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Faillites : le système bancaire US dans la tourmente


Par Charles Dereeper

Les estimations des emprunts liés à l’immobilier résidentiel US oscillent entre 11 et 12.000 milliards de dollars. Environ 20% de ces emprunts comportent des couches "subprimes" et autres babioles alternatives qui sont en clair des prêts non couverts par rapport aux revenus de l’emprunteur.

Sur ces 20% d’emprunts à risques, le taux de défaut de paiement est de 20 à 25%. Soyons optimistes et retenons le chiffre de 20%.

La facture immédiate est donc d’environ 400 milliards de dollars, à comparer aux 1.500 à 2.000 milliards de fonds propres des banques US.

En outre, sur le solde des 12.000 milliards de dollars d’encours, soit environ 10.000 milliards de dollars, le défaut de paiement traditionnel, actuellement au plus haut est d’environ 4,7% avec une "target" pour 2008 de 5,25 à 5,5% selon les différents économistes.

La nouvelle addition est ici de 500 milliards de dollars.

Ainsi, rien que pour l’immobilier, il y en a pour environ 900 milliards de pertes potentielles en 2008. Bien sûr, dans les faits, c'est plus compliqué. Les banques sont obligés de saisir des biens et les vendre quand elles le peuvent. Elles finissent donc par récupérer une partie en cash. Entre la logique comptable et la logique bancaire, il y a surtout un décalage. C'est lui qui fait toute la tuerie...

Il faut comparer ces chiffres aux 1.500 à 2.000 milliards de dollars de capitalisation.

Maintenant, il faut rajouter les autres formes de crédit US, à savoir les prêts de consommation, les entreprises, les prêts étudiants…. Je ne vais pas rentrer dans la démonstration. La dette américaine dépasse les 340% par rapport à la valeur du PIB. On parle de 48.000 milliards au total. Il faut enlever la dette de l’Etat américain de ce chiffre. Mais vous conviendrez tout de même que la somme est coquette...

Effectivement, des économistes avancent le chiffre de 50% de ce montant supporté par les banques américaines. On n’en sait fichtre rien dans le détail.

Il y a une évidence et c'est le coeur du problème. Il existe actuellement des ratios prudentiels pour les banques. Je ne vois pas comment les banques américaines peuvent à la fois porter des dizaines de milliers de milliards de dollars d’encours bancaires et perdre de l’autre côté au minimum la moitié de leurs fonds propres EN POTENTIEL. Si Bears Stern est capable de s’écrouler après 83 ans de bénéfices ininterrompus, si Northern Rock en Angleterre et les autres font de même, c’est bien qu’il y a un souci majeur. Citibank a levé plus de 10 milliards d’euros pour se recapitaliser et il paraît que cela ne suffit pas ! En outre, en rajoutant le paramètre non quantifiable de la confiance (quand tout le monde retire son argent par peur, le ratio prudentiel joue encore plus fort contre la banque), le danger est réel.

En toute logique, la FED (la Banque Centrale Américaine) a commencé à nationaliser une partie de la dette, 200 milliards au total (difficile néanmoins d'avoir une estimation précise puisqu'il s'agit d'accepter en dépôt des titres pourris comme des actifs normaux). Enfin, là bas, ils ne parlent pas de nationalisation, libéralisme oblige, mais c’est tout comme puisque la FED assume le portage (un CDR bis….).

Je ne suis pas devin. Il est impossible de savoir qui aura le dessus. Mais les chiffres sont là : la banque américaine dans son état actuel, ne peut pas à mon sens survivre, à moins d’une avalanche de bonnes nouvelles. Surtout, chaque baisse de l'immobilier creuse le trou de leurs pertes réelles.

Soit les contribuables US endossent la perte comme on a fait en France avec le Crédit Lyonnais, soit les financiers coulent… Généralement, c'est le bas peuple qui casque les errements des p'tits gars d'en haut...

Ce n’est à priori pas une énième baisse des taux de la FED (le Japon a expérimenté, cela ne marche pas…), ni une remontée du Dow Jones (qui soit dit en passant bouge chaque seconde, alors que le marché du crédit et l'économie ont une approche mensuelle avec les traites et les stats, bonjour l’argument employé par certains dans leurs commentaires) qui changera la donne extrêmement dangereuse de la finance américaine. Ce problème va nous empoisonner la vie pendant un an ou deux et il serait préférable que la baisse de l'immobilier soit limitée... sinon banzaï ! En outre, la distribution de crédit va forcément être perturbée. Attention donc aux conséquences sur l'économie générale...

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