(ABC Bourse) - La suspension de la réforme des retraites passe par… votre portefeuille. Le gouvernement a annoncé que le report du relèvement à 64 ans du départ à la retraite et de l’allongement des cotisations entraînerait un surcoût pour les finances publiques. Et pour compenser, tout le monde est mis à contribution : retraités, assurés, patients, entreprises.
Dès 2026, l’impact est concret. Le budget de la Sécurité sociale (PLFSS 2026) vise à ramener à 17,5 milliards d’euros le déficit, contre 23 milliards attendus cette année. Dans ce contexte, le gel de la réforme apparaît moins comme un cadeau que comme une machine à économies.
Qu’est‑ce que la suspension de la réforme des retraites annonce ?
Le 14 octobre 2025, le Premier ministre Sébastien Lecornu a déclaré : « Aucun relèvement de l’âge n’interviendra à partir de maintenant jusqu’à janvier 2028 ». La durée d’assurance, elle aussi, serait gelée à 170 trimestres jusqu’à cette date.
Initialement, la réforme de 2023 prévoyait un âge de départ progressif à 64 ans d’ici 2030 et un allongement à 172 trimestres. Avec ce gel, la génération née en 1964 pourra partir à 62 ans et 9 mois, comme celle de 1963, au lieu d’un âge supérieur.
Ce report de la réforme vise à éviter une crise politique immédiate et à gagner du temps avant la présidentielle.
Comment le gouvernement prévoit‑il de financer cette suspension ?
Le coût estimé est variable selon les sources. Le gouvernement évoque un montant de 400 millions d’euros en 2026 et 1,8 milliard d’euros en 2027. D’autres évaluations parlent d’un coût initial de 100 millions dès 2026 et 1,4 milliard en 2027.
Pour équilibrer le budget de la Sécu, plusieurs mesures sont prévues :
- Le gel de la revalorisation des pensions et prestations sociales.
- Le remplacement de l’abattement de 10 % sur les pensions de retraite par un abattement forfaitaire de 2 000 euros, un dispositif qui mettra plus à contribution les autres retraités .
- Une croissance de l’Assurance maladie limitée à 1,6 % en 2026, contre ~4 % en moyenne naturelle, avec une hausse des franchises médicales, une moindre prise en charge des soins dentaires, et une limitation de la durée du premier arrêt maladie.
- Une participation renforcée des complémentaires santé et des entreprises (tickets‑restaurant, œuvres sociales des CSE).
- Une hausse des recettes de la Sécu de +2,5 % (soit +16,3 milliards d’euros) via la masse salariale, la rationalisation des niches fiscales, la fiscalisation des indemnités journalières pour les affections longues.
Qui gagne, qui perd dans ce jeu budgétaire ?
La suspension profite à certains futurs retraités : par exemple, ceux nés en 1964 évitent trois mois de travail supplémentaires comparé à la trajectoire initiale. Mais elle laisse sur le carreau les générations « charnières » qui ont déjà connu des relèvements.
Lire aussi : Réforme suspendue, trimestres gelés : à quel âge pourrez-vous partir à la retraite ?
Pour les retraités actuels, c’est une moins‑bonne nouvelle : le gel des pensions pèsera sur leur pouvoir d’achat. Pour les assurés et les patients, l’augmentation des franchises et la limitation des arrêts maladie marquent des efforts renforcés.
Le gouvernement assume un pari politique : la suspension de la réforme permet de désamorcer le conflit, mais au prix de mesures de financement lourdes. Durant ce temps, le système reste fragile et l’équilibre demeure incertain.
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