Un tsunami entrepreneurial frappe la France : 66 422 entreprises ont défailli en 2024, menaçant 260 000 emplois. Le pire pourrait être encore à venir en 2025.
L'année 2024 restera gravée dans les annales économiques comme l’une des plus sombres depuis 2009. Selon les données du groupe BPCE, 66 422 entreprises françaises ont fait défaut, un niveau jamais atteint en 15 ans. Ce chiffre, qui représente une augmentation de 28 % par rapport à 2019, témoigne d'une crise économique qui s'est amplifiée après les turbulences liées au Covid, à l'inflation et au renchérissement du crédit.
Des PME et ETI en première ligne
Le tissu entrepreneurial français est durement touché, en particulier les PME et ETI. Les défaillances dans ces catégories ont bondi de 51 % par rapport à 2019, touchant 5 265 entreprises. Parmi elles, les sociétés de plus de 100 salariés ont vu leurs défaillances exploser de 57 %, un signal d'alerte qui inquiète les experts économiques.
Le directeur des études économiques du groupe BPCE, Alain Tourdjman, a qualifié cette situation de « grave » en raison de la concentration des défaillances sur des structures habituellement plus résilientes. Ces entreprises représentent un pilier de l’économie française, mais les taux d'intérêt élevés et la faiblesse de la demande domestique ont lourdement pesé sur leur activité.
260 000 emplois menacés, mais pas forcément perdus
L’impact social est considérable : 260 000 emplois se sont retrouvés sous la menace d'une procédure collective en 2024. Toutefois, comme le montre la reprise récente de l'enseigne Naf Naf par le groupe turc Migiboy Tekstil, certaines entreprises parviennent à se relancer. En 2024, cette acquisition a permis de sauvegarder 521 emplois, prouvant que toutes les faillites ne mènent pas à la disparition totale des sociétés.
Un "quoi qu'il en coûte" insuffisant pour les PME
Entre 2020 et 2022, la politique du « quoi qu’il en coûte » avait permis de maintenir les entreprises à flot. Cependant, avec la fin des aides d’État, les prêts garantis par l'État (PGE) sont devenus un poids difficilement supportable pour de nombreuses entreprises. En outre, l'Urssaf, qui avait temporairement assoupli ses procédures, a repris un rythme normal d'assignations, compliquant davantage la situation des entrepreneurs.
Des secteurs particulièrement sinistrés
Les secteurs de la construction et de l’immobilier figurent parmi les plus touchés, en raison de l'augmentation des coûts du crédit. Le transport-entreposage et les services aux entreprises ont également contribué à l’hécatombe, reflétant les défis structurels auxquels ces industries font face.
En revanche, les entreprises créées il y a moins de trois ans ont été relativement épargnées, représentant seulement 18 % des défaillances. Les entrepreneurs individuels, souvent considérés comme vulnérables, semblent également avoir mieux résisté.
2025 : une année encore plus sombre à l’horizon
Les prévisions pour 2025 ne laissent guère d’espoir. Selon BPCE, le nombre de défaillances pourrait atteindre 68 000, soit une augmentation de 2 % par rapport à 2024. L'impact de cette nouvelle vague se propagerait des PME et ETI vers leurs petits sous-traitants, exacerbant ainsi la fragilité de tout l’écosystème entrepreneurial. Une amélioration de la situation n'est envisagée qu’en fin d’année 2025 ou au début de 2026.
Par ailleurs, les incertitudes politiques et économiques continuent de peser sur les décisions des chefs d’entreprise. En 2024, les investissements ont connu un net recul, et les marges des entreprises restent plus contraintes que la moyenne. Selon Julien Laugier, économiste chez BPCE, même les entreprises d’une taille critique ne sont plus épargnées, mettant en lumière une fragilité généralisée du tissu économique français.
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