs du neuf pour faire des propositions viables intégrant : matériaux biosourcés (bois, paille, liège), géosourcés (terre crue, briques), voire béton décarboné.
Par rapport aux attentes de la RT2012, le Bbio RE2020 est renforcé de 30 %. Cet indicateur visant à limiter les fortes chaleurs au sein des logements durant les mois d’été, est à prendre en considération dès la conception des résidences neuves. Le choix des matériaux de construction, les expositions à la lumière et les ouvertures des logements, seront des points d’attention importants.
À Nantes, la transition s’organise, et les promoteurs ont la volonté de conduire les chantiers du neuf vers la sobriété énergétique, tout en limitant le plus possible l’impact sur les prix.
Le promoteur nantais Réalités est le premier maître d’ouvrage en France à devenir une entreprise à mission en 2021.
REALITES se fixe des objectifs forts en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Un chantier nécessaire pour la planète qui mixe réduction de l’empreinte carbone du groupe et compensation de ce qui ne peut être réduit.
L’Île de Nantes, véritable lieu d’innovation, est un bon baromètre en termes de constructions durables dans la région.
La Maison de l’innovation, dessinée par l’architecte Baumschlager Eberle est un exemple de mixité de matériaux constructifs puisque le bâtiment de 500 m² est conçu en ossature bois et repose sur un socle en béton.
Autre exemple, le “Bâtiment B”, à l’initiative de Atlanbois est un nouvel immeuble de bureaux sur l’Île de Nantes, en forme de goutte d’eau. Mis à part sa forme originale, sa singularité réside dans sa conception tout bois (95 %) : structure, ossature, plafond, charpente, ventelles extérieures, aménagements intérieurs et chaufferie à granulés bois !
Les promoteurs immobiliers du neuf sont ravis de ce délai supplémentaire, mais ils ne sont pas les seuls. Toutes les filières de la construction sont heureuses de disposer de 6 mois de plus pour anticiper le carnet de commande à venir, et faire les changements structurels nécessaires au sein de leur organisation.
La filière bois qui a été plébiscitée le 24 novembre dernier, lors de la présentation des orientations de la RE2020, risque d’être très sollicitée dans les mois à venir. En France, l’utilisation du bois dans la construction neuve ne représente que 6 %, mais la tendance devrait vite s’inverser.
Actuellement, le bois est rarement prélevé en local. À Nantes, 90 % du bois utilisé pour les portes et fenêtres, provient d’Allemagne, de Scandinavie ou de Sibérie, d’où une volonté de relancer la filière. L’entreprise nantaise Néosylva veut relancer une dynamique de renouvellement des forêts. Elle signe un accord avec le promoteur Rei Habitat, en vue de 200 000 m² de constructions en bois dans les 5 années à venir, selon le quotidien Ouest France.
L’association Atlanbois qui accompagne depuis de nombreuses années les acteurs du bois et du biosourcés intervient sur l’amélioration de la réalisation des ouvrages bois (maisons et bâtiment collectifs). Chaque année elle organise le prix de la construction bois des Pays de Loire, l’occasion de se rendre compte des évolutions effectuées dans le domaine. Cette année Nicolas Visier, le délégué général d’Atlanbois se réjouit de la qualité des ouvrages présentés lors du concours :
« Pour cette 6e édition, nous avons réalisé un carton plein avec 77 dossiers présentés, majoritairement de grande qualité, très divers et avec une proportion croissante de matériaux biosourcés en complément du bois »
La grande crainte des professionnels de la construction neuve avec l’entrée en vigueur de la loi dès cet été, était une nouvelle baisse de l’offre de logements, alors que le territoire est déjà particulièrement tendu.
La demande, elle, ne cesse de croître et toutes les villes de Nantes métropole sont concernées. En 2020, le besoin d’espace s’est fait sentir, et de nombreux acquéreurs sont désormais prêts à s’éloigner du centre-ville de Nantes pour acheter une maison (de 3 à 5 pièces) avec un bout de jardin, ou un appartement neuf avec de belles prestations, une surface plus grande et un extérieur (balcon, terrasse) donnant sur la nature environnante. Les villes comme Saint Sébastien sur Loire, Rezé, ou Bouguenais sont très demandées. De même que les villes en deuxième ou en troisième couronne nantaise comme la Chapelle sur Erdre ou encore le Vertou.
Un effondrement de l’offre aurait pour conséquence immédiate une hausse des prix de l’immobilier, dans l’ancien comme dans le neuf. Une augmentation non souhaitable dans la mesure où Nantes a connu des prix qui ont doublé ces dix dernières années.
Le report de la règlementation, permet aux promoteurs immobiliers du neuf de se mettre en conformité avec le cahier des charges de la RE2020, pour éviter une augmentation du nombre de refus de permis de construire et un ralentissement des mises en chantier des logements neufs à Nantes.
Tous les acteurs de l’immobilier neuf concèdent que la RE2020 entrainera une augmentation du coût des programmes immobiliers neufs. En effet, un rapport de la commission économique du Sénat, estime que la nouvelle règlementation induira une hausse des prix des bâtiments neufs de 3 % de façon immédiate, et de 10 % à l’horizon 2030.
Les professionnels quant à eux, considèrent que le surcoût risque d’être plus important. Le pôle Habitat de la Fédération Française du Bâtiment (FFB) pense que le seul fait d’avoir recours aux pompes à chaleur, pour le remplacement du gaz, engendrera un coût supplémentaire de 7 500 €, par rapport à une chaudière murale au gaz.
Selon la FPI, le prix de vente moyen d’un logement neuf au Pays de Loire au troisième trimestre 2020 est de 4 110 €/m². Il est en hausse de + 6,3 % par rapport au troisième trimestre 2019. À Nantes métropole le prix moyen au troisième trimestre 2020 est de : 4 535 €/m².
Il est important que le prix des maisons et appartements neufs restent accessible aux acquéreurs, en sachant toutefois, que le surcoût des résidences neuves s’accompagne d’une nette évolution de la qualité des habitations et des systèmes énergétiques entraînant la baisse des factures d’énergie du bâti neuf. La création d’un observatoire de la RE2020, permettra, entre autres, d’avoir une idée plus précise de l’évolution des prix de l’immobilier neuf.
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