Comment jouer à la baisse sur les indices boursiers
Par Loïc Abadie
Cet article a pour but de donner quelques compléments d'information sur la
gestion de positions baissières.
1) Quelques rappels utiles pour commencer :
- Une position baissière (position « short ») permet de réaliser des plus-values
lorsque les marchés baissent, et se trouve au contraire perdante quand les
marchés montent.
- Toute position baissière est risquée, avec possibilité de perte totale ou
partielle de l'investissement.
- Tout produit baissier comporte un risque de défaillance de l'émetteur qui le
propose, et/ou de la contrepartie (Matif et Monep)... Il n'y a pas de miracle,
on ne peut pas réaliser des plus-values importantes sans risque !
2) les supports pour prendre des positions baissières.
Si vous avez peu d'expérience sur les marchés et souhaitez malgré tout tenter
des positions baissières, soyez raisonnables : Limitez-vous pour commencer à des
produits simples à effet de levier faible, en petites quantités, comme le
tracker B40, puis des trackers à levier 2 type BX4 ou BXX quand vous serez un
peu plus expérimenté...il serait en tout cas "suicidaire" de vouloir démarrer
par des ventes de contrats CAC sur le Matif à levier 15 ou des CFD à levier 20 !
3) Les indicateurs de sentiment de marché : un outil essentiel pour gérer une position baissière
Un grand marché baissier (comme celui de 2001-2002, ou celui de 1929-1932 aux USA) n'est pas linéaire : Il évolue en zigzag vers le bas, avec une successions de vagues de baisses (qui durent le plus souvent 1 à 4 mois) entrecoupées de rebonds techniques (le plus souvent quelques semaines à 2 mois, parfois plus) pendant lesquels le marché regagne une partie de ce qu'il avait perdu (la hausse atteint ou dépasse souvent 10%) avant l'arrivée de la vague de baisse suivante.
Pendant chaque vague de baisse, les investisseurs deviennent de plus en plus pessimistes et leur niveau de peur augmente. La séquence se termine souvent par une ou plusieurs séances de « capitulation » pendant lesquelles la panique est maximale...le rebond est alors imminent.
Au contraire, pendant les rebonds techniques, les investisseurs reprennent confiance en eux, et quand la fin du rebond approche, le sentiment redevient assez optimiste (discours type « le pire est derrière nous »)...et la vague de baisse suivante est alors prête à démarrer .
La stratégie que j'aborde ici consiste alors à agir à l'inverse du sentiment de foule dominant : lancer sa position baissière (vendre le marché) quand les investisseurs ont repris confiance en eux, et solder la position quand leur niveau de peur et de pessimisme est maximal.
Pour cela on utilise des indicateurs de sentiments de marché.
Cette méthode est basée sur les indicateurs de volatilité (VIX / VXN) qui sont en général associés dans un contexte de marché baissier au niveau de peur des opérateurs et la détection de séances de capitulation.
En résumé : on lance une position baissière à chaque point bas sur le VIX (lorsqu'il se trouve sous sa moyenne mobile long terme à 150 ou 200 jours), et on solde la position à chaque pic important du VIX associé à des volumes anormaux sur les indices boursiers.
Pour permettre aux lecteurs d'affiner leurs décisions (et surtout de les rendre encore plus autonomes) je présenterai ici deux autres indicateurs de sentiments de marché, avec les liens associés :
a) le put/call ratio :
Il fonctionne un peu comme le VIX, les points bas sur le put/call ratio signalent un optimisme élevé des investisseurs (bon moment pour lancer une position baissière) et les pics signalent un pessimisme fort (bon moment pour solder la position).
Le site indexindicators propose un suivi régulier de cet indicateur, comparé au CAC ou à l'indice de votre choix.
On voit très bien sur ce graphique l'évolution inversée du CAC et du put/call ratio. (ovales bleus = points hauts du marché ; ovales rouges = points bas du marché
Dans un marché baissier, comme pour le VIX, les moyennes à 6 mois et 1 an sur
le put/call ratio ont tendance à augmenter : Pour prendre une position
baissière, on attendra donc que le put/call ratio soit en dessous de sa moyenne
à 6 mois ou 1 an (ligne "mean" du graphique)...les plus prudents attendront les
seuils de -1SD sur le graphique à 6 mois, au risque de rater certaines vagues de
baisse.
b) Le nova/ursa ratio
C'est un rapport de flux d'investissements entre un grand fond acheteur et son «
jumeau » vendeur. Pour lancer une position baissière, il faut que le nova/ursa
ratio soit au dessus de 0, et si possible au dessus de 2. Les pics de pessimisme
(moment où il faut solder la position vendeuse) se produisent en général à des
ratios en dessous de -7.
Sur le graphique ci-dessous, on voit bien (ronds bleus) les signaux pour lancer
les positions baissières (octobre 07, début dec.07, fin janvier 08, mai 08 et
fin juillet 08, et les signaux pour solder ces positions (ronds rouges) qui
correspondaient aux points bas du marché.
En combinant ces trois outils, je pense que l'on dispose de bonnes bases pour
choisir ses points d'entrée et sortie de positions baissières.
Un avertissement essentiel pour finir : les idées développées ici sont valables
dans un contexte de marché baissier et uniquement dans ce cas. En fin de crise
et quand le marché se retournera durablement à la hausse, il faudra évidemment
changer de stratégie...ça n'est à mon avis pas encore le cas, loin de là !