La bonne blague des agences de notations
Par Charles Dereeper
Trop, c'est trop ! La dépêche AFP est tombée le 16 août 2007 : "Subprime: Bruxelles va examiner le fonctionnement des agences de notation : La Commission européenne va se pencher sur le fonctionnement des agences de notation financière, critiquées par certains experts pour avoir tardé à tirer la sonnette d'alarme sur les prêts hypothécaires à risque aux Etats-Unis ("subprime"), a indiqué une porte-parole."
Souvenez vous. Ce n'était pourtant pas il y a si longtemps, en plein marché baissier après l'éclatement des technos que personne n'avait vu arriver en 2001/2002. Les agences de notation en ont pris "plein la poire", accusées d'être des vrais vilains petits canards...
Et avant, il y a le krach obligataire de 1994 où tous les gérants se sont fait coller méchamment au moment de la réinversion des courbes de taux. Et avant... et après, la liste des exemples est si longue, le meilleur étant probablement la note A+ accordée à la banque Pallas Stern, la veille de sa faillite... quelle lucidité et quelle expertise quand au risque...
Mais quand est-ce qu'on va enfin dire la vérité, que l'analyse économique NE PERMET PAS D'ANTICIPER correctement les marchés financiers internationaux. Les notations sont souvent approximatives. Imaginez une multinationale composée de plus 3.000 sociétés, implantée dans plusieurs dizaines de pays.
Les contrôleurs des impôts, grands chasseurs de primes devant l'éternel, sont bien incapables de déceler les "comptabilités créatives" (on parle d'optimisation, chacun comprendra !) dans ces dédales juridiques, fiscaux et financiers. Alors de simples analystes financiers chargés d'émettre une opinion, au mieux, c'est une blague et elle est salement prétentieuse.
Et à chaque crise, la futilité de ces agences de notation se retrouvent au coeur d'un faux problème. Les marchés financiers sont instables par nature. Quand on connaît par ailleurs la gestion financière des Etats-Unis, du dollar, de la création monétaire (devenue secrète, l'indicateur M3 étant désormais non public depuis février 2006 !) et de la dette, je ne vois pas comment le système monétaire international pourrait être stable et non risqué.
Voir derrière des politiciens européens s'énerver contre des agences de notation qui ne diagnostiquent rien, a quelque chose de sordide ! Cela revient à porter à des niveaux records le taux d'hypocrisie de la profession POLITIQUE ! D'autant que si les achats de pétrole se faisaient en euros au lieu du dollar, il est fort probable que l'Europe serait incapable de résister à faire tourner la planche à billet comme les américains et ce, malgré l'orthodoxie légendaire des allemands. Non franchement, le spectacle ne manque pas de piquant en ce moment !